Emballages alimentaires : de quoi se faire un sang d'encre ?
Suite à la polémique du printemps dernier concernant la migration des encres alimentaires (voir notre article), l’UFC-Que Choisir a fait réaliser un test sur 20 produits alimentaires vendus en France (pâtes alimentaires, riz, couscous, chapelure, sucre en poudre) afin de vérifier si les substances chimiques présentes dans les encres et emballages en carton étaient susceptibles de se retrouver dans les aliments qu’ils contiennent. Les résultats sont plutôt inquiétants : les dérivés pétroliers, présents dans les encres d’emballage et le carton, se retrouvent bien dans les aliments...
Sur la vingtaine de produits testés, 14 contiennent des huiles minérales provenant des encres des emballages en carton, et ce à des niveaux préoccupants. Pour 2 produits, les doses relevées en huiles minérales saturées dépassent considérablement la dose limite internationale : le couscous graine "Tipiak" et la chapelure "Leader Price" contiennent ainsi respectivement 50 fois et 10 fois la dose maximale recommandée.
"Loin d’être bénins, ces composés peuvent s’avérer dangereux pour la santé", s'inquiète UFC-Que Choisir. Si aucune étude n’existe sur la toxicité des huiles minérales saturées sur l’homme, les données sur les animaux sont particulièrement préoccupantes ; celles retrouvées dans 75% des produits testés peuvent provoquer sur l’animal des dommages au foie, au cœur et aux ganglions lymphatiques. Quant aux huiles aromatiques, elles appartiennent à la famille des hydrocarbures aromatiques polycycliques, dont certains sont classés cancérogènes.
Malgré les forts doutes que ces composés soulèvent vis-à-vis de la santé humaine, la réglementation ne définit pour le moment aucune valeur limite contraignante pour ces composés. Face aux problèmes constatés en Europe, la Commission a saisi l’Agence européenne pour la sécurité des aliments (l’EFSA), "mais sans qu’une volonté politique claire de mettre en place une réglementation ne soit annoncée", déplore l'association. Cette dernière demande donc aux pouvoirs publics français et européens de combler le vide réglementaire actuel et de définir rapidement une réglementation sur les huiles minérales garantissant l’absence de dérivés pétroliers dans les aliments. Elle exige également des professionnels, en l’attente d’une réglementation, d’utiliser dès maintenant, en application du principe de précaution, des encres végétales ou à faible migration, comme le recommande elle-même l’association des fabricants d’emballages en carton.
En rapport avec le sujet, nous vous renvoyons à la lecture de notre article : Carton recyclé : Careo sécurise l'emballage alimentaire.