Economie 'verte' : 15 à 60 millions d'emplois d'ici à 2032 ?
Selon un nouveau rapport du PNUE, la conversion à une économie plus respectueuse de l'environnement pourrait générer de 15 à 60 millions d'emplois supplémentaires à l'échelle mondiale au cours des 20 prochaines années et ainsi sortir des dizaines de millions de travailleurs de la pauvreté. Intitulée "Vers le développement durable : Travail décent et intégration sociale dans une économie verte", l'étude rappelle que ces gains dépendront de la mise en place effective d'une série de mesures appropriées. "Le modèle de développement actuel s'avère inefficace et non viable, pas seulement pour l'environnement, mais aussi pour les économies et les sociétés", a déclaré Juan Somavia, DG de l'Organisation Internationale du Travail (OIT), à l'occasion de la publication de ce rapport...
D'après cette étude, la moitié au moins de la main-d'œuvre mondiale (soit 1,5 milliard de personnes) sera affectée par la transition vers une économie 'verte'. Alors que les changements se feront sentir dans l'ensemble de l'économie, 8 secteurs clés devraient jouer un rôle central et être particulièrement touchés : agriculture, sylviculture, pêche, énergie, industrie manufacturière à forte consommation de ressources, recyclage, construction et transports. Des dizaines de millions d'emplois ont déjà été créés grâce à cette mutation. Par exemple, le secteur des énergies renouvelables emploie maintenant près de 5 millions de personnes dans le monde, soit plus du double des effectifs recensés entre 2006 et 2010. L'efficacité énergétique est un autre gisement d'emplois important, en particulier dans la construction, le secteur le plus touché par la crise économique.
Dans les économies émergentes et les pays en développement, les gains seront probablement plus élevés que dans les pays industrialisés, parce que les premiers peuvent opérer un saut vers les technologies 'vertes' plutôt que remplacer des infrastructures hautement consommatrices de ressources devenues obsolètes. A titre d'exemple, le Brésil a déjà créé un peu moins de 3 millions d'emplois, soit quelque 7% de sa population active. Ces bons résultats prouvent que les défis environnementaux et socio-économiques doivent être abordés de manière globale et complémentaire. Cela signifie promouvoir et mettre en œuvre des processus de production durables au niveau des entreprises elles-mêmes, en particulier parmi les petites et moyennes entreprises des secteurs clés.
En outre, l'extension de la protection sociale, le soutien au revenu et la formation qualifiante sont des facteurs essentiels pour permettre aux travailleurs de tirer parti de ces nouvelles perspectives. Les normes internationales du travail et les droits des travailleurs peuvent aussi fournir un cadre juridique et institutionnel approprié. Enfin, un véritable dialogue social impliquant employeurs et syndicats est indispensable à la gouvernance du développement durable, toujours selon le rapport. "Le développement écologique ne détruit pas l'emploi, comme on le dit souvent. Au contraire, il peut déboucher sur de nouveaux emplois, de meilleure qualité, sur la réduction de la pauvreté et l'inclusion sociale", conclut M. Somavia. De son côté, Achim Steiner (Directeur exécutif du PNUE - Programme des Nations Unies pour l'Environnement) s'est félicité que ce rapport paraisse à la veille de la Journée mondiale de l'Environnement, qui aura lieu le 5 juin prochain avec pour thème : "Economie verte : en faites-vous partie ?".