
Il a été officialisé que l’on doit doubler la collecte des D3E, que la France est à la peine et que sans les entreprises qui maillent le territoire, cela serait utopique de penser y parvenir. A la suite de quoi, les éco-organismes se sont rapprochés de Federec, afin de mettre en place des conventions qui permettront aux entreprises adhérentes de contracter et de devenir ainsi, partenaires de la collecte, du traitement et du recyclage de ces déchets. Jusque là, tout va bien. C’est sans compter la dernière mouture de la loi sur la transition énergétique dont certains termes ont été imposés, by night, par le gouvernement, balayant ainsi d’un revers de manche, le vote parlementaire qui avait entériné une formule différente…


De fait, éviter de complexifier les procédures, lorsqu’on peut se contenter de s’assurer que la réglementation en vigueur est respectée, relève du raisonnable et de la sagesse.

A cela s’ajoute que la référence au standard européen Cenelec conforte l’idée que l’on souhaite un « recyclage optimal du déchet ». Avec a contrario, une lutte contre les sites illégaux de traitement de déchets. Les députés n’ayant pas manqué d’indiquer que Federec « travaille déjà avec les éco-organismes DEEE, par le biais de conventions passées via des engagements volontaires, qui encadrent de nouveaux contrats de collecte et/ou de traitement chez les opérateurs disposant de DEEE ménagers et professionnels ».

L’ensemble de ces éléments étant jugé satisfaisant par les députés, parce que logique et pavé de bon sens, il n’a pas été surprenant d’apprendre que l’adoption de ces amendements par les parlementaires, n’a généré aucune discussion pénible : les députés ont voté majoritairement ‘Pour’, malgré l'opposition du gouvernement et de la commission spéciale, ce qui tend à démontrer que les élus du Peuple, ne servent pas à la déco de l’Assemblée, mais ont bel et bien un rôle à jouer dans le processus décisionnaire.
Sauf que…

Toujours est-il qu’il résulte de cette manœuvre, qui a donné lieu à une seconde délibération, une nouvelle mouture de la partie de la loi dédiées aux DEEE : Ségolène Royal a tout simplement présenté un amendement qui remplace le texte élaboré par les parlementaires et qui consiste à mettre en place un dispositif obligeant les gestionnaires de DEEE à contracter avec un éco-organisme. On peut lire en effet dans la ‘proposition imposée’ par le gouvernement, que « les opérateurs de gestion de déchets ne peuvent gérer des DEEE que s'ils disposent de contrats passés en vue de la gestion de ces déchets avec les éco-organismes agréés ou avec les systèmes individuels », une dérive qui ne sera pas sans impact sur le terrain, on l’imagine bien.

Si les DEEE industriels ne passeront sous le nouveau régime qu’en 2017, il n’en va pas de même des DEEE des ménages : quel sera le sort réservé aux entreprises qui récupèrent sans distinction, les DEEE industriels et commerciaux Et les DEEE des ménages, puisque la loi sera immédiatement applicable pour tout ce qui concerne les déchets ménagers, sans autre forme de délai d’application ?
On déduit des quelques lignes ‘souhaitées’ par le ministère, que les entreprises seraient obligées de contracter, tandis que les éco-organismes ne seraient pas contraints de signer avec une entreprise, quand bien même celle-ci serait en conformité avec les exigences à venir…
Passer d'un engagement volontaire à une obligation de contracter en générant du flou au sein même de la loi sensée clarifier les choses, a de quoi inquiéter sur le terrain ; gageons que les décrets d'application soient bien ficelés. A défaut, on pourrait obtenir l'effet inverse de celui qui était désiré...


