Ailleurs, les marchés de l’acier ne font pas d’étincelles. Que ce soit en Europe où les fabricants de produits plats ont pour principale ambition de maintenir leurs prix de ventes actuelles malgré les pressions à la baisse engendrées par l’approche de la fin de l’année et le tassement d’activité dans certains secteurs comme l’automobile. Les immatriculations de véhicules particuliers ont chuté de 15 % en octobre 2010 par rapport à la même période de 2009. Sur les marchés de produits longs en Europe, les prix ont connu de sérieux replis en octobre dans le sillage du tassement du prix des ferrailles : ils semblent s’être stabilisés depuis le début novembre. L’évolution du prix des ferrailles début novembre n’est évidemment pas étrangère à cette stabilisation. Les prix des produits longs ont mieux résisté aux Etats-Unis en octobre malgré le repli de celui des ferrailles. On est du côté des produits plats dans un schéma de résistance à la baisse des prix un peu identique à celui qui se pratique en Europe. Pas d’illusions sur les évolutions possibles d’ici la fin de l’année : au mieux, ça tient, au pire, ça lâche et il faudra attendre le restockage qui ne manquera pas de subvenir au début de l’an prochain pour que les prix bougent.
Aussi, une fois encore, et ce ne sera sans doute pas la dernière, faudra-t-il louer les sidérurgistes turcs d’être revenus mettre un peu d’animation sur un marché qui sans eux se serait sans doute engluer dans une dépression certaine. On a bien vu ce qu’il advenait en leur absence au mois de septembre et au cours des premières semaines d’octobre. Les acheteurs turcs sont progressivement revenus aux achats au cours de la dernière semaine d’octobre, accroissement progressivement la pression sur le marché dans l’espoir sans doute de ne pas y faire trop de vagues. Mais pas de vagues, c’est facile à dire mais moins facile à faire quand on met les pieds sur des marchés aussi attentistes que les marchés américain et européen en cette fin octobre. Dès que les prix se sont affermis sur ces deux marchés principaux, les Turcs ont tentés de se tourner vers les marchés du Nord de la Mer Noire pour calmer un peu le jeu, mais si la Roumanie qui désormais membre du club des 5 premiers fournisseurs de la Turquie, la Russie et l’Ukraine n’ont pas vraiment répondu à leur sollicitation. Dans ces contrées, on commence dès octobre novembre à faire des provisions de ferrailles pour parer aux rigueurs de l’hiver. La hausse des prix s’est progressivement étendue depuis les Pays-Bas au reste de l’Europe et ce d’autant plus facilement que dans le même temps quelques acheteurs du bassin du Sud-est Asiatique sont venus solliciter leurs fournisseurs européens préférés et qui résident en Grande-Bretagne.
Le sud de l’Europe n’a pas échappé à ce mouvement généralisé de hausse, à commencer par l’Italie. Là encore, on observait que la demande de la sidérurgie locale en termes de volumes n’était pas folichonne mais qu’en même temps, les ressources sur chantier n’étaient pas débordantes. D’autant que l’Italie tout comme l’Espagne qui ont été pendant fort longtemps structurellement importateurs, sait désormais saisir les opportunités qu’offre de temps à autre le marché turc.
Comme sur le marché international des ferrailles, un bonheur n’arrive jamais seul, on apprenait au cours de la même période que le prix des ferrailles en Chine amorçait une lente remontée dans le sillage de l’affermissement du prix de l’acier. Une hausse sans doute insuffisante pour déclencher dans un premier temps une vague d’achats sur le marché international mais peut-être indicative que ce mouvement de hausse de novembre n’est peut-être pas un soufflé appelé à retomber aussi vite qu’il est apparu. Toujours que les Chinois n’ont pas joué de rôle essentiel sur le marché international cette année. Au cours des 9 premiers mois de l’année, ils ont importé un peu moins de 5 millions de tonnes de ferrailles soit près de 60 % de moins que l’an dernier au cours de la même période. Des rumeurs circulent néanmoins selon lesquelles les pouvoirs publics chinois auraient l’intention de stimuler la consommation de ferrailles afin de faire baisser celle de minerai de fer qui coûte cher au pays et ne va pas dans le sens de réduction de la pollution qui est devenu un fil conducteur de la politique industrielle chinoise depuis quelques années.
A propos de statistiques, pourquoi ne pas conclure sur les importations de la Turquie qui auront été, et seront peut-être encore au cours du dernier mois de l’année un des principaux éléments structurants du marché des ferrailles en 2010. On sait désormais qu’au cours des neufs premiers mois de l’année, les importations cumulées de ferrailles par la Turquie ont passé le cap des 13 500 000 tonnes et progressé de près de 16 % par rapport à celles de la même période en 2009. Avec la vague d’importations entamée à la fin du mois d’octobre, il est vraisemblable que les importations turques en 2010 pourraient flirter avec les 18 millions de tonnes. Et ainsi dépasser le niveau record qu’elles avaient atteint en 2008.