Dioxines et santé : l'Académie Nationale de Médecine se prononce
Le 28 juin 2005, l'Académie Nationale de Médecine située rue Bonaparte à Paris, adoptait à l'unanimité un texte au titre de la Commission XIII (Santé Publique-Epidémiologie-Environnement) où elle précisait "qu’aux côtés des CET de classe 2 avec méthanisation des déchets et production de biogaz, les incinérateurs de troisième génération intégrés à un processus global d’écosite, et assurant par valorisation des fumées le chauffage urbain et la production d’électricité, ne peuvent pas, dans l’état actuel des connaissances, porter atteinte à la santé des populations..."
Dans son rapport, l’Académie Nationale de Médecine a tout d'abord rappelé :
l’importance pour la santé publique et l’environnement des modalités de traitement des déchets des ménages, des déchets industriels « banals » des commerçants et des artisans, des déchets urbains, et de la recherche dans ce domaine de solutions conformes au développement durable (les déchets industriels et agricoles faisant, de leur côté, l’objet de filières réglementaires de recyclage et de traitement) ;
la nécessité de faire conduire d’une part, les actions permettant d’aboutir à 50% de recyclage et de valorisation de ces déchets, et d’autre part, de sensibiliser les enfants au tri sélectif ;
la fermeture ou la nécessaire réhabilitation des décharges existantes avec si possible, systèmes de captage et de brûlage ou valorisation des biogaz dans le respect des normes éco-toxicologiques ;
la réalisation compte tenu des contextes et des contraintes locales, de nouvelles unités de traitement de déchets organiques par méthanisation avec valorisation du biogaz Centres d’Enfouissement Technique (C.E.T de classe II) ;
la possibilité d’utiliser d’autres méthodes d’élimination des déchets, parmi lesquelles les incinérateurs de troisième génération avec production de vapeur et/ou d’électricité ; ces incinérateurs donnent aujourd’hui des garanties suffisantes pour réduire efficacement les émissions de dioxines en sachant cependant qu’il y aura toujours dans l’atmosphère des dioxines de sources naturelles, dont celles des feux de forêts ;
en l’absence de risques zéro, les exigences d’une limitation drastique des émissions anthropiques de dioxines permettent de considérer que le danger potentiel des dioxines sur la santé apparaît aujourd’hui comme négligeable aux doses journalières « acceptables », telles qu’elles sont définies par les autorités sanitaires, européennes et internationales ;
les dioxines sont cependant perçues comme dangereuses par les populations depuis l’accident de Seveso en raison de leurs propriétés éco-toxicologiques ;
elles cristallisent les angoisses de la société actuelle qui a évolué très vite et qui demande à la science des garanties à 100 % que celle-ci ne peut jamais donner ;
la médiatisation des dioxines majore les craintes de beaucoup malgré les progrès considérables survenus dans les process industriels de traitement et de valorisation des ordures ménagères.
Puis, elle a proposé :
de ne pas laisser entretenir dans la population un climat de crainte et de désarroi devant les affirmations péremptoires du risque des dioxines sur la santé humaine et le devenir de l’espèce, alors que ces craintes s’expriment par référence à des évènements à l’origine de pollutions importantes ou à des rejets prolongés de fumées d’incinérateurs de première ou de deuxième générations, qui ont été pour les uns démantelés, ou mis pour les autres aux normes européennes et internationales actuelles dûment contrôlés.