On n'est pas à OK Corral, mais quand même sur fond de réglement de compte, familial... L'ex dirigeant auvergnat, d'une belle entreprise rachetée après bien des rebondissements, par le réseau Praxy, vient d'être condamné pour abus de biens sociaux, dans le cadre d'une audience présidée par Bruno Méral, par le tribunal correctionnel compétent. Les Bourbié auraient un peu cafouillé entre femmes de ménages ou jardiniers (perso) avec la notion de salarié de la société, entre autres griefs... Prison avec sursis et amendes à l'encontre de Claude (78 ans), son épouse, Lucile (76 ans) et sa fille Béatrice (46 ans) Bourbié, lesquels comptent faire appel... quand bien même Claude admet que les méthodes d'avant (on comprendra le sous-entendu) n'ont plus cours aujourd'hui... C'est vrai que les métiers ont évolué (on ne s'en plaindra pas). Cela étant, les vieux de la vieille apprécieront, et se protégeront des coups de bâtons, au cas où, il y ait un jour quelques revers ...
Descente aux enfers pour cet homme du fer et de la ferraille? Peut être pas. Encore que... Etre trainé en justice sur plainte déposée par un neveu ne doit pas être facile à digérer. Il faut dire qu'il y a tellement d'argent en jeu dans ces histoires...
Triste fin pour une belle histoire…
La ferraille, à Issoire, est intrinsèquement liée à une entreprise familiale de récupération, de taille modeste, créée en 1954 par la famille Bourbié
Près de 20 ans plus tard, nous sommes en 1971, on constitue la SA Bourbié ; le père de Claude Bourbié en est le premier PDG ; il décèdera cette même année et son fils, Claude prend la suite.
Au fil du temps et jusqu’en 2008, expansion : la société spécialisée dans la récup et le recyclage des ferrailles et métaux, remporte de beaux contrats comme le marché de Citroën à Paris. Elle rachète aussi, deux entreprises, l’une basée à Angoulême et l’autre à Montluçon. Côté p’tits sous, il n’y a pas de souci : 100 M€ de chiffre d'affaires ; elle occupe au total 277 salariés. C’est ce qu’on appelle une « belle boîte ».
2008 : c’est la crise ; les cours s’effondrent. La ferraille n’échappe pas à cette déferlante. Sur la même période, l'entreprise d'Angoulême est paralysée pendant 18 mois, suite à un accident. Claude Bourbié veut préserver l'emploi et continue de verser les salaires. C'est généreux mais c’est aussi un pari osé, au vu de la tendance des marchés.
Un an plus tard, la SA Bourbié est placée en redressement judiciaire, puis en liquidation le 29 mai. On dénombre huit propositions de reprise ; Praxy remporte le morceau mais fait de la casse : le repreneur ne garde que 180 salariés.
Claude Bourbié est sans doute désenchanté par cette triste fin de carrière ; mais il n’est ni à la rue, ni désargenté, loin s'en faut. Pour autant, il est poursuivi pour abus de biens ou du crédit d'une société par action à des fins personnelles.
Tout a commencé par une plainte déposée par un neveu de l'ex-dirigeant. « Le neveu savait tout mais n'a rien dit lorsqu'il était au conseil d'administration. Puis il n'a pas été choisi comme repreneur. Il se venge en dénonçant tout et n'importe quoi ! », plaide Me Philippe Collet, l'avocat du prévenu, ajoutant que l'enquête du SRPJ n'a retenu que trois infractions : l'emploi fictif de l'une des filles Bourbié, les mensualités de l'assurance décès réglées avec l'argent de la SA tout comme les femmes de ménage de la maison et les jardiniers du parc.
On appréciera le « que trois infractions » ; à croire qu’il n’y a pas de quoi en faire un plat !...
Bref. Heureusement qu’il n’y en ait que trois !
Pour faire court, femmes de ménages, jardiniers, étaient des salariés de la société Bourbié qui travaillaient au domicile des Bourbié, laissant apparaitre que l'on confondait le perso et le pro.... A cela, Claude Bourbié accorde au président du Tribunal qu'il a un côté « Rococo » et que ce qu'il a pratiqué « sont effectivement des méthodes d'un autre temps mais cela joue peu dans la corbeille ! ».
116.000 € de salaire (pour emploi fictif) de Béatrice, 224.000 € d'assurance décès et l'entreprise dépossédée de deux ou trois salariés : « C'est vrai, ce n'est pas grand-chose au regard des sommes brassées par la SA », a déclaré Me Laure Vaillant, partie civile pour le liquidateur. « Mais c'est autant de capital qui n'a pas été mis à la disposition de l'entreprise ».
On requiert contre Claude Bourbié un an de prison avec sursis et 40.000 € d'amende. Il est condamné à sept mois de prison avec sursis et à 50.000 € d'amende.
Son épouse Lucile et sa fille Béatrice Bourbié sont elles aussi dans le collimateur de la justice pour des motifs similaires avec six mois de prison avec sursis et respectivement 20.000 et 15.000 € d'amende requis. Elles ont été condamnées à deux mois de prison avec sursis et 15.000 € d'amende.
Au titre de la partie civile, Claude et Lucile Bourbié doivent 224.661 € de dommages et intérêts. Mais ce n’est pas tout : le reste est renvoyé à une audience ultérieure.
À l'issue de l'énoncé du délibéré, Claude Bourbié a annoncé son intention de faire appel de ce jugement.