Déchets toxiques : la série noire continue !...
Décidément, cette rentrée 2008 est synonyme de scandales sanitaires : après l'affaire de Gennevilliers (voir notre article) et celle de Chimirec en Meurthe-et-Moselle (voir notre article), c'est maintenant au tour de la Seine-Saint-Denis de faire les gros titres. De source AFP, on a en effet appris qu'une triple enquête sanitaire, administrative et judiciaire vise un site non déclaré de tri de déchets du bâtiment, établi depuis des années à Pavillons-sous-Bois : des sans-papiers y affirment que de l'amiante était mélangée aux gravats envoyés à la décharge...
Ces enquêtes doivent faire la lumière sur une éventuelle mise en danger et contamination des salariés, et dire si les activités de l'entreprise Sanir (Société d'assainissement, de nivellement et de remblaiement) ont causé une pollution environnementale. Selon la préfecture, Sanir et PLMT, une entreprise de manutention et transports gérée par le fils de l'exploitant, dont la liquidation a été prononcée en juillet dernier, ont stocké, broyé et brûlé des déchets "sans autorisation" sur un terrain de la zone industrielle La Poudrette, situé à 200 m de l'hôpital Jean-Verdier de Bondy et à proximité d'un lycée. Le préfet a pris lundi dernier à l'encontre de l'exploitant un arrêté de mise en demeure et de suspension de ses activités, lui imposant aussi de remettre en état le terrain.
Depuis le 15 juillet, plus aucun camion n'entre ni ne sort du site, occupé depuis cette date par une quinzaine de salariés sans-papiers de Sanir et PLMT réclamant leur régularisation ; 7 ont obtenu gain de cause à ce jour. "Compte-tenu des inquiétudes pesant sur la santé des travailleurs", des examens de santé "adéquats" vont leur être prochainement proposés, a indiqué la préfecture, qui a saisi la DDASS et la médecine du travail. Aucune précision n'a été donnée concernant le nombre des salariés ou ex-salariés concernés. Le gérant, Roger Kakou (77 ans), et son fils employaient des salariés pour le compte de deux autres sociétés récemment liquidées.
Lors d'une visite du site en août dernier, les inspecteurs du Service technique des installations classées (Stic) ont constaté la présence d'un incinérateur clandestin. La fosse, creusée sous un hangar ouvert, servait à brûler "papiers, bois et plastiques", selon les sans-papiers. Ils n'ont pas relevé de présence visible d'amiante mais des "analyses de l'air et du sol, pour vérifier s'il y a présence d'amiante", auront lieu "dans les prochains jours", a annoncé la préfecture. Des sans-papiers assurent en effet que pour économiser le coût des décharges de déchets dangereux, ils "cassaient" les plaques de fibro-ciment amianté et les "mélangeaient" aux gravats destinés aux décharges "normales".
Face à ces accusations, le gérant incriminé se défend et assure avoir "travaillé dans les règles", précisant que "l'amiante était stockée emballée et étiquetée sur le site avant d'être évacuée tout à fait légalement vers des décharges de classe 2". Installé "depuis 40 ans" à Pavillons-sous-Bois, Roger Kakou dénonce un "forcing" des sans-papiers pour obtenir leur régularisation. Cerise sur le gâteau : l'homme est aussi suspecté, via une société dirigée par un proche, de sous-louer illégalement à ses salariés 6 locaux commerciaux de l'office HLM de Bondy transformés en appartements.