Ecolabel PEFC : la grande arnaque forestière ?!
Créé en 1999 par l’industrie du bois, le label PEFC (Programme de Reconnaissance des Certifications Forestières) est aujourd’hui présent sur de nombreux produits de consommation courante : magazines, meubles en bois, emballages papier ou encore papier hygiénique. Alors qu’il est censé "promouvoir une gestion durable des forêts", un documentaire qui a pour cadre les forêts du plateau de Millevaches en Limousin (voir vidéo ci-dessous), révèle l’imposture en montrant comment des pratiques peu scrupuleuses en matière d’environnement sont "éco-certifiées" par PEFC. Les Amis de la Terre, qui ont participé à cette enquête, ont donc décidé, avec 2 autres fédérations d’associations locales (Fédération départementale Corrèze Environnement, Franche-Comté Nature Environnement), de saisir la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF)...
"Le label PEFC est devenu incontournable dans les magasins et trompe de nombreux consommateurs qui croient acheter un produit écologique ; c’est pour cela que nous avons décidé de saisir la DGCCRF", précise Sylvain Angerand, chargé de campagne pour la protection des forêts aux Amis de la Terre France.
Dans un communiqué, l'association rappelle qu'elle souligne depuis plusieurs années "les dérives du label PEFC en France comme dans le monde". Premier grief : aucun contrôle préalable n’est réalisé chez un propriétaire qui souhaite être certifié ; il suffit simplement de s’inscrire en complétant un formulaire et en envoyant sa cotisation pour avoir le droit de vendre son bois avec le label PEFC. De nombreux propriétaires pourtant certifiés depuis des années n’ont ainsi jamais été contrôlés par un auditeur indépendant !
Autre point noir : alors qu’en théorie, la certification est une démarche volontaire des propriétaires forestiers, en pratique, les exploitants forestiers et les coopératives exerceraient sur eux une pression très forte. Certaines coopératives envoient même des courriers à leurs adhérents en considérant que l’absence de réponse est un accord tacite pour être certifié.
Et ça continue : toujours selon les Amis de la Terre, dans la plupart des régions, le cahier des charges de PEFC ne va pas plus loin que la stricte application des lois existantes. Les préconisations environnementales sont floues et peu contraignantes car décrites avec des termes comme "s’efforcer de" ou "prendre des dispositions pour". Sur le terrain, comme le montre le documentaire, c’est ce qui permet à de nombreuses coupes rases d’être éco-certifiées.
Enfin, l'association dénonce "un label international qui 'verdit' le bois issu du pillage des forêts primaires : en 2003, PEFC est devenu un système international et constitue aujourd’hui une certification parapluie qui abrite les pires dérives. En Tasmanie, les forêts primaires sont rasées, incendiées au napalm et éco-certifiées PEFC (voir ici)".
Plus de 10 ans après la création de PEFC en France, et alors que la plupart des forêts exploitées sont éco-certifiées, les Amis de la Terre constatent que l’érosion de la biodiversité n’a pas pour autant été enrayée : "Ce label est censé garantir une gestion durable des forêts françaises. Or, plus d’une centaine d’espèces animales et végétales qui dépendent des forêts restent menacées d’extinction. La réalité est que les pratiques forestières ont très peu évolué et que les pouvoirs publics ont préféré miser sur la certification plutôt que de renforcer la loi forestière", conclut Sylvain Angerand.