Eco-produits : la France spécialisée dans la récupération
Les éco-produits sont des biens dont l’usage répond directement et exclusivement à un objectif environnemental. Ils peuvent être classés en 2 grandes catégories : la protection de l’environnement et la gestion des ressources. Les éco-produits concernant la lutte contre la pollution de l’air, le traitement des eaux usées et des déchets relèvent de la première catégorie. Ceux concernant la gestion durable de l’eau, la récupération de déchets, la maîtrise de l’énergie et les énergies renouvelables (cellules photovoltaïques, biocarburants...) relèvent de la seconde. Le marché de ces produits s’est développé rapidement ces dernières années, sous l’effet du durcissement progressif des réglementations environnementales et de l’innovation technologique. Dans une étude publiée fin 2012, la Direction générale des douanes et droits indirects fait le point sur les récentes évolutions du secteur en France...
En forte augmentation entre 2003 et 2008, les échanges d’éco-produits subissent le contrecoup de la récession mondiale de 2009, mais regagnent en 2010 le terrain perdu. S’ils progressent à nouveau en 2011 (+11% à l’exportation, +14% à l’importation), cette hausse moyenne masque un retournement de tendance à la baisse à partir du 2ème trimestre 2011. A l’exportation, le recul, modéré, touche principalement les produits liés à la récupération. Le repli est plus marqué à l’importation et concerne les achats de cellules photovoltaïques (énergies renouvelables). Il est lié notamment à la remise à plat du dispositif public d’incitations financières à l’achat de ces produits à partir de fin 2010.
En 2011, la France rétrograde au 4ème rang des exportateurs européens d’éco-produits (8% des ventes d’éco-produits de l’UE), loin derrière l’Allemagne (27%), mais proche des Pays-Bas (13%) et du Royaume-Uni (10%). Elle est le 5ème importateur européen (9%) après l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et la Belgique. A l’exportation, l’Espagne et les Pays-Bas sont spécialisés dans les énergies renouvelables, qui comptent pour la moitié de leurs ventes (principalement photovoltaïque et éolien pour le premier et photovoltaïque pour le second). L’Italie est plutôt positionnée sur le traitement de l’eau. De son côté, l’Allemagne est spécialisée à la fois dans la récupération, le traitement de l’eau, ainsi que dans les énergies renouvelables, dont ce pays est le premier exportateur européen.
Pour sa part, la France tire ses principaux points forts de la récupération et du traitement des déchets (59% des exportations d’éco-produits), ainsi que de l’assainissement et du traitement de l’eau (26%), où elle compte plusieurs leaders mondiaux. Cette spécialisation s’avère favorable, comme l’indique la vive croissance des exportations dans ces 2 domaines, à l’exception de la parenthèse de 2009. La reprise des ventes à partir de 2010 est principalement portée par la récupération et le traitement des déchets, notamment de métaux ferreux et de cuivre, en lien avec la forte hausse du cours des matières premières industrielles. En revanche, la place des ventes d’énergies renouvelables dans celles de l’ensemble des éco-produits est plus réduite en France (11% du total) que dans les autres pays européens. Si les exportations d’énergies renouvelables sont dynamiques jusqu’en 2009, grâce aux ventes de biocarburants et de cellules photovoltaïques, elles stagnent en 2010 et s’orientent à la baisse en 2011, dans un contexte de forte concurrence chinoise et de surcapacité mondiale de production.
Depuis 10 ans, les importations d’énergies renouvelables enregistrent les hausses les plus significatives (+29% en moyenne par an). Elles représentent ainsi 41% des achats d’éco-produits en 2011, soit le premier poste à l’importation. Depuis 2007, la hausse des achats des produits liés aux énergies renouvelables était portée principalement par le dynamisme des importations de cellules photovoltaïques, stimulées par un dispositif national d’incitations financières à l’installation de panneaux solaires. De tels dispositifs ont également été mis en place dans d’autres pays comme l’Allemagne et l’Espagne. Outre-Rhin, les achats de cellules photovoltaïques augmentent ainsi fortement au cours des 10 dernières années (+40% en moyenne par an).
Toutefois, en France, à compter de fin 2010, la modification du dispositif de soutien à la filière photovoltaïque (baisse des tarifs de rachat de l’énergie solaire, diminution des crédits d’impôt), conduit à partir du 2ème semestre 2011 à un recul des achats. Le repli est marqué depuis la Chine et l’Allemagne, qui constituent nos 2 principaux fournisseurs (respectivement 34% et 22% des importations de cellules photovoltaïques). Vis-à-vis de ces 2 pays, la baisse tient au reflux des quantités acheminées. S’y ajoute une baisse tendancielle des prix (de l’ordre de -15% en moyenne par an depuis 2003), suscitée par le contexte fortement concurrentiel. A l’instar de la France, face aux contraintes budgétaires, certains pays européens, comme l’Allemagne, sont également en passe de revoir leurs dispositifs de soutien.
source : Direction générale des douanes et droits indirects - Département des statistiques et des études économiques