Emballage plastique : une industrie qui affiche souplesse et résistance
L'euphorie n'est pas de mise, mais l'industrie a pu tirer son épingle du jeu
« Le chiffre d'affaires des fabricants a été tiré par le marché national (+2,8%), qui représente 71% de leur activité », a souligné Elipso (fédération qui regroupe les entreprises de l’emballage plastique et souple, lesquelles emploient 38 000 personnes et réalisent des ventes annuelles de 7,5 milliards d'euros).
C’est la seconde année consécutive que cette industrie confirme un certain optimisme : 4,5 % de son CA a été consacré à des investissements (de remplacement pour l’essentiel et non de capacité de production) grâce à « l'augmentation de leurs taux de marge brute », indique Dominique-Paul Vallée, tandis qu’elles tablaient sur des ventes stables ou en progression sur l'ensemble de 2014 lorsqu'elles ont répondu à l'enquête réalisée par l'institut Asterès pour Elipso, réalisée avant la dégradation macro-économique de la conjoncture lors de la rentrée : elles étaient alors près de 8 sur 10 à anticiper un chiffre d’affaires stable, voire en progression, tandis que 71% d’entre elles ont estimé que leur trésorerie est satisfaisante.
Pour ce qui concerne 2015, près de la moitié d’entre elles envisageaient lors de cette enquête, une hausse de leur chiffre d'affaires et 43% d’entre elles annonçaient des ventes stables : l'industrie de l'emballage se définit même comme le « secteur le plus dynamique de l'industrie plastique » en France…
Il n’en demeure pas moins qu’en 2013, la zone euro a été économiquement tristounette, que l’économie française a affiché une progression du PIB de 0,3% par rapport à 2012, que la conso des ménages est restée faible (+ 0,2% en volume), et que le début 2014 s’est révélé « décevant » avec une contraction du marché mondial (pour la première fois depuis 2009) et une économique française affichant une croissance Zéro, avec un tassement des exportations et une consommation des ménages en repli…
« La plupart des secteurs clients des emballages plastiques et souples sont en difficulté, qu’il s’agisse du bâtiment, des biens d’équipement, ou de la logistique… Même l’agroalimentaire est en repli » (exception faite du secteur ‘traiteur’ gros utilisateur d’emballages souples), confirme pour sa part Olivier Charmet.
Cette bonne tenue de l’industrie de l’emballage plastique dans une ambiance globalement difficile serait principalement liée à la reprise de la demande mondiale. Cela dit, les entreprises n’embaucheront guère (du fait de la rigidité du marché du travail, du cout de la main d’œuvre et de sa sous-exploitation en l’état actuel de surcapacité). Environ 37% des entreprises interrogées prévoient un probable repli des taux de marge, dû au possible rebond du prix des matières premières.
Tri et recyclage : des nécessités pour approvisionner la production française
Après l’environnement économique, l’environnement tout court, les dirigeants d’Elipso n’ayant pas éludé la question. Deux millions de tonnes d’emballages plastiques ont été mis sur le marché en 2013 ; des investissements importants engagés par les fabricants ces dernières années (allègement du poids des emballages et utilisation accrue des matières premières recyclées, notamment) produisent leurs effets. Alors que les entreprises ont davantage produit, avec un taux d’utilisation des capacités de production en hausse, elles ont livré des volumes moins importants d’emballages. «Cet écart démontre la place primordiale aujourd’hui tenue par l’éco-conception dans la création des emballages plastiques et souples» a souligné Elipso.
« Les fabricants ont mené, depuis 2008, des actions concrètes pour réduire l’utilisation des matières vierges qui s’appuient sur une ACV destinée à piloter l’éco-conception des emballages, la réduction des impacts via des plastiques fossiles innovants, des plastiques bio-sourcés ou recyclés, la prévention des déchets par réduction à la source et la réutilisation des emballages de transport », indique Françoise Gerardi.
« Renforcer la valorisation des emballages plastiques industriels et commerciaux fait partie intégrante de la politique menée par les membres d’Elipso », ajoute la Déléguée générale.
« Rien n’est figé : l’évolution des matériaux, des compositions des emballages, tout comme le travail des industriels en matière d’éco-conception, sont des axes de réflexion majeurs qui auront pour objectif d’accroître le recyclage et de réduire l’impact des emballages. Etant entendu qu’il faut garder en mémoire que l’emballage a pour vocation de respecter et de protéger le produit avant tout chose »…
Le « zéro déchet plastique » en décharge est un objectif à atteindre. Dans ce nouveau contexte stratégique, « il ne faut pas penser que ‘recyclage matière’ et négliger la valorisation énergétique » (...) « Il sera nécessaire de pousser le curseur du recyclage le plus loin possible en optimisant les contraintes techniques et économiques, de la même manière qu’il sera absolument indispensable de développer des modes de valorisation complémentaires au recyclage, afin de contribuer au mieux à la satisfaction de cet objectif à l’horizon 2020 », plaide Michel Loubry, Directeur général Ouest Europe de PlasticsEurope, le syndicat européen des producteurs de matières plastiques. Qu’il s’agisse de « recyclage chimique pour transformer le plastique en carburant, ou de production de CSR, le bilan sera positif un jour, au regard de la mise en décharge » des plastiques.
Dans nos métiers, « l’éco-conception est plus importante que l’éco-recyclabilité : si tous les matériaux ont leur place dans l’univers de l’emballage, il est tout aussi évident que la matière première coûte environ 50% du prix de l’emballage, d’où la nécessité d’envisager les emballages de demain autrement, afin de mieux maitriser nos coûts de production », complète Francis Pascal, vice-président d’Elipso en charge de l’environnement..
Dans cette logique, la réduction du poids des emballages (0,5 à 1,5% par an au cours de ces 20 dernières années) a permis d’éviter de consommer 100 000 tonnes de matières entre 2007 et 2012, dont 40 000 tonnes pour les plastiques…
Au demeurant, « je rappelle que nous travaillons depuis quelques années avec des recycleurs, notamment pour ce qui touche au PET, notre objectif étant d’anticiper avec eux, les évolutions techniques nécessaires au recyclage des emballages, et que beaucoup de producteurs se mettent à recycler par eux-mêmes, en intégrant le recyclage à la boucle » : s’agit-il d’une tendance de fond ? L’avenir nous le dira…
Toujours est-il que du point de vue d’Elipso, « mieux vaut que ce soient les fabricants d’emballages qui développent leur recyclage afin de connaitre ce que l’on souhaite comme produit de base »…
Il va sans dire que le projet d’extension du tri à toutes formes d’emballages est un sujet particulièrement suivi par l’industrie de l’emballage…
« Accroitre le taux de recyclage permettra non seulement de satisfaire aux obligations réglementaires, mais aussi de développer l’utilisation de matière recyclée dans les emballages et ainsi diversifier les approvisionnements », ajoute Françooise Gerardi…
Pour ces raisons, « Elipso est partie prenante aux côté d’Eco-emballages , avec Valorplast, dans le projet d’extension de tri des déchets d’emballages ménagers : notre objectif est de pouvoir recycler de nouveaux emballages tout en poursuivant celui des bouteilles et autres flacons plastiques dans le cadre d’une collecte accrue ».
Sur les zones d’expérimentation de l’extension de consignes de tri, près de 34 400 tonnes d’emballages en plastiques ménagers ont été repris par Valorplast entre 2012 et 2014. « Cette expérience et les connaissances acquises, mises à disposition de l’industrie sur la recyclabilité des bouteilles et flacons va pouvoir se décliner pour les autres emballages… Les industriels du recyclage sont des acteurs clés dans la chaine de la recyclabilité (…) A terme, l’essentiel des emballages plastiques serait effectivement recyclable, y compris au sein de la famille des emballages complexes (PET auquel on a ajouté un peu de PE, par exemple). C’est d’autant plus important qu’il faut retenir que nous ne pouvons pas produire que des emballages monomatériau », poursuit Francis Pascal…
S’il s’agit bien d’emballages souples, ils ne pèsent pas lourd en effet, au regard de la production globale des emballages en plastique. Mais ce n’est pas tout ! Cela fait environ 10 ans que d’aucuns se sont emparés de ce thème, afin d’en faire un fer de lance anti-pollution visuelle (en dépit du fait que ce n'est pas le sac de caisse qui engendre le plus de dégât) … Force est de constater qu’ils sont parvenus à leurs fins, puisqu’au cours de cette décennie, la drastique réduction des quantités mises à disposition des consommateurs aura bel et bien précédé leur élimination du circuit.
Si l’on ajoute que cela faisait belle lurette que l’essentiel de la production de ces sacs (95% environ) s’était envolée en Asie, nul doute ne sera plus permis : leur interdiction pure et dure ne constitue pas un handicap économique pour les producteurs français de sacs plastiques, et pour cause. Ils vont pouvoir procéder à des recherches et relocaliser cette industrie afin de proposer et promouvoir des sacs bio sourcés fabriqués à partir de fécule de maïs ou de pomme de terre, à un prix acceptable…