Derichebourg compte désormais sur le recyclage !
Il n'y avait pas besoin d'être un gourou de la finance pour prévoir que la reprise des activités de Penauille par Derichebourg serait un pari difficile à réussir. Non seulement, elle continue de mettre à rude épreuve les nerfs des actionnaires, mais en plus ne leur procure aucune perspective de synergie industrielle valorisant le groupe et ses collaborateurs tant au niveau de leur avenir professionnel que financier. Tôt ou tard, un revirement stratégique pourrait bien intervenir afin de rétablir une logique industrielle dans ce conglomérat, et ceci d'autant plus que le poids de la dette pèse sur le développement des activités...
L'exercice 2009 de Derichebourg, clôturé au 30 septembre dernier fait état d'un chiffre d'affaires de 2,4 milliards d'euros, en retrait de 43%, avec une perte opérationnelle de 5,4 M€. C'est mieux que ce qu'attendait globalement la communauté financière qui constate une amélioration du résultat opérationnel courant à 25,2 M€ au second semestre contre -30,6 M€ au premier semestre. La perte nette est réduite à 11,8 M€ sur le second semestre. Mais, suite aux dépréciations d'actifs, elle s'élève sur l'exercice à 178,9 millions d'euros.
Il n'en reste pas moins que les prévisons sur les activités Servisair et Multiservices restent délicates. S'il faut reconnaître les efforts de gestion et d'amélioration de rentabilité sur ces branches, elles sont fortement tributaires de l'évolution de la conjoncture économique et du transport aérien. De plus, en cas de pertes de contrats commerciaux, l'addition peut s'avérer lourde en termes de gestion de passif social et de valorisation des participations. C'est le constat que l'on peut faire suite à la provision pour dépréciation des écarts d’acquisition qui s'est élevée à 122,6 M€. dont 40 M€. au titre de Servisair et 76,8 M€. au titre de Multiservices sur cet exercice. Difficile dans ces conditions, d'avoir de la visibilité sur la contribution et l'avenir de ces activités. En attendant, elles pèsent lourdement sur la rentabilité du groupe et freinent le développement de la branche environnement qui continue de soutenir financièrement l'ensemble de Derichebourg. D'ailleurs, les dirigeants reconnaissent désormais que c'est bien le métier historique du recyclage qui " contribuera pour une large part à la poursuite du redressement du résultat".
A cet égard, deux facteurs vont impacter les décisions du management de Derichebourg dans les prochains mois. A court terme, l'évolution de la conjoncture dans les métiers du recyclage métallique qui aura un effet direct sur l'équilibre financier. A moyen terme, la gestion de la dette qui à fin mars s'élevait à 862 millions d'euros. Et, dans tous les cas de figure, la question de l'intérêt du maintien de statut de conglomérat de Derichebourg reste posée. Aujourd'hui, plus encore qu'hier, la mondialisation des marchés et des métiers est une réalité qui favorise les opérations de croissance externes et soutient la création de leaders mondiaux. Mais pour cela, il faut avoir une structure financière adaptée au service d'une stratégie industrielle . Or, l'impression générale dégagée par le management de Derichebourg est plutôt celle d'un groupe naviguant à vue sans vision claire de son avenir.