Eco-Emballages : çà craint pour Hérodin
C’est le grand déballage pour Eco-Emballages depuis quelques semaines… Et c’est bien dommage d’avoir à constater les faits reprochés, comme il est regrettable de savoir que seul Bernard Hérodin est condamné à trinquer. Nous restons convaincue que le conseil d’administration, à tout le moins, ne pouvait ignorer les pratiques mises en œuvre et les faits aujourd’hui publiquement reprochés. A défaut, on peut se poser la question de savoir à quoi servent ces structures si elles se contentent de tout entériner sans rien vérifier…
Seul dans l’arène…
Aïe ! Sale quart d'heure... Le moins que l’on puisse dire est que l’audit ne fait pas de cadeau à Bernard Hérodin, lâché par les siens et pratiquement lynché… L’audit en question, fermement souhaité par le gouvernement et commandité par l’éco-organisme auprès du cabinet Deloitte est sévère en effet, pour l’ex directeur financier, devenu en 2003 le directeur général d’Eco-Emballages (voir notre depêche).
La philosophie consistait à thésauriser des sommes allant crescendo et à prendre des risques accrus avec ces éco-contributions versées par les industriels et donc les consommateurs in fine. Les montants placés sont passés de 34 millions d'euros, fin décembre 2001, à près de 300 millions d'euros, fin décembre 2006, pour retomber à 225,6 millions d'euros en 2008. Une part significative - jusqu'à 43 % des réserves - a été logée dans trois fonds très spéculatifs, gérés par une petite société de neuf salariés, basée à Zurich (Suisse), Primores. Eco-Emballages détenait 37 % du fonds appelé Primores Opportunity et 13 % de Primores Growth, domiciliés aux îles Caïman, et y avait investi 70,8 millions d'euros.
Décembre 2008 : les fonds Primores affichent une perte de leur valeur liquidative de 23,7 millions d'euros. Parmi la liste des produits de ces fonds, on retrouve le fonds Madoff, pour une part minime, de 0,5 %. Mais la perte est plus importante que cette moins-value, car le capital de 70,8 millions d'euros reste gelé par le gestionnaire zurichois. A cette époque, Olivier Desforges, administrateur qui a pris la tête du comité chargé d'élucider les comptes déclare « espérer récupérer très vite 17 millions d'euros et allons tout faire pour nous voir restituer le reste, quitte à entamer une procédure ». Le cabinet Deloitte préconise simultanément de provisionner 50 millions d'euros.
Y’a pas de petits profits
Jusqu'en 2007, ces placements ont été jugés profitables, encore que le rapport Deloitte juge leur rentabilité modeste : « le rendement était de 4,3 % par an en moyenne, entre 1993 et 2007, alors qu'une simple sicav monétaire sécurisée aurait rapporté 3,9 % ».
L'audit révèle que « Bernard Hérodin était conseillé par un intermédiaire financier comptant parmi ses amis, Michael Kraland, Néerlandais domicilié en Irlande, qui a créé en France Trinity Capital Partners, à laquelle la Commission bancaire a retiré son agrément en août 2002».
Ca se corse lorsque plus loin, on apprend que sur les fonds investis par Eco-Emballages, M. Kraland a perçu des commissions jugées "élevées pour le service rendu" par le cabinet d’audit, qui les estime entre 3 millions et 5 millions d'euros. On apprend aussi que Bernard Hérodin avait investi à titre personnel dans un des fonds recommandés par son ami et réalisé une plus-value globale de 10 765 euros.
"Il n'y a rien de délictueux dans cette affaire, même si ce n'est pas très éthique", admet Olivier Desforges. "Le comité de direction d'Eco-Emballages était au courant de ces placements, même s'il n'en connaissait pas le détail, et avait rencontré Michael Kraland à l'occasion d'un déjeuner, à l'hôtel Evergreen de Levallois".
"Quant à prétendre que le conseil d'administration, le censeur de l'Etat ou le commissaire aux comptes n'étaient pas au courant de l'existence de ces fonds exotiques, c'est risible puisqu'il suffisait de lire les bilans", a précisé un ancien cadre. Et le fait est : faire croire le contraire consisterait vraiment à nous prendre pour des….