Ferrailles : les voisins d’Acyclea ont fini de broyer du noir

Le 11/02/2011 à 11:13  
Ferrailles : les voisins d’Acyclea ont fini de broyer du noir
Rémi Delatte Recycler a bonne presse ; produire ferrailles et métaux recyclés à grand renfort de boucan, engendre inévitablement une levée de boucliers, côtés riverains. A défaut de la construction d’un mur anti-bruit et/ou d’un caisson autour d’un broyeur de VHU et autres ferrailles, c’est la construction de barricades assurée, avec élus en tête… Quelle casse tête … C’en est aujourd’hui terminé des bisbilles à cause des activités d'Acycléa : chef d’entreprise et élus locaux se sont entendus. Pour preuve, le caisson a été construit et inauguré. L’événement a eu lieu le 4 février dernier, deux jours avant la sortie du tout nouveau décret VHU…

 L'installation du broyeur sur le chantier Acycléa ne s'est pas faite en douceur. Les riverains, soutenus par leurs élus ont eu vite fait de ruer dans les brancards... La direction de l'entreprise a donc dû mettre le turbo pour investir et mettre fin aux nuisances...

 Les caves se rebiffent...
 Deux ans de mobilisations diverses contre l’entreprise Acyclea, installée depuis septembre 2008 en ZAE Cap-Nord, sur la commune de Saint Apollinaire, du côté de Dijon, pour causes de nuisance sonores. Sa mission ? Dépolluer et broyer des VHU. Si en mai 2009, le broyeur a bien été mis en service, aucune installation d’insonorisation n’avait été mise en oeuvre… D’où la grogne locale…

En septembre de la même année, une réunion s’était tenue, mettant face à face la direction de l’entreprise, les riverains et le député-maire, Rémi Delatte. Si le responsable du chantier de ferrailles s’était engagé à construire la paroi anti-bruit de sorte à absorber les nuisances sonores, il n’en a pas eu le temps.

Début 2010, l’entreprise était rachetée par Praxy Développement (structure mise sur pied afin de pouvoir répondre à des projets de développement interne ou externe, soit par l’acquisition d’outils de traitement, soit par l’extension de la couverture géographique du Réseau, l’ensemble devant consolider le positionnement du réseau Praxy comme une alternative auprès des clients et donneurs d’ordre nationaux).
Dans un souci de ne pas envenimer une situation délicate, la nouvelle direction a très vite choisi de modifier les horaires de travail, puis d’arrêter le broyeur au cours de l’été dernier, afin de réaliser les travaux nécessaires, qui se sont déroulés d’août à décembre 2010.
L’heure n’est donc plus aux bisbilles mais au verre de l’amitié. Vendredi 4 février dernier, Patrick Girardey, président de la société Acycléa depuis avril dernier inaugurait en effet, la nouvelle installation garantissant un broyage des VHU et autres ferrailles en mode discret… C’en est donc fini, pour les riverains, de broyer du noir… 
 

broyeur avant la construction du caisson
 

 De l’utile à l’agréable…

 Le député maire Rémi Delatte n’a pas manqué de souligner « l'attitude responsable et citoyenne de l'entreprise qui n'a pas hésité à investir plus d'un million d'euros dans une démarche visant à préserver l'environnement grâce au système d'aspiration des poussières et au dispositif antibruit ».

Il est clair qu’au vu des évolutions réglementaires, avec à la clé l’obligation de valoriser et recycler 95% de chaque véhicule mis sur le marché dès 2015, la déconstruction automobile a de beaux jours devant elle. Dans ce contexte, il est important qu’elle soit repensée, notamment en termes de nuisances. Comme à chaque révolution industrielle, et celle du recyclage en est une, ne subsisteront que les centres qui sauront concilier rentabilité économique et respect de l’environnement, qu’il s’agisse des cours d’eau voisins, des sols ou des riverains…

C’est ainsinauguration ACYCLEAi que dans un centre digne de ce nom, chaque VHU entrant est d’abord dépollué : on prélève du véhicule les liquides de refroidissement, de freins et de lave-glaces, les filtres à huiles, les huiles et autre batterie… Il est tout aussi fondamentalement important que le travail se fasse en silence, ou presque…

Or, chez Acycléa, les 17 salariés que compte l’entreprise réceptionnent et traitent entre 30 et 40 000 tonnes de déchets métalliques par an, en provenance d’une dizaine de départements alentour… Acycléa a choisi la bonne voie : il s’agit là d’un investissement qui joint l’utile (pour l’entreprise), à l’agréable (pour les riverains)…

Dans ce contexte, Patrick Girardey, ne pouvait qu’être ravi d’accueillir le Député-Maire de Saint Apollinaire Rémi Delatte, Jean-Patrick Masson, maire adjoint chargé de l’écologie urbaine sur Dijon qui représentait François Rebsamen, mais aussi ses partenaires, clients et prestataires. « Votre présence à notre porte-ouverte témoigne de l’attachement mutuel que nous portons à construire une relation de qualité, basée sur la confiance, l’esprit d’entreprise et la conscience de notre responsabilité sociétale »…
 

broyeur après la construction du caisson

 Un pour tous, tous pour un…
 Le Réseau Praxy est né, il y a 12 ans, de la volonté de quelques chefs d’entreprises indépendantes du secteur de la récupération et du recyclage à faire face, ensemble, aux évolutions prévisibles de la profession, évolutions susceptibles de remettre en cause le développement de leurs activités et donc de leur pérennité.

 Ces entreprises qui sont des PME à forte implantation locale avaient à cette époque en commun une même vision des enjeux qui allaient structurer, voire bouleverser les métiers du recyclage :
La place croissante des prestations de service dans le périmètre des activités de recyclage et de traitement des déchets des industriels et collectivités
Les exigences légitimes en terme de qualité et d’environnement de la part des donneurs d’ordre mais aussi des interlocuteurVHUs institutionnels

L’émergence des éco-organismes pour répondre à la prise en compte croissante des préoccupations liées aux tonnages de nouveaux types de déchets (DEEE, emballages, pneus, etc.)
La part croissante des appels d’offre nationaux émanant des clients traditionnels ainsi que la globalisation des filières consommatrices de matières premières recyclées.

Pour répondre à ces enjeux, un regroupement a été opéré au sein du Réseau appelé Praxy qui a permis à ces PME de se doter de structures et des moyens nécessaires pour préserver et surtout développer leurs entreprises (et leurs activités), tout en améliorant leurs capacités à répondre aux besoins des clients, tout en conservant la flexibilité et la réactivité qui caractérisent des PME attachées à leur ancrage local.

Pour se faire une idée plus précise du poids de ce réseau, en 2010, l’ensemble des membres du réseau ont collecté et recyclé (sur 90 plateformes certifiés ISO 9001 et/ou 14001) quelque 3 millions de tonnes de déchets : ferreux, non ferreux, papiers, cartons, déchets dangereux, Véhicules Hors d’usage et D3E…
Les 1 300 collaborateurs de ces entreprises ont ainsi généré 500 millions d’euros de CA.

ferraillesC’est dans ce cadre que les membres ont créé Praxy Développement, structure qui a racheté Acyclea.

« Pour nous, la reprise de la société Acyclea présente de réels intérêts stratégiques. Il s’agit, tout d’abord, de disposer d’un nouvel outil de traitement qui nous permet d’aller plus loin dans la chaîne aval de la valorisation. Désormais, les ferrailles collectées localement par les entreprises du réseau sont traitées ici et n’alimentent plus les broyeurs concurrents.
Ensuite et surtout, nous nous inscrivons pleinement dans l’application des nouvelles exigences réglementaires, notamment en ce qui concerne la gestion des Véhicules Hors d’Usage
(encore heureux qu'on respecte la réglementation ! A défaut, point n'est besoin d'adhérer à un réseau pro! NDLR) »…
Chaque année en France, plus d’un million cinq cent mille VHU sont produits. Juridiquement déchets devant être recyclés (cf. la directive européenne VHU), il s’agit de les dépolluer puis les traiter dans les règles de l’art, ce qui nécessite des investissements…
« Acycléa dispose d’une qualité d’équipements (atelier de dépollution, hangar de démantèlement, magasin de stockage et de vente de pièces d’occasion), pratique les procédures avec rigueur (traçabilité, gestion informatisée) et emploie du personnel local et qualifié », poursuit le responsable du site…

Parce que l’entreprise récemment achetée compte bien évidemment perdurer en harmonie avec la population locale et ses élus, il a donc été décidé rapido de mettre les sous qu’il faut (un million d’euros) afin de procéder aux travaux d’amélioration et de modernisation du broyeur automobile « qui ont consisté à mettre en place un mur antibruit réalisé avec des panneaux métalliques sur la totalité de la périphérie de l’installation pour en réduire l’impact sonore, une cabine de pilotage spécifique, une grue dédiée au chargement du convoyeur d’alimentation, à aménager des passerelles et divers accès pour prévenir tout risque d’accident, et à procéder à divers travaux d’amélioration, notamment au niveau du caisson de broyage et de la cabine de tri des métaux », explique Patrick Girardey.
Cela étant, ce n’est pas fini !  « De nouveaux investissements sont planifiés pour parfaire l’efficacité des ouvrages antibruit », annonce déjà le président d'Acycléa. Affaire à suivre ...