Des déchets organiques à la transition énergétique : Locminé franchit le pas
Basé à Locminé en Bretagne, la SEM Liger a installé depuis 2012, une chaufferie à bois et une unité de méthanisation, qui utilisent les ressources du territoire et les transforment en énergies renouvelables, l'objectif étant de garantir l’indépendance énergétique du territoire et de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Avec une production à venir 5 millions de m3 de biogaz équivalent à 2 850 000 Nm3 de gaz naturel par an, la réalisation de ce projet, qui a nécessité un investissement 14,5M€, ne manque pas d'atouts... Le 19 mai dernier, était inauguré ce premier site morbihannais d'injection de biométhane dans le réseau de distribution de gaz naturel, une occasion de présenter le nouveau service dédié aux biodéchets. De nombreuses personnalités, dont Dominique Ramard, Conseiller régional délégué à la transition énergétique, avaient répondu favorablement à l'invitation de Grégoire Super, Président de Liger et Christelle Rougebief, Directrice Clients Territoires de GRDF Ouest ...
En concrétisant ce projet, de construire un méthaniseur producteur de biométhane (obtenu après épuration du biogaz, lui-même produit par la fermentation des déchets organiques), qui subit les mêmes opérations de contrôle, de régulation et de traitement, dont l’odorisation, pour les mêmes usages (chauffage, eau chaude, cuisson…), ce qui lui permet d'être injecté dans le réseau de distribution, le territoire de Locminé contribue à l’augmentation de la part d’énergie renouvelable dans le mix énergétique breton, et plus largement, aux objectifs nationaux de la loi de transition énergétique pour la croissance verte (d'ici 2030, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique français devra être de 32 %, et celle du gaz renouvelable dans le réseau de distribution de gaz naturel, est fixée à 10 %. D’ici 2050, il faudrait avoir divisé par 4, les émissions de GES). Le territoire de Locminé affche aussi, son choix d'opter pour un modèle d’économie circulaire en transformant les déchets en ressource énergétique, au bénéfice de ses habitants et de ses acteurs économiques.L'unité de méthanisation est alimentée par des déchets issus d’activités locales : 48 000 tonnes de déchets de l’agro-industrie locale (graisses animales, connes et fanes de légumes…), 8 000 tonnes d’excédents agricoles (lisier des élevages porcins) et 4 000 tonnes des collectivités (boues et effluents des stations d’épuration). A la clé, 7,3 millions de kWh de biométhane, devraiente être produites, soit la consommation totale de plus de 600 foyers en chauffage et eau chaude par an.

« Le pôle énergétique Liger a pour vocation première de préparer l’avenir, celui de notre territoire et celui de nos enfants. Qui aurait pu imaginer, il y a dix ans, que notre commune serait dans peu de temps autonome en énergie, en utilisant les déchets que nous produisons pour nous chauffer, nous éclairer, alimenter nos véhicules », interrogeait Grégoire Super.
Produisant déjà de l'électricité verte, on assiste à une double valorisation des déchets, unique en France, qui contribue à réduire les émissions de gaz à effet de serre ; Liger est la 1e unité dans le Morbihan, et la 3ème en Bretagne, à injecter du biométhane 100 % renouvelable dans le réseau de distribution exploité par GRDF, qui a accompagné la SEM pour la réalisation des études de faisabilité, le raccordement des installations, leur exploitation et maintenance, et garantit l’acheminement du gaz renouvelable vers les usagers finaux.
Le principal opérateur de la distribution de gaz en France, qui ne compte pas s'arrêter là, achemine de plus en plus de gaz renouvelable et constitue en cela un véritable vecteur de la transition énergétique. Cette volonté manifeste de s'impliquer davantage dans cette voie, illustre une dynamique qui s’accélère, puisque 100 nouveaux sites d’injection dans le réseau exploité par GRDF devraient voir le jour en 2018. Selon l’objectif fixé par la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte, 10 % du gaz distribué sera du gaz renouvelable d’ici 2030.
Cette inauguration a également été l'occasion de présenter un projet qui s'inscrit dans la boucle énergétique locale : il s'agit du lancement d'un service d'un nouveau genre, destiné aux entreprises de la restauration collective et commerciale proposé par Axibio, la Tournée Verte et Liger : Axibio a conçu un équipement et une plateforme informatique permettant le pré-traitement des biodéchets, le pilotage du transport (assuré par la Tournée Verte) et de la valorisation (assuré par Liger). En février 2017, elle était d'ailleurs lauréate du concours French Tech Emergence organisé par la BPI (cet équipement, fabriqué en France fait l’objet de plusieurs brevets).

Créée en 2016, la start-up Axibio propose des solutions de traitement des biodéchets pour la restauration collective et commerciale, les marchés alimentaires et, à moyen terme, les collectivités locales qui doivent organiser la collecte des particuliers d’ici 2025. Elles permettent un abaissement des coûts de transport et de traitement, une connaissance précise des pertes alimentaires ainsi qu’une mise en conformité rigoureuse avec la réglementation.
Sur le terrain, la jeune entreprise implante chez ses clients un équipement de compactage et de séparation des erreurs de tri équipé d’une balance et connecté à un portail web, une solution qui leur permet de :





Quant à Liger, elle repose sur 4 fondamentaux qu'elle ne manque jamais de rappeler : valoriser les ressources locales, fédérer les acteurs du territoire, innover dans l’ingénierie environnementale, et partager son savoir-faire. C’est pourquoi ses responsables n’hésitent pas à ouvrir les frontières pour passer des partenariats régionaux et encourager le développement de la méthanisation pour la production de biométhane.Avec le projet Embryon, breveté en 2012, on a pour objectif d’avoir la capacité de réceptionner du « gaz porté » afin de limiter le transport de matières organiques sur les routes. L’unité de méthanisation deviendrait une unité de méthanisation « mère » prête à accueillir le gaz liquéfié par des unités satellites installées sur des exploitations agricoles et industrielles, dites unités « filles ».
Voilà un projet d'ensemble qui ne passe pas inaperçu : il suscite l'intérêt d'acteurs français, mais aussi en provenance de grandes villes étrangères (Mexique et Japon), qui viennent voir sur place, ce qui se passe dans ce « petit pays » nommé Locminé, qui ne compte que 4 000 habitants, mais produit des milliers de kilowatts d’énergie...
