Démantèlement nucléaire : Veolia veut sa part du gâteau

Le 16/01/2013 à 15:56  

Démantèlement nucléaire : Veolia veut sa part du gâteau
démantèlement nucléaire Veolia Environnement et le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique et aux énergies alternatives) annoncent avoir conclu un accord général de collaboration dans le domaine de l'assainissement et le démantèlement d'installations nucléaires, un marché promis à un fort développement en France et dans le monde. Une première concrétisation de cet accord se traduira par une collaboration sur 2 opérations pilotes sur 2 sites du CEA ; il s'agira d'une caractérisation complète d'un laboratoire de Cadarache (Bouches-du-Rhône) et d'un ensemble de locaux de l'usine UP1 de Marcoule (Gard)...

 Cet accord stratégique consiste en une collaboration technologique entre Veolia Environnement et le CEA, notamment concernant la cartographie radiologique des installations et des outils associés.Ce domaine constitue en effet l'un des enjeux technologiques majeurs des opérations de démantèlement. En particulier, lors de la phase de caractérisation de l'état initial, les mesures nucléaires et leur intégration sont incontournables pour définir et optimiser le scénario de démantèlement ainsi que pour améliorer la protection des travailleurs et de l'environnement. La caractérisation de l'état final sert à démontrer que l'état final prévu de l'installation a été atteint.

 "Cet accord de collaboration avec le CEA est une nouvelle preuve de la capacité de Veolia à garantir des solutions innovantes pour répondre aux grandes problématiques environnementales du monde actuel, auxquelles sont confrontées ses partenaires et ses clients. La combinaison des expertises intégrées de Veolia dans l'eau, la propreté et l'énergie, nous permet aujourd'hui d'être un interlocuteur de référence pour assurer l'avenir des installations sensibles, notamment nucléaires, un enjeu environnemental pour de nombreux pays", indique Antoine Frérot PDG de Veolia Environnement, soulignant au passage l'importance à venir de ce marché du démantèlement.

 En France, le parc des installations nucléaires est constitué de 125 INB (Installations Nucléaires de Base), dont une trentaine en cours de démantèlement. Pour celles actuellement ou prochainement mises à l’arrêt, des programmes de démantèlement s’étalant sur plusieurs dizaines d’années sont en cours d’élaboration. Au total, 300 réacteurs devront être arrêtés, à l’échelle mondiale, dans les 20 prochaines années. S'ils ne seront pas tous démantelés immédiatement, le nombre de chantiers lancés devrait fortement croître et laisse entrevoir des perspectives d’activité très prometteuses pour les entreprises spécialisées dans un secteur jusqu'à présent limité à des volumes restreints, comme le démantèlement de laboratoires de recherche ou d'usines de transformation de combustible. La Cour des comptes indique, dans son rapport sur les coûts de la filière électronucléaire diffusé en janvier 2012, que les exploitants chiffrent à 31,9 milliards d'euros le démantèlement des installations civiles françaises. Et le cabinet de conseil Arthur D. Little prévoit un marché de 220 milliards d'euros dans le monde sur 20 ans. De quoi aiguiser les appétits...

centrale en cours de démantèlement Dans le cadre de cette collaboration, la Direction de l'Energie Nucléaire (DEN) du CEA apporte son savoir-faire et son expérience dans le domaine de l'assainissement et du démantèlement, ainsi que ses compétences en R&D dans les techniques et les outils permettant de mener à bien ces opérations de manière optimale (mesure, robotique, simulation 3D...). Via sa filiale dédiée Asteralis (créée le mois dernier), Veolia apportera son savoir-faire pour proposer les solutions industrielles adaptées à la caractérisation complète des états radiologiques des installations, que ce soit avant, pendant ou après le démantèlement. Le géant français des services à l'environnement va ainsi se retrouver en compétition avec des groupes de BTP comme Vinci ou Bouygues et le spécialiste du nucléaire Areva, déjà positionnés sur ce créneau.

 "Cet accord avec Veolia reflète parfaitement le positionnement du CEA dans le paysage de la recherche publique et notre stratégie allant de la recherche la plus fondamentale à l'industrie. Nous attachons une grande importance à maintenir une recherche du plus haut niveau et à diffuser l'innovation dans les entreprises françaises. Les hautes technologies développées et utilisées au CEA depuis plusieurs années pour le démantèlement nucléaire, comme les techniques d'analyse radiologique à distance, les logiciels de simulation, ou la robotique, ont vocation à servir les industriels français intéressés par des marchés dans ce domaine d'activité", a déclaré de son côté Bernard Bigot, Administrateur Général du CEA. Ce dernier, qui dépense lui-même plus de 600 millions d'euros par an pour démanteler ses installations obsolètes, a dit vouloir contribuer au développement d'une filière industrielle, en mettant à profit sa propre expérience.