Dofasco : la résistance de dirigeants d'Arcelor

Le 13/11/2006 à 13:23  

Dofasco : la résistance de dirigeants d'Arcelor
Equipe de direction d'Arcelor en 2003 Alors que la semaine dernière, le Conseil d'administration d'Arcelor Mittal a unanimement nommé Lakshmi N.Mittal en tant que nouveau CEO à la place de M.Junck, les trois membres de la fondation néerlandaise (Robert Hudry, ancien membre du comité exécutif d'Usinor, Alan Turtle, juriste américain et Fredericus van Bladel, directeur juridique d'Arcelor) viennent de refuser sa dissolution. Cette décision bloque pour l'instant la cession de Dofasco (le CEO actuel est jacques Chabanier, un ancien d'Arcelor) à Thyssen Krupp comme le souhaite L N.Mittal...

Lorsque Mittal avait lancé son OPA hostile sur le sidérurgiste européen il avait déclaré qu'il revendrait Dofasco à Thyssen Krupp. Opposée à cette décision, la direction d'Arcelor avait créé une fondation de droit néerlandais indépendante dans laquelle elle avait logé les actions du canadien Dofasco afin de les protéger d'une cession. A l'époque cet acte de gestion avait été vivement critiqué au nom du respect des pouvoirs des actionnaires (voir ancien rédactionnel).
Depuis, l'opa de Mittal sur Arcelor a été un succès, et la participation au pouvoir des nouveaux actionnaires se confirme avec la réorganisation de la structure de direction du groupe. C'est le sens de la déclaration de M.Junck qui vient de céder sa place de CEO à L N.Mittal : " Je suis convaincu que cette clarification de l’organisation du leadership d’Arcelor Mittal est dans le meilleur intérêt de toutes les parties prenantes. Je reste convaincu de l’énorme potentiel d’Arcelor Mittal et, en restant membre de la direction générale, je continuerai à apporter tout mon support à M. Mittal et au groupe afin que ce potentiel soit réalisé."

Et pourtant...Même si la direction d'Arcelor Mittal a demandé aux représentants de la fondation néerlandaise de la dissoudre, ils répondent par la négative. Dans ces conditions, on peut s'interroger sur leur motivation. Une fois encore, ne sont-il pas en train de bafouer le droit des actionnaires ?. A la manœuvre, quel combat d'arrière-garde ces responsables de l'ancien Arcelor sont-ils en train de mener ?. Il faut espérer que sous couvert de la défense de l'intérêt social, ils ne sont pas en train tout simplement de défendre leurs intérêts . En effet, le temps est un argument important dans la négociation avec Thyssen pour la reprise de Dofasco. Et, sans accord rapide, la cession devrait être caduque. Peut-être est ce même déjà le cas, Thyssen préférant investir dans la construction d'une usine aux Etats-Unis.

D'ailleurs, la direction d'Arcelor Mittal indique qu'elle étudie la question et " qu'elle va se mettre en contact avec le département de la justice américain". Au cas où la cession ne serait pas possible, le groupe Arcelor Mittal pourrait être amené à se séparer d'actifs pour cause de position dominante. On parle des sites de Sparrows Point, de celui de Weirton.

En attendant, on aimerait véritablement mieux comprendre la logique et la motivation de la décision des responsables de la fondation néerlandaise.

Gel de Dofasco : un drôle de montage juridique
La fondation est le propriétaire juridique des titres mais Arcelor conserve à la fois les intérêts économiques (dividendes, cash-flows) et le pouvoir opérationnel sur sa filiale. L'unique objet social de la fondation concerne la cession de Dofasco. Une telle décision doit réunir l'unanimité des administrateurs indépendants et salariés du conseil d'Arcelor, mais également le feu vert du conseil de la fondation, constitué de trois membres (Robert Hudry, ancien membre du comité exécutif d'Usinor, Alan Turtle, juriste américain et Fredericus van Bladel, directeur juridique d'Arcelor). Selon les avocats d'Arcelor de l'époque, on ne peut pas contraindre ces trois administrateurs de céder contre leur gré Dofasco. Et ce pour une durée de cinq ans, date à l'issue de laquelle la fondation peut être dissoute. Arcelor justifiait à l'époque ce montage par la défense l'intérêt social de l'entreprise.