Après l'obtention auprès de la Marine nationale de la déconstruction de citernes et bugalets, la société Gardet & De Bezenac Recycling double la mise, puisqu'elle a obtenu le feu vert pour démanteler l'ancien patrouilleur Epée sur son site des ex-Ateliers et Chantiers du Havre. C'est encourageant pour cette entreprise régionale, créée en 1932, qui démontre sur ce nouveau chantier, sa capacité à anticiper et s'adapter aux évolutions du métier de la démolition navale...
Il faudra un mois et demi de travail aux équipes de Gardet & De Bezenac Recycling pour que l'ex-patrouilleur Epée soit entièrement déconstruit afin d'en prélever les tonnages recyclables (ferrailles, métaux, verre, plastiques, ...) et traiter ce qui ne l'est pas, notamment les déchets dangereux, dans les règles de l'art. Surtout, ce nouveau contrat est de bon augure pour l'avenir de son activité de démolition navale. Pour autant, il aura fallu y croire et s'en donner les moyens... Si aujourd'hui cette entreprise est la première agréée pour la déconstruction sur la façade Manche-Atlantique, ce n'est pas un hasard.
Créée en 2008 sur le site des ex-Ateliers et Chantiers du Havre (ACH) à Harfleur, l'unité de déconstruction des navires occupe une superficie de 4 hectares et dispose d'un slipway. Sa certification ISo 9001 et 14001 est en cours et le site est particulièrement adapté pour traiter des navires de petit et moyen tonnage. Et sur le plan financier, ce sont 5 millions d'euros qui y sont investis.
" Nous avons réalisé de gros travaux d'aménagement. Sur la zone d'exploitation, le chantier a duré près de six mois. La zone de stockage a été réhabilitée en portant sa capacité à 8 000 tonnes. Nous avons équipé une station pour traiter les eaux polluées. » explique le directeur général Patrick Nion. Ce dernier souligne aussi sa collaboration avec le cabinet conseil Toppdecide pour l'ensemble des procédures d'exécution et de mise en place de la certification.
« Nous avons commencé par nous faire la main sur les chalutiers, dans le cadre du plan de sortie de flotte. Le chantier s'est ensuite attaqué aux embarcations fluviales. Nous avons obtenu deux des trois appels d'offres lancés par la Marine nationale, et maintenant, nous visons les navires de commerce et les bâtiments militaires. » Les estimations font état pour la seule Marine nationale de 10 à 15 000 tonnes annuelles à déconstruire.