Déchets toxiques ivoiriens : une facture à 30 millions US$
Au début du mois de septembre, l'Office de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies avait confirmé qu'une demande d'assistance internationale de la part des autorités ivoiriennes avait chiffré à 13,5 millions d'US$ le besoin de financement pour faire face aux frais liés à la pollution du Probo Koala. Juste avant l'ouverture de la huitième réunion de la Conférence des Parties à la Convention de Bâle qui se déroule à Nairobi jusqu'au 1er décembre, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies, et Directeur exécutif du PNUE a lancé un appel à la communauté internationale pour la prise en charge d'une facture estimée maintenant à 30 millions US$...
« Quels que soient les responsables de cet incident, c’est le peuple d’une des plus pauvres nations du monde, peuple qui a déjà payé cher pour ce rejet toxique irresponsable, qui est maintenant obligé de débourser des fonds pour nettoyer les dégâts » a constaté M. Steiner, Directeur exécutif du PNUE avant l'ouverture de la huitième réunion de la Conférence des Parties à la Convention de Bâle.
Alors que les autorités ivoiriennes estiment que la facture finale, majorée des coûts liés à la réhabilitation des sites contaminés aux moyen et long termes, s’élèvera à près de 30 millions de dollars, M.Steiner a déclaré : Nous devons aujourd’hui venir en aide à la Côte d’Ivoire, mais il ne faut pas s’en arrêter là. Il nous faut aussi renforcer le respect des lois existantes aussi bien dans l’OCDE que dans les pays en voie de développement, tout en renforçant les capacités des autorités douanières et en améliorant la gestion de déchets, dans les ports et ailleurs, afin d’atténuer la probabilité d’une telle catastrophe à l’avenir".
Par mesure intérimaire, la Convention de Bâle a mis en place un fonds d’urgence, qui pour le moment ne bénéficie que de $270,000. Et M.Steiner d'ajouter : « Cela me paraît raisonnable de renflouer le fonds d’urgence de manière à ce que la communauté internationale puisse réagir décisivement, sans limitation financière, en cas de déversements de déchets dangereux, chose qui semble arrivé que trop souvent en Afrique et dans les pays en développement ».
Il a aussi affirmé que de tels incidents continueraient à s’intensifier tant que la réglementation internationale relative aux déchets toxiques, y compris celle de la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL), n’est pas appliquée correctement et les failles de chacun des différents traités comblées.
Selon le PNUE, un rapport du Réseau de l’Union européenne pour l’application et le respect du droit de l’environnement, publié en 2005, indique que le commerce illicite ne fait que croître. Lors d’une opération coercitive conjointe mise en œuvre dans 17 ports européens, 3.000 documents d’expédition ont été examinés et 258 cales inspectées. Cent quarante cales contenaient des cargaisons de déchets, et de celles-ci, 68 ou 48 pour cent, se sont avérées illégales. Pour M. Steiner, l’entrée en vigueur du Protocole de Bâle sur la responsabilité et l’indemnisation serait un pas en avant important. Aussi, appelle-t-il la communauté internationale à ratifier le Protocole afin accélérer son entrée en vigueur. Le Protocole vise à mettre en œuvre un régime global de responsabilité et d’indemnisation des dommages résultant du mouvement transfrontalier de déchets dangereux et autres déchets, y compris le commerce illicite de tels déchets. A ce jour, seuls sept pays l’ont ratifié, alors que 20 ratifications sont nécessaires pour son entrée en vigueur. |