Développement durable : Entre discours et pratique contentieuse
Dernier épisode en date dans le dossier COGEMA : le Parquet a fait appel de la décision de renvoi de la COGEMA devant le tribunal correctionnel.
Ce positionnement du Parquet peut apparaître comme scandaleux ; il témoigne en tout cas d’une immixtion politique dans cette affaire judiciaire, au moment où AREVA cherche à séduire des investisseurs privés pour développer ses activités…
Le dossier des pollutions industrielles résultant de l’exploitation minière a été conduit jusqu’alors de manière cohérente et exemplaire par la justice. Le juge d’instruction a considéré après quatre ans d’enquête qu’il y avait matière à responsabilité. La justice faisait son travail en toute indépendance...
Ce dossier devait permettre d’identifier clairement les responsabilités des divers acteurs (Cogéma, ses filiales et les autorités administratives).
Il devait permettre d’envisager enfin une remise en état des sites pollués.
Il devait contribuer à éclairer sur les coûts de la filière nucléaire qui doit intégrer l’ensemble des effets sur l’environnement, de l’extraction du minerai jusqu’à la gestion des déchets de centrales.
Ce sont ces éléments que le pouvoir politique semble vouloir occulter, préférant la fuite en avant de la logique du tout nucléaire.
Le travail de Sources et Rivière du Limousin et de France Nature Environnement a été reconnu par la décision du juge d’instruction, qui vient démontrer le bien fondé des accusations.
Oui mais voilà...
L’Etat semble décidé à tenter la voie de la dernière chance pour éviter un débat de société pourtant inévitable.
La société civile peut ainsi apprécier la portée du discours sur le développement durable et la capacité de notre société à vouloir effectivement débattre des questions majeures.
Reste à atttendre la décision de la chambre d’instruction de la Cour d’Appel, espérant qu’elle nous rassure sur l’indépendance de la justice dans notre démocratie.