Ils restent ensemble, un pour tous, tous pour un, et sont soudés autour du chef de file de la lignée des éco-organismes, Eco-Emballages pour ne pas le nommer… Ils, ce sont les industriels de l’acier, de l’aluminium, du papier carton, du plastique et du verre, rassemblés dans des structures appelées France Aluminium Recyclage, Arcelor Mittal France, Fédération des Chambres Syndicales des Industries du Verre, Revipac, et Valorplast, elles-mêmes regroupées au sein d’une entité appelée « Interfilières Matériaux ». Sauf que l’Interfilières a décidé de changer de nom : il faudra désormais l’appeler InterEmballage. C’est clair que c’est plus clair…
De l’art et la manière de détourner le sens des mots…
Filière… Succession de degrés à franchir, de formalités à accomplir avant de parvenir à un résultat…Telle est la définition du mot admise par l’académie. Or, depuis 1992, on a le sentiment désagréable de voir certains se considérer comme supérieurs, en quelque sorte, au prétexte qu’ils seraient investis d’une mission quasi divine…
Depuis la naissance du premier éco-organisme à la française, en effet, point de salut ou presque si on ne passe pas par La -fameuse- Filière, comme s’il n’existait qu’une seule manière de faire les choses dans le bon ordre (et d’atteindre de bons résultats), à savoir celle reconnue par un éco-organisme… Dans ce contexte, si on ne passe par la structure X ou Y, on est « hors filière » … La belle affaire!
Comme s’il s’agissait d’un passage obligé pour bien faire,
Comme si le recyclage du verre, du papier carton ou encore des déchets métalliques était né en 1992 !!!
On croît rêver, quand on y pense… parce que le recyclage existe depuis belle lurette, la collecte et la récupération de ce qui peut être réexploité aussi… Y compris pour ce qui concerne les emballages ! Le verre d’emballage ménager n’a pas attendu 1992 pour se mettre en place, la récupération des emballages en carton non plus, même s’il s’agissait davantage d’emballages industriels et commerciaux que d’emballages ménagers dans ce dernier cas de figure. N’empêche. C’en est terminé d’une appellation qui ne veut rien dire ou à tout le moins qui est trompeuse, qui ne met même pas en valeur l'emballage, et c’est tant mieux.
Désormais, Interfilières Matériaux, société anonyme représentant l’industrie des matériaux pour l’emballage depuis 1992, sera dénommée InterEmballage. Non seulement, on sait de quoi on parle, enfin, mais en outre, c’est plus intelligent puisque la nouvelle appellation a quelque chose en commun avec Eco-Emballages, à savoir le mot emballage… La filiation avec l’éco-organisme est reconnue et clairement énoncée.
« Mais elle se différencie sensiblement de l’organisme : à travers le singulier du mot emballage, InterEmballage renvoie à l’activité « Emballage », tandis qu’Eco-emballages gère les emballages. Le mot Inter véhicule ainsi les notions d’alliance et de partenariat entre les acteurs et les métiers au sein du secteur », souligne Michel Gardes, président de la Fédération des Industries du Verre.
« InterEmballage est un socle pour faire passer les messages que nous avons en commun, puisque nous sommes tous producteurs d’emballages : notre métier consiste à faire vivre nos usines, nos salariés, à utiliser des technologies pour promouvoir des emballages de plus en plus performants (...) Et puis, notre activité doit être protégée de sorte qu’il n’y ait aucune distorsion de concurrence... », ajoute le patron de la Fédération des Industries du Verre …
« Eco-emballages regroupe depuis l'origine, les conditionneurs-emballeurs et importateurs d’emballages ainsi que les fabricants de matériaux d’emballages et d’emballages. Sur cette base, les pouvoirs publics ont fait le choix d’une responsabilité commune, partagée entre les acteurs directement concernés par l’Emballage, à savoir ceux qui les fabriquent et ceux qui les utilisent, attribuant à ces derniers la responsabilité de payer l’éco-contribution nécessaire au fonctionnement du dispositif », rappelle Noël Mangin, délégué général de Revipap.
« Ainsi, est assurée la responsabilisation de l’ensemble des acteurs de la chaîne Emballage, donnant à l’éco-organisme toute sa légitimité. Consacrée par un agrément, cette légitimité est renforcée par la création d’une commission consultative chargée de suivre l’exécution de celui-ci et les résultats du dispositif », poursuit le représentant de l’emballage en papier carton.
Il faut bien garder à l’esprit que « nous n'avons rien de héros, mais sommes tous concernés par le devenir de nos métiers. L’ensemble de notre secteur serait impacté par un échec d’Eco-emballages... N'oublions pas que c’est parce que les collectivités ne veulent pas payer pour le traitement des déchets d’emballage que les industriels ont pris le relais via la garantie de reprise », déclare aussi Noël Mangin…
« Ainsi, lorsque la crise a frappé, Arcelor a dû fermer des fours, en attendant que l’orage passe ; mais on n’a pas arrêté pour autant la reprise des emballages en acier puisque cette reprise est contractuelle », témoigne Cathrine Jung, manager chez l’aciériste.
Et puis, « nous ne sommes pas mazo, surenchérit Michel Gardes : atteindre un taux de recyclage des emballages à hauteur de 75%, du fait du Grenelle, nous impose la solidarité entre les différentes branches productrices d’emballages mis sur le marché, puisque nous sommes condamnés à réussir »…