Energie maritime : un secteur en plein boum !
Dans un contexte actuel mêlant épuisement prochain des ressources fossiles et craintes d'un dérèglement climatique durable, la possibilité d'exploiter les énergies de la mer (notamment l'énergie des vagues) et de diversifier ainsi nos ressources énergétiques est définitivement une opportunité à saisir. Ce thème a d'ailleurs été déjà abordé mi-novembre dans notre article : Pelamis : l'énergie qui nous vient des vagues. Aujourd'hui, nous vous proposons de découvrir un nouveau système, le SEAREV : Système Electrique Autonome de Récupération de l'Energie des Vagues. Créé par l'équipe d'Alain Clément au LMF, le Laboratoire de Mécanique des Fluides de l'Ecole Centrale de Nantes et du CNRS, celui-ci pourrait être commercialisé à l'horizon 2011-2012...
Système offshore de deuxième génération, SEAREV se compose d'un flotteur clos et étanche à l'intérieur duquel est suspendue une roue chargée, celle-ci jouant le rôle d'un pendule embarqué. D'un diamètre de 9 mètres, cette roue à axe horizontal, dont la moitié supérieure est évidée, a sa masse concentrée dans la moitié inférieure, lestée de béton ; d'où l'effet de pendule. Sous l'action de la houle et des vagues, le flotteur de SEAREV se met à osciller, entraînant alors à son tour un mouvement de va-et-vient de la roue pendulaire. Chacun a son propre mouvement, et c'est le mouvement relatif entre le flotteur et la roue qui actionne un système hydro-électrique de conversion de l'énergie mécanique en électricité. Liées à la roue pendulaire, des pompes hydrauliques chargent des accumulateurs à haute pression qui, en se déchargeant, livre à leur tour cette énergie à des moteurs hydrauliques qui entraînent des générateurs d'électricité, celle-ci étant ramenée à terre à l'aide d'un câble sous-marin. Plusieurs de ces flotteurs SEAREV peuvent être mouillés au large des côtes : ils forment alors un parc ou une ferme.
Une maquette à l'échelle 1/12ème d'un prototype de ce flotteur a d'ores et déjà été testée dans la plus grande cuve à houle de France (installée à l'Ecole Centrale de Nantes). Deux campagnes d'essais en juin et octobre 2006 ont ainsi permis de valider le concept général, y compris la méthode d'amplification du mouvement par contrôle adaptatif de la roue en temps réel, et de recaler par les données réelles les logiciels de simulation établis préalablement sur des modèles virtuels idéaux. Des instabilités du comportement du flotteur dans des conditions particulières ont également été constatées, conduisant à définir une nouvelle forme de flotteur, aujourd'hui à l'étude. Progressivement, l'équipe du LMF, qui travaille depuis deux ans avec un consortium d'industriels, dont Areva et des entreprises d'ingénierie du secteur de l'offshore, se rapproche d'une solution techniquement et économiquement viable.
24 m sur 14 m, 1 000 tonnes dont 400 tonnes pour la seule roue pendulaire : telles sont les mensurations du système grandeur réelle qui pourrait alimenter jusqu'à 200 foyers à terre en moyenne sur une année. Un prototype devrait être construit courant 2009, afin d'être testé en mer et mis au point l'année suivante. Il pourrait l'être sur le site d'essais à la mer que la région Pays de la Loire se propose d'accueillir sur son littoral (au voisinage de la Loire) et de financer dans le cadre du Contrat de Projet Etat/Région 2007-2013. Soutenu par le CNRS, cette infrastructure de recherche sera également accessible à tous les autres projets de machines houlomotrices aujourd'hui en construction en Europe. Pour information, on compte actuellement dans le monde une cinquantaine de projets portant sur l'exploitation de l'énergie produite par les vagues ; ceux-ci sont localisés principalement en Grande-Bretagne, au Portugal et en Amérique du Nord.