Eco-conception : faut pas prendre de gants…

Le 16/03/2009 à 19:49  

Eco-conception : faut pas prendre de gants…
Gants chirurgicaux
Il ne faut en effet pas prendre de gants avec la réduction des déchets à la source. Il faut même y aller carrément ! Fort de ce principe, la maison Glovea System a mis au point une machine de retraitement complet des gants jetables : la première de ce type vendue en France, a été inaugurée fin janvier dans les locaux de l'Usine R-Méca d’Evreux (Eure). Ridicule ? Et bien non quand on sait qu’en France, plus de 4 milliards de gants à usage unique partent à la poubelle chaque année…

Cette machine, conçue et développée par la société Glovea System, permet le retraitement automatique des gants hygiéniques jetables. Elle désinfecte et reconditionne les gants avec une traçabilité et une sécurité totale, à une cadence de 20 gants/minute.

Le gant à usage unique jetable est un dispositif indispensable des industries agro-alimentaires, cosmétologiques, pharmaceutiques et de l'univers des soins médicaux, pour des raisons évidentes d'hygiène et de santé publique.

En France, plus de 4 milliards de gants à usage unique partent à la poubelle chaque année.

Dans le monde, pas moins de 120 milliards de ces gants jetables souillés disparaissent après leur utilisation, et la fourniture de gants croît de 10% par an.

Aujourd'hui, chaque gant est utilisé puis jeté. Dans le monde médical, l'équation est simple : à chaque acte correspond une paire de gants. La durée de vie est donc très courte : chaque utilisateur porte ses gants 3 minutes environ (30 à 45 minutes dans l’agro-alimentaire).

L’utilisation intensive de gants qui en résulte représente un coût important pour les entreprises, mais aussi un volume très important de déchets à éliminer. Peut-on améliorer ces paramètres de coût et de développement durable tout en respectant les exigences de sécurité et d’hygiène les plus strictes ? C’est précisément le pari de Glovea qui propose un nouveau concept d’utilisation des gants hygiéniques dans le monde médical et l’agro-alimentaire.

Comment vous est venue cette idée de machine ?

« Devant l’obligation croissante de se protéger contre les agressions virales et bactériologiques ; le marché des gants est en pleine expansion, + 10% par an, qui ne cesse d’augmenter, et de plus en plus dans les pays en développement. Glovea va ainsi apporter une réponse hygiénique, économique et écologique et devenir ainsi, un acteur incontournable dans les secteurs de la santé et de l’agro-alimentaire, grâce à son dispositif de « reprocessing » des gants jetables. Ma profonde fibre écologique a été dérangée par tant de consommation et déchets. J’ai réalisé qu’il y avait là un vrai problème de société. Heureusement, aujourd’hui, la conscience collective réfléchit de plus en plus à la protection de la planète en mettant en place des process plus écologiques, donc citoyens. Avec l’idée du Gouvernement de la taxe jetable, le consommable est montré du doigt tant il est lourd de conséquences pour l’économie et l’écologie.

En créant Glovea, on a voulu réagir contre ce véritable gâchis des gants jetables (4 milliards chaque année en France), et on a eu l’idée de les nettoyer, en assemblant plusieurs composants et techniques de désinfection. Au début, pour nettoyer les gants, on a cru bon de les brosser. Or, le gant s’usait… On a alors pensé aux ultrasons, qui sont de véritables brosses virtuelles qui décollent les particules sur un support. Ces ultrasons ont été ajoutés au produit Anios, un détergent qui va tuer les microbes. On tenait là une solution de nettoyage et désinfection efficace, processus d’ailleurs validé par l’Institut Pasteur », nous explique, Gérard Poincelot, fondateur de la société

Glovea a délibérément choisi le Nitrile® pour la fabrication de ses gants, ce qui confère au produit une haute résistance notamment aux perforations. Chaque gant peut ainsi supporter au moins 15 opérations de reconditionnement. Ce gant en Nitrile® assure une protection efficace contre les agressions chimiques, microbiennes… Il est totalement dénué de protéines de latex, éliminant ainsi les allergies de type I et de thiurame et réduisant considérablement le risque d’allergie de type IV. Cette matière assure enfin un confort et une préhension sûre permettant un travail précis et agréable.

L’industriel met en place un dispositif irréprochable du point de vue de l’hygiène et du suivi.

Hygiène : en collaboration avec l'Institut Pasteur, des tests bactériologiques ont été menées, aussi bien sur l'intérieur que sur l'extérieur des gants. Ces tests révèlent qu’un gant jetable parfaitement nettoyé et totalement désinfecté grâce à la machine de Glovea atteint un degré de propreté encore plus élevé que des gants neufs.

Suivi : chaque gant est équipé d'un code Datamatrix. Ce code, propre à chaque client, assure une parfaite traçabilité du gant et des cycles de nettoyage. Chaque gant est ainsi identifiable. A chaque nouvelle étape de reconditionnement, il est soumis à de nouveaux contrôles : est-il déchiré ? Y-a-t-il des micro-coupures ? des taches ?...

Pour 1000 gants achetés, le système de Glovea permet un usage de 15 000 gants d’où une économie de 14 000 gants.

Quelles sont vos ambitions et perspectives de développement de Glovea ?

« Glovea aujourd’hui, c’est 3 personnes au siège. D’ici fin 2009, nous serons environ 15 personnes, pour arriver progressivement entre 250 à 300 personnes d’ici 2 ou 3 ans, comprenant Glovea Services et Glovea System.

Aujourd’hui on inaugure la 1ère machine de retraitement complet des gants jetables, c’est le prototype qui va nous permettre de créer et développer 5 autres machines d’ici la fin d’année. Chaque machine pourra traiter de 6 à 7,5 Millions de gants /an.

Actuellement en France, nous avons des contacts intéressés dans l'industrie, notamment agro, et pour l'export des lettres d’intention pour l’Allemagne et le Benelux, ainsi que des contacts dans d'autres pays. Le projet de Glovea est réellement à dimension internationale. Notre CA prévisionnel pour les 3 prochaines années : 2009:1,4 M€ - 2010: 4 M€ - 2011: 7,5 M€ », poursuit Gérard Poincelot.

Conscient des changements induits par l'utilisation et le développement de sa machine, l'entreprise a tenu à mesurer les impacts de celle-ci sur l'environnement. Elle a donc fait réaliser par un institut indépendant une étude comparative entre le système actuel (sans prestation de nettoyage) et les évolutions entraînées par une industrialisation du nettoyage des gants.

Et là, surprise… Ces émissions seraient 10 fois moins importantes.

Pour un site consommateur d'1 million de gants par an, le gain carbone est de 5,7 tonnes équivalent carbone.

Si les 4 milliards de gants à usage unique, qui partent à la poubelle chaque année en France, utilisaient le process Glovea, l'économie pourrait atteindre 23 000 t de CO2 !
Là où ça risque de faire le plus mal, c’est quand on va vous rapporter ce que l’industriel laisse entendre en terme de petits sous… Dixit Glovéa, il serait en mesure de proposer un gant jetable à un coût inférieur de 20 à 40% selon les secteurs...

Les concurrents qui se sentiraient déshonorés après une annonce pareille pourraient toujours jeter le gant… et demander réparation!