Dordogne: la collecte des DASRI nécessite une piqûre de rappel
Une enquête, effectuée en Dordogne (Aquitaine) en 2009, a abouti à la publication d'une étude test de l'Institut de veille sanitaire (InVS). Publié en mai 2010, le rapport (téléchargeable ici en format Pdf) indique qu'en France, près de 10% des déchets infectieux provenant de cabinets médicaux ou infirmiers partent en ordures ménagères. Faute de structures adaptées, et à défaut de services de collecte privée parce que trop onéreux, les Dasri (déchets d'activités de soins à risques infectieux) ne sont pas collectés et traités en toute sûreté. La filière a donc grand besoin de développer un plan de traitement cohérent et juste au niveau national.
Une enquête, effectuée en Dordogne (Aquitaine) en 2009, a abouti à la publication d'une étude test de l'Institut de veille sanitaire (InVS). Publié en mai 2010, le rapport (téléchargeable ici en format Pdf) indique qu'en France, près de 10% des déchets infectieux provenant de cabinets médicaux ou infirmiers partent en ordures ménagères. Faute de structures adaptées, et à défaut de services de collecte privée parce que trop onéreux, les Dasri (déchets d'activités de soins à risques infectieux) ne sont pas collectés et traités en toute sûreté. La filière a donc grand besoin de développer un plan de traitement cohérent et juste au niveau national.
Récemment déjà, l'Ademe publiait une étude montrant que même si le taux de collecte des DASRI était resté stable entre 2006 et 2008, les méthodes de traitement de ces déchets devaient être améliorées (lire notre article "L'Ademe publie un rapport sur l'élimination des DASRI"). La présente étude menée par l'inVS ne portait pas sur les déchets engendrés par les particuliers en automédication, mais sur les professionnels. Elle concerne les déchets piquants, coupants, et tranchants (aiguilles, scalpels), les déchets de soins (pansements, cotons, compresses, seringues, pinces, tubes...) et les petits déchets anatomiques (kystes, peau, liquide physiologique...).
Le cadre juridique est déjà en place car l'article 187 de la loi contraint les pharmacies, les laboratoires d'analyse et établissements de soins à collecter gratuitement ces déchets. Au nom du principe de la responsabilité élargie au producteur (REP), le coût de l'élimination de ces DASRI (estimé entre 8 et 18 millions d'euros en France) doit donc être pris en charge par les fabricants des médicaments et du personnel concerné. Des dispositifs de collectes séparées existent déjà ponctuellement dans certaines régions, mais il n'y a pas vraiment d'homogénéité sur le plan national. Il n'existe que 4 000 à 5 000 points de collecte, alors qu'il en faudrait 10 000 pour couvrir efficacement tout le territoire. Comme le démontrait déjà le rapport de l'Ademe, des disparités énormes existent entre les différentes régions. Par exemple, à Paris, il n'y a aucun dispositif de collecte.
Il s'agit donc de mettre en place un système adéquat, efficace et sécurisé pour que les professionnels puissent trier et jeter ces déchets sans danger d'infection. Il s'agit aussi d'assurer un maximum de sécurité pour les personnes maniant ces déchets. En effet, beaucoup sont jetés dans des bouteilles en plastiques, ou même parfois sans aucune protection. Mais les aiguilles peuvent transpercer l'emballage, s'il y a. Les employés et éboueurs sont donc à la merci de toute infection. En fin, un bon triage mènerait à un bon traitement et donc recyclage de ces produits. Cela éviterait ainsi qu'ils polluent les autres déchets mis en contact avec eux.
Les professionnels sont donc amenés à s'équiper correctement, mais cela va prendre du temps. La filière doit se mettre en place, et pour ce faire, la création d'un éco-organisme spécifique est nécessaire. Les pharmaciens sont peu enthousiasmes à l'idée de devenir des points de collecte, et exigent la mise en place de réceptacle sécurisé. En Dordogne, les professionnels de santé libéraux sont 60% à faire appel à une société privée de collecte, et 20% disent apporter eux-mêmes les déchets dans des centres de regroupement (déchèteries). Les 20% restants s'adaptent autrement, mais cela revient souvent à mettre les déchets aux ordures ménagères. Les professionnels sont 42% à trouver les procédures d'élimination trop onéreuses et pas assez adaptées à leurs moyens/besoins.
Le rapport indique également de fortes disparités de moyens entre la ville et les zones rurales. Dans l'agglomération de Périgueux par exemple, on peut apporter son petit conteneur dans une déchèterie en échange d'un nouvel emballage vide. En zone rurale, le coût de la collecte des Dasri incombe généralement aux professionnels médicaux, alors qu'ils traitent aussi les déchets du voisinage. Mais la situation semble s'améliorer petit à petit. En Dordogne, 4 435 boîtes de Dasri ont été envoyées à l'incinérateur et 7 262 ont été collectées en 2009. En clair, pour minimiser les risques, le rapport conclut sur ces termes: "Des solutions concertées et adaptées, telles que la mutualisation de filières d'élimination au sein de secteur géographique, pourraient de même être envisagées".