Déchets : une pollution plastique incontrôlable

Le 05/03/2019 à 16:53  
Déchets : une pollution plastique incontrôlable
 D’ici 2030, la production mondiale de déchets plastiques pourrait augmenter de +41% et la quantité accumulée dans l’océan doubler. En cause, notre système de production, d'utilisation et d'élimination du plastique, "un système défaillant dans lequel aucun acteur n’est tenu pour responsable", selon le WWF. Dans son dernier rapport "Pollution plastique, à qui la faute ?", l'ONG tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme et formule des propositions pour sortir de cette crise mondiale...

 Plus de 310 millions de tonnes de déchets plastiques ont été générées en 2016, dont un tiers se sont retrouvées dans la nature. Le constat est accablant et les conséquences dramatiques pour l’environnement, la santé humaine et l'économie. L’impact sur la biodiversité est particulièrement préoccupant : à ce jour, plus de 270 espèces ont été victimes d’enchevêtrement et plus de 240 ont ingéré du plastique.

 Si rien n’est fait, la production mondiale de déchets plastiques pourrait augmenter de 41% d’ici 2030 et la quantité accumulée dans l’océan pourrait doubler d’ici 2030, attegnant 300 millions de tonnes. Les émissions de CO2 résultant du cycle de vie du plastique devraient augmenter de +50%, tandis que celles issues de l'incinération de plastiques devraient tripler d'ici 2030.

 "En cause : un système défaillant, où le coût de la pollution plastique n’est pas supporté par les acteurs qui tirent profit de sa production et de son utilisation. Ainsi, il est moins coûteux de rejeter les déchets dans la nature que de gérer leur fin de vie. Cette absence de responsabilité a conduit à la situation actuelle de production insoutenable et de pollution croissante", explique le WWF.

 Les pays à revenu élevé ont une part de responsabilité considérable dans cette crise mondiale : ils produisent 10 fois plus de déchets par personne que les pays à faible revenu et exportent entre 10 et 25% de ces déchets. La France fait partie des plus gros consommateurs de matières plastiques et est l’un des pires élèves européens en matière de recyclage du plastique (seulement 21%).

 Face à ce désastre écologique, l’étude détaille le chemin à suivre pour mettre fin à la pollution plastique dans la nature en 2030. Cela passe notamment par : la réduction de -28% de la production de plastique par rapport à 2016 ; l’élimination progressive du plastique à usage unique ; la collecte de 100% de nos déchets et le recyclage de 60% des déchets collectés. Pour y parvenir, des solutions existent déjà et doivent être renforcées telles que l’interdiction du plastique à usage unique problématique, le soutien au réemploi, l’élimination des additifs toxiques qui freinent le recyclage ou encore la recherche d’alternatives durables.

 Pour enrayer cette crise globale, le WWF appelle tous les acteurs à agir. L'ONG voudrait notamment que les Gouvernements négocient un traité international juridiquement contraignant pour mettre fin à la pollution plastique des océans, en établissant des objectifs nationaux pour favoriser la réduction, le réemploi et le recyclage du plastique. Cela doit passer en premier lieu par un engagement de la part de tous les Etats lors de la prochaine assemblée de l’ONU Environnement (UNEA-4) à Nairobi du 11 au 15 mars.
 Les entreprises ont également un rôle important à jouer. Selon le WWF, elles doivent prioritairement réduire le plastique excessif et inutile, s’engager à mettre sur le marché des produits recyclables et intégrer des matières recyclées. Certaines entreprises françaises se sont récemment engagées en ce sens dans le Pacte national sur les emballages plastiques (voir notre article). Ces engagements doivent maintenant être suivis d’actes ambitieux...

 Pour plus d'informations et consulter le rapport "Pollution plastique, à qui la faute ?" du WWF, rendez-vous ici. En rapport avec le sujet, nous vous renvoyons également à notre dépêche : Déchets plastiques : Greenpeace réclame des mesures.