Ferrailles : ça (re)dérape en déchèterie
Ce n’est pas nouveau. Le fléau empoisonne la vie de bien des syndicats de traitement des ordures ménagères : on pille (parfois en saccageant), ce qui engendre un manque à gagner parfois significatif… Le tout au détriment de la collectivité et donc du contribuable. La région parisienne n’échappe évidemment pas à la razzia…
C’est écrit en gros et, à moins d’être miraud, ou saligaud on ne peut manquer la pancarte « Récupération interdite » figurant à l’entrée de chacune des déchèteries du Smitom du Nord-Seine-et-Marne.
Il n’empêche que des ferrailloux continuent de venir faire les canailloux… Et ça, c’est pas bien du tout…
Disques de frein, gazinières, réfrigérateurs… toutes ces pièces, riches de ferrailles et métaux attirent de nouveau la convoitise, au grand dam du syndicat qui voit par la même occasion, une partie de ses recettes s’évaporer. Vous me direz, la majorité des syndicats de traitement des ordures ménagères du département y a droit. Mais tout de même!
Le Smitom Nord (185 communes pour 369 000 habitants environ) aurait perdu 80 000 € en 2008 avec ces façons de faire douteuses. En effet, le syndicat, qui revend ces ferrailles aux professionnels du secteur, n’a pu « sauver » que 589 tonnes, soit une perte de 33% par rapport à 2007 (ce qui est déjà perturbant), et 5 fois moins qu’en 2003, année de référence.
2007 : souvenez-vous… Une année en or pour les métaux ! Sauf que dans les coulisses de l’exploit, on en a vu des vertes et des pas mûres, partout en France : des dégâts de partout pour se frayer un chemin et faire main basse sur la camelote. Le syndicat du Nord-Seine-et-Marne annonçant, d'ailleurs, une perte de 163 000 € qu’il a dû supporter. « Autant de recettes qui ne bénéficient pas aux contribuables », commente Jean-François Parigi, président du Smitom Nord.
Sur place, la cohabitation s’avère souvent délicate et peut tourner vinaigre avec les gardiens. « Au début, nous nous sommes opposés à la présence de ces gens (du voyage, vous l'aurez deviné). « Les gardiens les ont expulsé des déchèteries », explique Robert Agostini, directeur du Smitom Nord. « Mais les agents ont reçu des menaces physiques, certains ont même été agressés. Des sites ont été vandalisés (Mitry-Mory ou Ocquerre), des locaux ont été incendiés (Coulommiers). Nous avons systématiquement déposé des plaintes, mais elles restent classées sans suite ».
Ce que c’est, tout de même, que les gens du voyage devenus sédentaires : ils s’ennuient sans doute et ont besoin d’occupation… Allez savoir !
Et on capitule, comme c’est trop souvent le cas dans notre pays. Peut être pour ne pas traumatiser les petits…
Robert Agostini parle donc d’un « pacte de non-agression avec ces ferrailleurs ». « On les laisse rentrer pour charger ce qui les intéresse lorsqu’il n’y a personne, ajoute le directeur. Nous tentons de minimiser la gêne pour les usagers, même si cela nous heurte autant qu’eux».
Et comme ils n’ont pas le sentiment d’être hors de clous, pourquoi voulez-vous que ça s’arrête ?
« On ne fait que débarrasser, affiche l’un de ces ferrailleurs. Sans cette activité, on ne pourrait pas vivre. Si on nous l’interdit, il ne nous restera plus rien », explique un autre bonhomme du même acabit, qui assure « ramasser l’équivalent d’une tonne de ferraille par semaine ». « Pas vraiment de quoi amasser des fortunes »…
Le statu quo est sans doute la moins mauvaise des solutions si l’on tient compte de la sécurité des personnels affectés à la déchèterie. Jean-François Parigi avoue d’ailleurs « n’avoir encore trouvé aucune solution au problème ». Et pour cause : quand les plaintes sont systématiquement classées sans suite…
Pour autant, faut–il se laisser embarquer le doigt, puis le bras ? Et demain ? On prendra quoi, en toute impunité ?
On prendra quoi, pour entretenir les grosses berlines qui ont la lourde tâche de tracter de grosses caravanes ?
On se le demande!!!!