Faible progression du recyclage des papiers-cartons en 2003 et inquiétudes pour l'avenir

Le 17/05/2004 à 18:13  

Faible progression du recyclage des papiers-cartons en 2003 et inquiétudes pour l'avenir

Balles papiers-cartons Le groupement français des papetiers utilisateurs de papiers recyclables (REVIPAP) vient de commenter l'activité de recyclage pour 2003 ( pour le bilan chiffré voir prochaine dépêche)...:
"Malgré une progression modeste enregistrée en 2003, l’industrie du recyclage des papiers et cartons maintient les résultats acquis précédemment, qui ont fait progresser le recyclage de 53 % sur la dernière décennie.

L’année 2003 a confirmé les facteurs pénalisant l’industrie française du recyclage des papiers et cartons, qui a subi les déséquilibres du fonctionnement du marché des papiers-cartons récupérés dans un contexte national peu favorable au recyclage.

Forte de son importante contribution au développement durable et à l’économie générale du déchet, l’industrie papetière française attire une nouvelle fois l’attention sur le devenir des capacités de recyclage en France, en soulignant que les freins obérant leur développement fragiliseront inéluctablement à terme la réponse nationale aux exigences de traitement des papiers-cartons usagés.

2003 : Progression modérée dans un contexte papetier morose

Après une année 2002 affichant une nette amélioration, le recyclage des papiers et cartons a enregistré en 2003 une progression modérée (+1,4 %) portant la consommation nationale à 5 783 KT. Avec un taux d’utilisation qui reste au-dessus du seuil des 58 % (58,2 % exactement), les papiers-cartons récupérés constituent la première source d’approvisionnement de l’industrie papetière française.

Cette évolution modeste s’inscrit dans un contexte morose pour l’industrie papetière, auquel se sont ajoutés des événements particuliers pesant sur les volumes à recycler (arrêts techniques pour investissement, fermetures de site). Ils ne remettent cependant pas en cause la tendance de fond enregistrée depuis ces 10 dernières années avec un taux de croissance annuel de 4,3 %.

Cette tendance générale doit être nuancée selon les secteurs utilisateurs : les sortes à désencrer accusent une baisse de -2,7
% tandis que les sortes “emballages“ et les sortes supérieures progressent respectivement de +2 % et de +11,9 %.

Poursuivant la tendance enregistrée en 2002, la récupération des papiers et cartons à recycler a progressé de manière significative (+ 5,7 %) représentant un volume de 5 909 KT en 2003 contre 5 588 KT en 2002. Cette progression résulte de la mise en place de systèmes de reprise et de la généralisation des collectes sélectives sur le territoire. Gagnant trois points par rapport à 2002, le taux de récupération atteint désormais 54,4 % ce qui réduit l’écart constaté jusqu’ici avec les résultats des pays de l’Europe du Nord. Il est vrai toutefois que le contexte français (faiblesse de la densité de la population, type et volumes de consommation de papiers-cartons) ne permet pas à la récupération française d’atteindre des performances comparables à celles de certains pays comme l‘Allemagne ou les Pays-Bas.

Des marchés perturbés

En 2003, la France a confirmé sa traditionnelle position de plate-forme d’échanges, avec des volumes d’import (1 213 KT) comme d’exports (1 337 KT) élevés. Les exportations françaises enregistrent un nouveau bond significatif en volume (+26,6 %) pour l’ensemble des sortes, en particulier pour les caisses cartons récupérées (+35,4 %) et les mêlés (+28,5 %).

La montée de la demande asiatique s’est poursuivie en 2003 avec une progression de +20,4 % des volumes exportés comparativement à 2002. Ce phénomène s’est caractérisé par des variations brutales sans rapport avec la conjoncture européenne et s’est traduit par d’importantes flambées des prix au printemps et à la fin de l’été 2003.

Pour la première fois, le solde de la balance commerciale est légèrement excédentaire (+ 124 KT contre -117 KT en 2002), du fait principalement des échanges de sortes “emballages“. Cette situation nouvelle résulte en partie d’une économie nationale atone où la consommation de papiers et cartons n’a pas décollé (-0,3 % par rapport à 2002) et met surtout en évidence les effets de l’installation de nouvelles capacités de recyclage hors de France qui ont ainsi utilisé des quantités récupérées en France .

Les déséquilibres affectant le marché des papiers et cartons récupérés sont d’autant plus pénalisants pour l’industrie française du recyclage qu’elle connaît déjà des conditions structurelles moins favorables que celles de ses principaux concurrents européens.

Le recyclage, un mode de valorisation à privilégier

La gestion durable des déchets passe nécessairement par l'exploitation des matières premières ou de l'énergie contenues dans les produits usagés.

REVIPAP rappelle aux pouvoirs publics qu’il est urgent de donner en France un réel élan au recyclage matière en clarifiant son statut par rapport aux autres modes de valorisation et en affichant une ambition pour le futur de la filière, conformément aux objectifs de valorisation et de recyclage fixés par les autorités communautaires.
La priorité est donc d’inscrire, dans les orientations en cours de préparation, le rôle majeur du recyclage dans la gestion durable des déchets et dans l’économie des territoires, car :

Le recyclage est une nécessité parce que la réglementation concernant la valorisation des déchets exige l’existence et la disponibilité d’importantes capacités de traitement. Les unités industrielles de recyclage de papiers et cartons permettent ainsi de répondre aux objectifs quantitatifs de recyclage fixés par Bruxelles, tout en garantissant, dans l’accomplissement des opérations, le respect des plus hautes exigences en termes de sécurité et de traçabilité. Parmi tous les modes de valorisation des déchets, le recyclage des papiers et cartons est actuellement le seul qui permet de réutiliser la matière plusieurs fois et qui apporte une contribution financière concrète et privée à l’économie des déchets.
Le recyclage est une chance parce que sa nature duale (activité de production et de valorisation) permet de considérer les centres urbains et industriels (où sont générés les déchets) comme autant de gisements potentiels de matière à recycler. La localisation de ces derniers est une garantie de maintien ou de développement sur le territoire national d’importantes industries de base (tous matériaux confondus) ainsi que les emplois (directs ou indirects) afférents.
Le recyclage est étroitement lié au développement durable. Son positionnement au carrefour des univers de la production industrielle et de la valorisation des déchets lui confère une position unique quant à la gestion des ressources et à la réduction des impacts environnementaux : non seulement le recyclage optimise la matière première contenue dans les déchets mais il évite aussi de reproduire l’ensemble des impacts nécessaires à leur extraction, leur acheminement et leur transformation.

Dans un environnement mondial fortement perturbé, il serait dommage que les contradictions du cadre juridique français remettent en cause la politique de fermeture d’une boucle vertueuse mise en œuvre par l’industrie papetière et menacent le développement des capacités de recyclage en France, fragilisant ainsi à terme la capacité nationale de traitement des papiers-cartons usagés.