DEEE : indispensables « ferrailloux »...

Le 11/12/2014 à 12:12  

DEEE : indispensables « ferrailloux »...

Jean-Philippe Carpentier et Christian Brabant Deux ans de travaux auront été nécessaires pour aboutir. Si Christian Brabant avait déjà indiqué en mars dernier, qu’il faudrait bel et bien passer par les entreprises de recyclage travaillant dans les règles de l’art, afin d’avoir toutes les chances d’atteindre les taux de récupération à la date butoir fixée par la directive, la chose est désormais officiellement entendue. Le Directeur général d’Eco-Systèmes et le Président de Federec, Jean-Philippe Carpentier ont signé un pacte. Pas d’allégeance, mais un accord pavé de bon sens qui aura pour objectif de favoriser la progression de la collecte afin de recycler davantage de ces DEEE qui échappent encore à la filière, notamment ceux qui se présentent sous forme d’équipements installés par les artisans chez les particuliers…
Il parait que dans notre pays, chaque habitant achète en moyenne, 22 kilos d’équipements électriques. Plus fort, chaque ménage disposerait d’un stock d’environ 69 kilos de ces équipements, inutilisés, en panne ou HS, oubliés au fond des caves, placards, ou garages…Si une partie de ces gisements est prise en charge dans les filières de collecte et de recyclage, il coule de source qu’une autre partie reste planquée. Le taux de récupération étant de seulement 7 kg, en légère progression puisqu’on flirterait avec les 7,4 kg en 2014, il reste à souquer ferme pour dénicher 14 kilos par an et par habitant, en 2019.
En effet, les objectifs fixés par la directive européenne DEEE, du 4 juillet 2012, qui a été transposée par le décret 2014/928 du 19 août dernier. Si le taux de collecte en France sera mesuré à la fin de l’année autour de 35 % des équipements mis sur le marché, il devra atteindre 45 % en 2016 et surtout 65 % en 2019…DEEE

Toute la question est de savoir comment faire...
Si dans un premier temps les éco-organismes ont plus ou moins bipassé les recycleurs, choisissant d’opérer en priorité avec les déchèteries, et les réseaux de l’économie solidaire travaillant de longue date parfois, sur ces matériels, ils ont revu et corrigé leur position de départ (voir DEEE : Recycler avec les recycleurs... à la bonne heure...), considérant désormais que la partie à jouer étant ce qu’elle est, on a besoin de chacun, y compris des récupérateurs et opérateurs de broyage.

Selon les chiffres fournis par Eco-Systèmes, 13 kg pourraient être apportés par les consommateurs, et 5,5 kilos par les artisans, lesquels installent des équipements électriques et électroniques et désinstallent des DEEE. Or, ces professionnels sont non seulement le plus souvent exclus des déchetteries, mais en outre, ils ne sont pas outillés pour dépolluer ce qui doit l’être, d’où l’idée de se rapprocher des récupérateurs qui disposent des outils nécessaires et d’un maillage territorial efficace, ce qui permet un travail de qualité et de proximité avec les artisans qui seraient concernés. Précisons que nombreux sont déjà les récupérateurs qui ont l’habitude de collecter les DEEE ménagers rapportés par des artisans. « Nous nous sommes rendus compte que cette partie du gisement des DEEE échappait à la filière », alors même qu’ils « représentent pourtant un quart du gisement des DEEE », souligne Christian Brabant.
D’où l’idée de concrétiser l’existant de manière formelle et d‘aller plus avant.

D3ETel est le sens de la convention signée le 3 décembre à Pollutec, entre l’éco-organisme et Federec, par Christian Brabant et Jean-Philippe Carpentier, respectivement Directeur général d’Eco-Systèmes et Président de Federec, laquelle vise à doper la collecte de ces déchets et à lutter contre les filières illégales.

Une "première"
Première signature de ce type entre une fédération professionnelle et un éco-organisme, cette convention est l’aboutissement de deux ans de travaux et ne manque pas d’ambition puisque l’objectif est de signer « des contrats avec 400 récupérateurs et/ou opérateurs », 138 de ces contrats ont d’ores et déjà été signés.

Il s’agira évidemment, aussi, d'intégrer ces déchets dans la chaîne du recyclage en les traitant selon les normes les plus exigeantes au niveau européen, d’apporter une traçabilité exemplaire via la séparation de la ferraille d’avec les DEEE sous contrats, l’intégralité des tonnages transportés devant être dépollués dans les règles, ces contrats visant à densifier le réseau de captage des tonnages et par voie de conséquences à augmenter le taux de recyclage. On l’aura compris : le récupérateur devient un maillon fort de la chaine… d'autant qu'il nous est confirmé par Christian Brabant, que la propriété de la matière (pomme de discorde, il n'y a pas si longtemps encore), revient bien à l'entreprise qui traite le D3E et non à l'éco-organisme.

D’une manière générale, il coule de source qu’à chaque fois que l’on veut faire au mieux, cela coûte plus cher que si l’on fait les choses au rabais. Eco-Systèmes accompagnera donc par un suivi, chacune des étapes aboutissant au recyclage de ces DEEE et financera les surcoûts engendrés par le respect des procédures convenues, y compris lorsqu’une entreprise contractante devra investir pour se moderniser afin de répondre au cahier des charges (et éviter à tout prix le compactage des déchets). On rappellera à cet égard, que ce qui est confirmé par la signature du 3 décembre a fait l'objet depuis 2013, d'une expérimentation dans le Sud-Ouest, auprès de six sites volontaires, ce qui a permis d’établir des statistiques et l’inventaire des problématiques devant être solutionnées.
DEEE
In fine, Federec estime pouvoir collecter et recycler l’équivalent d’1,5 kg de DEEE par habitant dès 2016, et parvenir progressivement aux 4 kilos en 2020.
« Travailler chacun dans son coin n’est que rarement favorable à l’obtention du meilleur résultat possible. Or, le réseau des professionnels membres de Federec est très efficace sur le terrain, puisque nos entreprises sont implantées sur l’ensemble du territoire, ce qui garantit une intervention rapide », explique Jean-Philippe Carpentier, qui profite de l'auditoire pour remercier chaleureusement Jean-Pierre Parisi, qui a beaucoup oeuvré au bénéfice de la réussite de cette entreprise qui n'était pas gagnée d'avance. « L’atteinte des objectifs fixés par la directive ne pouvait passer que par un accord de cet ordre, lequel confirme notre engagement à nous ancrer dans une démarche de qualité avec des certificats et la mise de côté des brebis galeuses », poursuit le Président de Federec qui souligne aussi, que cette « convention est le fruit de la volonté de chacune des parties d’aboutir à un pacte, via lequel chacun est gagnant, tant il est vrai que nous avons uni nos forces pour atteindre les buts que nous nous sommes fixés».
L’éco-organisme est assuré de pouvoir afficher des tonnages supplémentaires, tandis que les récupérateurs et opérateurs de broyage gagnent en professionnalisation (les entreprises signataires seront d'ailleurs mises en valeur sur le site d'Eco-Systèmes), le Président de Federec espérant à haute voix, pour conclure, qu’avec pareil partenariat, on cessera enfin « de nous appeler des ferrailloux »…
 

Signature de la convention entre Federec et Eco-Systèmes