Déchets :Triselec Lille, sous le projecteur judiciaire

Des malversations financières présumées, un drame humain avec le suicide en mars dernier de Jean-Claude Sabre, directeur de Triselec, et en conséquence une enquête préliminaire orchestrée par la police judiciaire lilloise à la demande du Parquet, constituent, depuis plusieurs mois, la triste actualité du site de traitement et de recyclage des déchets contrôlé par la communauté urbaine de Lille Métropole…
Ce n’est pas la première fois que la vie locale est polluée par une histoire de gros sous. Sauf que dans le cas de Triselec, l’histoire a tourné au tragique avec le suicide d’un homme de 59 ans, directeur du site, contraint de démissionner par la présidence de la communauté urbaine, au vu des chiffres résultant d’une expertise comptable demandée par les représentants du personnel de l’usine de recyclage, en décembre de l’année dernière.Il faut dire que les montants annoncés sont loin de l’idée qu’on se fait de l’insertion sociale : un salaire doublé en l'espace de huit ans, passant de 6 000 à 15 500 euros, des dépenses jugées « extravagantes », des signes extérieurs de richesse dérangeants… Bref : tout ceci faisant l’effet d’une bombe au sein de l'exécutif communautaire qui ordonne alors un audit.

Le maire de Bousbecque, Jean-Pierre Brand, remplace en effet Paul Deffontaine qui quitte ses fonctions, tandis que Dany Dunat, chef du service recyclage à la communauté urbaine, se voit confier la direction par intérim.
Avril 2012 : Martine Aubry admet les dérapages à la tête de l'entreprise en s'appuyant sur les conclusions de l'audit, document qu'elle remet au procureur de la République de Lille, à charge pour la justice de décider de la suite à donner à cette très triste affaire. Le Parquet saisi, confie une enquête préliminaire à la police judiciaire de Lille. Les services de police entendront sans doute plusieurs personnalités de l'exécutif communautaire, des membres du conseil d'administration mais aussi quelques collaborateurs de l'ancien directeur, afin de donner un éclairage plus conséquent aux enquêteurs. Rien ou presque ne transpire, l’entourage de Martine Aubry se faisant discret sur cette affaire.

« J'attends beaucoup de cette enquête », a-t-il confié à notre confrère. « La confiance n'exclut pas le contrôle », plaide Éric Darques qui mène ses propres investigations depuis plus d'un an sur l'usine de traitement des déchets et qui prône la transparence et la communication à bon escient des résultats de l’enquête, rappelant à juste titre que ce sont les « contribuables qui ont payé les salaires mirobolants de l'ancienne direction et qui ont aussi payé l'audit… Par conséquent ils ont le droit de savoir... »


