Design et Zéro déchet : un mix valant le détour…

 Des idées intelligentes, intéressantes, souvent très originales mises en œuvre sous forme de projets et de prototypes aboutis, tous signés par des étudiants convaincus, qui ont accepté de se pencher sur un thème cher à François Dagnaud, Président du Syctom, à savoir la réduction des déchets à la source… Chacun des candidats s’est clairement positionné en qualité d’apporteur de solution « qui tienne la route ». Reste à savoir si des industriels prendront la suite afin de développer et mettre sur le marché, ces nouvelles manières de voir le quotidien. Ceci dit, chaque chose en son temps ; aujourd’hui avait lieu la remise des prix du concours …

 Jour J pour de nombreux étudiants qui ont participé à la seconde édition du concours Design Zéro déchet », lequel est organisé par le Syctom, l’agence métropolitaine de gestion des déchets ménagers (en partenariat avec la région Ile-de-France, et accompagné par l’agence Thema_Design, laquelle a été sélectionnée sur appel d’offres), dans le cadre de son plan de prévention « Métropole Prévention Déchets 2010-2014 ».
Avec ce concours, « le Syctom souhaite sensibiliser les producteurs et les distributeurs de biens de consommation afin de penser les produits différemment, et les envisager comme de futures ressources », rappelle bien volontiers François Dagnaud qui président aux destinées du syndicat.

 Ce concours s’adressait, comme l’an passé, à tous les étudiants inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur situé en Ile-de-France, quel que soit la formation suivie (design, sciences de l’environnement, ingénierie, arts appliqués, …). Il suffisait de s’y inscrire avant le 31 janvier.
L’idée maitresse de compétition est de solliciter des étudiants et de leur demander de concevoir des biens de consommation (ou encore des services) innovants et durables, permettant de réduire fortement les quantités de déchets générés par les produits mis sur le marché, pour ainsi mieux préserver les ressources naturelles.
On retiendra que le Syctom souhaite associer les producteurs de biens de consommation à ce concours afin que les projets lauréats trouvent un débouché commercial concret.
Dans cette logique, des séminaires ont été organisés dans les Ecoles en Ile de France pour les étudiants afin de les aider à mieux appréhender les enjeux liés à la prévention des déchets et l’innovation. Ces rencontres leur ont évidemment permis d’explorer différentes pistes : analyser l'ensemble du cycle de vie d'un produit pour identifier le potentiel de réduction des déchets, interroger la fonctionnalité, mais aussi l'utilité d'un produit ou encore repenser la durabilité et la "réparabilité" d’un produit.

 Ce ne sont pas moins de 48 projets qui ont été reçus dès le 28 février 2013 !
7 écoles ou universités différentes (École Boulle, École Camondo, ENSAD, ENSCI, La Sorbonne, Strate College et l’Université de Cergy-Pontoise)
Des équipes composées de 1 à 5 étudiants
 31 projets proposant un produit, 7 un service et 10 un produit associé à un service
 Des impacts sur la réduction des déchets variés...
Le 14 mars 2013, un comité technique s’est réuni pour faire une première analyse des projets en les évaluant selon cinq critères, à savoir la qualité du dossier, le caractère innovant du projet, l’impact sur la réduction des déchets, l’adaptabilité et la faisabilité technique en Ile de France

 Plus tard, le 23 avril, un jury composé de 12 membres, représentants du Syctom, de l’Ademe, de la région Ile-de-France, mais aussi des professionnels du design et de l’éco-conception, des partenaires associatifs et des entreprises privées, s’est réuni pour désigner les lauréats ; quatre prix de 1.000 à 5.000 euros sont remis à l’établissement dans lequel l’étudiant est inscrit.
Trois projets ont été récompensés par le jury, tandis que le Syctom a attribué un prix spécial au projet de son choix.
 

- Remise des prix (© David Templier/Syctom) -

 Le 1er prix du jury a été attribué à Florian Delépine étudiant à l’ENSCI pour son projet intitulé « L’Université Populaire du bricolage ». L’idée développée par Florian Delépine a clairement consisté à prolonger la durée de vie des produits, en favorisant la réutilisation des matériaux, ce qui aboutit évidemment à diminuer la quantité de déchets provenant de flux ménagers et professionnels.
« Les sur-quantités de déchets produits aujourd’hui proviennent en grande partie de notre rapport à la (sur)consommation d’objets et de produits et à leur faible durée de vie (physique ou psychologique). L’Université Populaire du Bricolage cherche à faire évoluer les mentalités par rapport aux objets en les réparant, en leur donnant une deuxième vie dans un état d’esprit d’échanges et de mise en réseau », explique le jeune homme.
Cette université atypique consiste en un espace ouvert à la population de 400 m2 environ proposant :
 Des ressources (machines, matériaux, et de la documentation, savoir-faire, personnels)
Des services (location d’un espace de travail, stage et cours techniques, achat de matériaux,...)
 Des objets à la vente, tous fabriqués à base de matériaux de récupération pour inspirer, donner envie de reproduire
Elle prévoit une communication qui rend tout accessible. Grâce à une carte d’adhérent, on pourra bénéficier d’une fiche de présentation pour chaque matériau, de plans de fabrication d’objets et de mobilier pour guider et inspirer, sans compter un site internet communautaire recensant toutes les ressources…
« J’ai d’ores et déjà crée quelques éléments graphiques, de manière à ce que les gens puissent reproduire ces quelques modèles, à partir de matériaux de récupération »…
Ainsi, il nous présentait un tabouret, esthétique tout autant que confortable, fabriqué avec du bois aggloméré, lequel avait été lâché sur un trottoir parce que le meuble avait cessé d’intéresser, à moins qu’il n’ait été HS…

 Le 2ème prix a été accordé à Aurélie Radom préparant une Licence 3 «Design et Environnement» à l’Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne pour son « Carry Bag ». La jeune femme a travaillé à l’idée de supprimer certains emballages sans pour autant s’empoisonner la vie. Elle démontre avec talent que c’est possible…
"Les sacs c’est bien, mais arrivé chez soi, ce n’est pas toujours évident de ranger ses provisions dans son réfrigérateur sans qu’un fruit ne roule ou ne tombe", explique en substance, Aurélie Radom. D’où son « Carry Bag », un cabas de courses à roulettes (recyclable parce que composé d’acier pour l’armature et de plastique -PET- pour le reste) spécialement conçu pour les fruits et légumes avec des contenants pouvant être mis directement dans le frigo. Transparent pour donner une idée de pureté et de propreté, pratique avec un couvercle coulissant de l’avant vers l’arrière, comprenant des contenants pour transporter et stocker, ce super caddy est donc équipé de contenants en PET, de tailles variables, adaptés à chaque type de fruits et légumes…
Il ne pèse que 800 gr, mais peut transporter 30 kilos de ravito…

 Le 3ème prix a été remis à Léa Mazy étudiante à l’Ecole Boulle, pour son « Platôrond », lequel a pour vocation de réduire le gaspillage alimentaire des enfants dans les cantines scolaires. Il y a matière, sans mauvais jeu de mots : 150 gr en moyenne, par repas et par enfant…
Eco-conçu, fabriqué en composite naturel et bio-dégradable à base de fibres de bambou recyclé et de cellulose végétale, décliné en une gamme colorée harmonieuse et ludique, « Platôrond » vise à sensibiliser le personnel des cantines scolaires, aussi. C’est la raison pour laquelle « ce plateau repas compartimenté intègre différentes tailles de contenants, lesquels seront utilisés en fonction de l’appétit des enfants. Etre à l’écoute de l’appétit des petits, consistera à composer selon l’appétit de l’enfant, respecter l’équilibre alimentaire, prendre conscience de l’enjeu du repas et échanger en permanence avec le personnel éducatif ». Ce plateau intègre 3 tailles de contenants, un bon moyen visuel d’évaluer l’appétit : le petit et le moyen contenant pour l’entrée et le dessert, le moyen et le grand contenant pour le plat principal.
En fin de repas, on peut aussi, de manière ludique, mettre les restes du repas dans un endroit réservé, l’idée étant d’en faire le moins possible… cela va de soi.

Le prix spécial du Syctom a honoré Marion Guerry et Emmanuelle Lepine étudiantes à l’Ecole d’architecture et de design Camondo pour leur projet intitulé « Cuir trois Ages ». Tout un programme que celui là !!!
Plus à la mode, plus à la taille ou usés, un constat d’impose : les écoliers français jettent, chaque année, 1,6 million de cartables soit l’équivalent de 94 000 tonnes de CO2. La plupart des cartables sont en polyester, émettant de la fabrication à leur élimination environ 59kg de CO2. Si l’écolier réutilise son sac d’une année sur l’autre, il économise une quantité de CO2 équivalente à un trajet de 370km en voiture (source Ademe).
D’où l’idée des deux étudiantes de proposer un cartable en trois versions possibles, autrement dit, un seul patron à transformer (il suffira d’utiliser un matériau de qualité pour sa fabrication, évidemment) : un cartable pour l’enfant, un sac à dos pour l’adolescent, un porte-documents pour l’adulte. Les jeunes femmes ne manquent pas d’arguments : « réduire la quantité de cartables jetés chaque année, c’est créer un rapport affectif avec son sac et renouer avec un matériau durable, comme le cuir ». Une notice serait évidemment fournie avec le cartable… A charge pour maman de relooker en version numéro 2, le cartable du petit devenu grand… Ingénieux, n’est-il pas ?

 François Dagnaud, ne cache pas sa joie… Il faut dire qu’il y a de quoi ! Cette année encore, la créativité est au rendez-vous, avec des projets prenant en compte l’ensemble de la chaîne de consommation.
Le président se « réjouit des résultats de cette 2e édition de ce concours et félicite chaleureusement les lauréats ainsi que l’ensemble des participants pour la créativité qu’ils ont su mettre au service d’une société moins gourmande en ressources naturelles ».
Il souhaite désormais que « ces projets prometteurs trouvent le plus rapidement possible à se concrétiser » et remercie « les représentants des entreprises et de la grande distribution qui ont accepté de participer au jury du concours et de se confronter aux exigences d’une réalité : celle de l’urgence à faire évoluer nos modes de consommation et de passer de l’ère du tout jetable à celle du plus durable »…