Electricité : une commune prend son indépendance, grâce aux déchets
Le territoire de cette toute petite commune du Val d'Oise, est en partie occupé par le centre de stockage des déchets (CSD) de Bouqueval/Plessis-Gassot et ce, depuis le début des années 1960. À l'époque, il s'agissait juste d'une unité de récupération de mâchefer, transformée en carrières de sablon (en 1966). C'est pour combler ces carrières que des autorisations de stockage, sur dix hectares, ont été demandées en 1969. En 1974, Thiessonville disparaît avec la création de la décharge et plus aucune trace ne subsiste de cet ancien hameau. Depuis, les extensions se sont succédées pour atteindre les 250 hectares. Le CSD traite en moyenne 800 000 tonnes de déchets par an, soit les déchets de deux millions de personnes...
Avoir une décharge au ras de ses jardins, n'est pas souvent vécu comme un cadeau (NIMBY oblige...). Pour autant, la donne peut changer, surtout qu'aujourd'hui, la technique, sans laquelle rien n'est possible, a bigrement évolué... Ainsi, la décomposition des déchets n'est pas une mauvaise chose, surtout lorsqu'elle permet désormais, de composer un plan de bataille visant l'autonomie électrique de la commune... Il s'agirait d'une première en France : cette commune du d'Ile de France a en effet récemment inauguré une centrale de production d’électricité produite à partir de la valorisation du biogaz produit par les déchets non recyclables...
La centrale, qui a été installée à proximité d’un site de stockage des déchets, réceptionnera les OMR, qui produiront le méthane attendu, via leur fermentation ; de là, le biogaz, qui sera ensuite transformé en électricité.
Baptisée Electr’od, cette unité disposera d'une capacité de 130 000 MWh par an ; elle serait à même d'alimenter plus de 40 000 foyers (c'est beaucoup plus que ce que compte la commune concernée). On annonce dores et déjà que la facture de chauffage des habitants de Plessis-Gassot raccordés au réseau alimenté par Électro’od devrait diminuer de 92 % pour un chauffage électrique.
Pour les habitants, le double effet positif est évident : la commune se convertit à 100 % aux énergies renouvelables, tandis que l'électricité produite par cette centrale permettra de réduire bigrement l’impact négatif des déchets produits par les habitants. C'est d'autant plus vrai que la commune produira plus que nécessaire : le « plus » sera vendu ERDF, afin d’alimenter le réseau national.
Nul doute que cette façon de voir l'avenir s’inscrit bien pleinement dans le projet de loi sur la transition énergétique tel qu'annoncé par Ségolène Royale, ministre de l’Environnement, lequel a pour objectif de faire passer le nombre d’unités françaises de méthanisation de 250 à 1 500, d’ici à 2020.