DEEE pro : la région Rhône-Alpes emprunte une voie possible...

Le 22/11/2010 à 16:51  

DEEE pro : la région Rhône-Alpes emprunte une voie possible...

DEEE Les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) ménagers disposent depuis plusieurs années d'un système de collecte, avec pour relais obligés, les éco-organismes Eco-Systèmes, Ecologic, ERP (plateforme européenne) et Recylum (pour les lampes). Rien de tel pour les DEEE professionnels ; des sociétés ont déposé des dossiers, toujours en attente d'agrément. Ce n'est pas une raison pour ne rien faire : la région Rhône-Alpes veut montrer un exemple avec sa filière "Ordinateurs solidaires", lancée par les entreprises de la région, et qui propose de traiter les DEEE professionnels. Une idée à méditer et pourquoi pas, à étendre?...

La part des DEEE des entreprises orientée vers une filière de réemploi en 2009 était de 40% en France. Cette part n'était que de 22% en 2008, ce qui traduit une belle progression. En revanche, la part du recyclage, c'est-à-dire les machines démantelées et dont les composants ont été recyclés, a diminué de 64 à 46% sur la même période. Cela nous montre que les entreprises renouvellent suffisamment régulièrement leur matériel informatique pour que celui-ci puisse servir à d'autres. Le problème réside plutôt dans la manière de procéder. En effet, il n'y a pas (encore) de structure adaptée au niveau national pour gérer le flux des DEEE de bureaux.

 La région Rhône-Alpes a décidé de s'attaquer à ce problème. En 2010, une filière originale de réemploi dénommée "Ordinateurs solidaires" est entrée dans sa phase opérationnelle. Comment cela marche-t-il? D'un côté, il y a les entreprises ou administrations prêtes à donner des ordinateurs en état de marche, mais destinés à être remplacés. Comme elles sont généralement incitées à remplacer en moyenne tous les 3 ans leur parc informatique, on imagine sans peine la quantité de DEEE encore en état de marché, jetée chaque année. De l'autre côté, se trouvent des associations, écoles ou centres sociaux qui cherchent à rendre les nouvelles technologies accessible à tous. Des entreprises d'insertion, spécialisées dans le reconditionnement informatique qui se chargent de mettre à niveau les machines, font la jonction entre ces deux mondes.

Durant cette première année d'expérimentation, 500 ordinateurs ont été "commandés" sur la base d'un appel à projet ; ils sont en cours de livraison. Les donateurs ont injecté au total 1 800 ordinateurs dans la filière de réemploi. Jacques Houdremont, directeur de la maison de Grigny, nuance ce chiffre en indiquant que "la mobilisation reste difficile, bien que nous aillons d'ores et déjà dépassé nos objectif de don pour 2010". La maison de Grigny doit se transformer en VRP pour sensibiliser les entreprises, mais le phénomène du crédit-bail décale aussi la cible des donateurs potentiels vers les sociétés du spécialisés.

En outre, il apparaît qu'une bonne campagne de pédagogie doit être menée auprès des entreprises et des promoteurs de la filière. Pour assurer sa pertinence économique, les dons d'ordinateurs se répartissent ainsi: sur 100 machines, 80 sont cédées au reconditionneur pour son activité commerciale propre, les 20 autres seront données aux associations. Le directeur de Micronov, une entreprise d'insertion installée à Bourg-en-Bresse, Jean-Guy Périllat indique que "c'est un bon deal si les ordinateurs ont trois ou quatre ans maximum car les 80 permettent d'absorber les coûts des 20 donnés". La filière Ordinateurs solidaires est un projet pilote du dispositif national Ordi 2.0, dont l'objectif est de développer des filières de réemploi solidaire sur l'ensemble du territoire, et ce dans le cadre du plan France Numérique 2012. Le modèle ayant montré un bon départ, ses promoteurs souhaitent maintenant davantage de volontarisme de la part des entreprises responsables.