Eco-Emballages et les 40 valeurs…
D’entrée, on en conviendra, le titre est accrocheur et même prometteur, voire un tantinet provocateur… On l’aura compris, Eco-Emballages est, une fois encore, dans le collimateur… L'éco-organisme qui a, en effet, récemment édité un ouvrage (voir notre dépêche), est dans la ligne de mire des associations qui n’ont peut-être pas digéré les 100 patates qu'il aurait étouffées dans sa musette… Elles décident donc, par la voix de Nicolas Garnier, délégué général d’Amorce, de mettre les pieds dans le plat… On en reste baba...
Lors de la dernière commission consultative Emballages, qui a pour objectif d’évaluer le fonctionnement du dispositif de valorisation des déchets d’emballages ménagers, que le l’éco-organisme a surpris les représentants des collectivités locales en présentant son livre vert (voir notre rédactionnel) qui venait d’être diffusé à l’échelle nationale… sans la moindre consultation et c’est là que le bât blesse… et que le monde associatif tombe à la renverse…
« Eco-Emballages sort en effet clairement du cadre de son agrément délivré par l’Etat (faut-il le rappeler, NDLR), en s’intéressant à l’ensemble du service public de gestion des déchets et non uniquement aux emballages ». Il est vrai que ce n’est pas la première fois que l’éco-organisme manifeste son intention d’étendre ses activités à d’autres déchets quand il ne l’a pas déjà expérimenté (DEEE, INS, textiles…) et de « s’immiscer sur l’ensemble de la gestion des déchets en portant des projets comme E-coûts, Mapeos » (optimisation des collectes de déchets : voir notre exposé) et la « labellisation du service déchets des collectivités locales ». D’ailleurs, l’éco-organisme affirme « avoir la légitimité nécessaire pour évoquer d’autres types de déchets municipaux qui pourraient être traités de façon plus pertinente »…
« Plus surprenant, expose Nicolas Garnier, ce livre vert destiné aux décideurs publics dispense un florilège de commentaires plutôt crus sur les élus, leur reprochant par exemple leur manque d’engagement » ou « des prises de position trop rapides, voire démagogiques, fondées sur des idées fausses » .
« Cynisme également » quant Eco-Emballages vante « sa façon d’aborder cette problématique par la concertation » alors que les faits jusqu’à cette publication « maladroite » ont tendance à montrer le contraire !?
Il est affirmé dans l’ouvrage que les 40 propositions du livre vert sont issues de réflexions menées en concertation avec les publics concernés.
Faux ! déclare Nicolas Garnier : « si concertation il y avait eu, les collectivités n’auraient pas manqué de contester ou d’amender certaines propositions, comme la remise en cause de la répartition des compétences "déchets municipaux", la généralisation de la redevance incitative ou encore les bénéfices du recyclage sur la prévention »…
Et de rappeler quelques règles élémentaires… notamment l’obligation qui est faite à l’éco-organisme de pratiquer la concertation et non de la revendiquer de façon unilatérale, ainsi que de respecter le cadre de son agrément, limité aux seuls emballages ménagers.
« Car les 40 valeurs de ce livre vert sont clairement dans le champ des compétences des collectivités locales. Eco-Emballages peut il continuer à amasser impunément un trésor de guerre de plus de 100 millions d’euros sans augmenter les soutiens aux collectivités, refinancer sa filiale Adelphe grâce aux emballages de médicaments qui ne sont pourtant pas recyclés, parler en lieu et place des collectivités et de l’état sur la gestion transversale des déchets, être le relais commercial d’autres éco-organismes sur les publicités en boîte aux lettres, les DEEE ou les textiles ?
Eco-Emballages se verrait–il jouer le rôle de l’Ademe ou de méga-éco-organisme tout puissant » ?
On l’aura compris, c’est chaud !!!
Tant et si bien que les associations ont choisi d’alerter officiellement le président de l’AMF et le nouveau ministre du développement durable, Alain Juppé, afin de recadrer les règles et le fonctionnement d’Eco-Emballages. Autant profiter de l’occasion pour en appeler également à leur bienveillance relativement aux DEEE, au regard des multiples difficultés que connaissent les collectivités dans la mise en place de leur collecte sélective...