DEEE : Bigarren Bizi assure une seconde vie
La spécialité de la jeune entreprise créée en 2012 par Stéphane Peys, ingénieur ayant œuvré dans le circuit des composants électroniques, c’est la carte électronique obsolète. A l’échelle européenne, chaque année, ce seraient 500 000 tonnes de ces cartes qui seraient obsolètes, du fait de nos modes de consommation, quand une petite fraction seulement, serait traitée de manière industrielle alors même que la valeur marchande de ces cartes est de l’ordre de 800 millions d’euros, tandis que la valeur des métaux qu’elles renferment serait supérieure à 6 milliards d’euros.
Le siège de l’entreprise Bigarren Bizi (« deuxième vie », en langue basque) est établi à Bidart au Pays Basque, quand elle dispose d’une usine pilote près de La Brède en Gironde : la mission qu’elle s’est donnée est d’extraire et valoriser industriellement les composants des cartes électroniques obsolètes afin de fournir à ses clients des poudres métalliques contenant des métaux à haute valeur ajoutée, caractérisés et à des taux de pureté élevés supérieurs à 85%, avec une garantie sur la composition des matières (notamment sur la présence de contaminants), donc satisfaisants pour des approvisionnements industriels d’affineurs.
« Notre entreprise, qui a déjà fait la preuve du concept sur un prototype d’un procédé totalement mécanique de séparation et tri des matières des cartes électroniques, se positionne sur une stratégie sur des petites unités de recyclage (d’une capacité de 10 t/jour, soit 2000 à 3000/an). Elle est ainsi facilement duplicable au plus près des centres de démantèlement et tri des D3E », explique bien volontiers le dirigeant, Stéphane Peys.
C’est sans compter que l’entreprise est à même aussi, de récupérer le plastique résultant de la mise en oeuvre du process de broyage et séparation, non émissif de gaz et n’utilisant pas de procédés chimiques, qui favorise l’extraction de métaux précieux tels que l’or (environ 600 kg par an). Dès lors que l’entreprise pourrait multiplier ses installations, ce seraient une trentaine d’emplois par site qui pourraient être créés. Autant dire que le projet ne laisse personne indifférent…
Pour passer le stade supérieur, Bigarren Bizi « coordonne le projet européen Nirea (New Industrial Recovery of Electronic Assemblies)… un projet qui a été retenu dans le cadre du programme européen pour l’éco-innovation des entreprises », en obtenant les meilleures notes de l’édition 2012 de l’appel à projets (284 dossiers déposés) avec à la clé, une subvention européenne de 850 000 euros « qui permettra de financer une partie du 1er outil industriel et s’appuiera sur les compétences de l’ensemble des partenaires du projet ».
Pour ce qui touche à la caractérisation, l’entreprise travaille en partenariat avec la PME Ivéa qui apporte la maîtrise de la technologie Libs (spectrométrie induite par laser), laquelle a été développée par le laboratoire CPMOH de l’Université de Bordeaux qui permet un contrôle rapide et précis de la composition d’un matériau en métaux sans destruction. Le Centre technique basque Gaiker est également impliqué dans cette belle aventure industrielle, en travaillants spécifiquement sur ce qui touche à l’analyse de cycle de vie et à l’usine « propre ». Autre partenaire, basque lui aussi, la société espagnole Bostlan, dont le métier consiste à vendre de spoudres métalliques pour les sidérurgistes spécialisés dans la production d’alliages.
Pas question de s’arrêter en si bon chemin… Mais pour cela, il faut davantage de fonds, la labellisation européenne donnant une sacrée crédibilité à la jeune entreprise française. Pari réussi : Bigarren Bizi est récemment parvenue à lever 2 millions d’euros, pour aller de l’avant. L’année commence donc plutôt bien, puisque l’entreprise basque a signé un accord de partenariat avec Edenred, afin de permettre le recyclage de la carte Ticket Restaurant, une démarche qui sera progressivement étendue à l’ensemble des supports dématérialisés d’Edenred France…