Déchets toxiques ivoiriens : un procès tronqué




"Je ne suis pas chimiste. J'ai fait confiance à sa parole", a ajouté le patron de Tommy même s'il reconnaît que N'Zi Kablan lui a montré un fax de Trafigura précissant qu'il s'agissait de "slops chimiques". "Il a surtout insisté sur l'odeur", a affirmé M. Ugborugbo à propos de M. Kablan.
"Kablan savait très bien que c'étaient des matières dangereuses et il aurait dû contacter le département des matières dangereuses du port (autonome d'Abidjan)", a-t-il poursuivi.
"Je lui ai dit où j'allais les déverser", a-t-il ajouté, racontant avoir contacté la décharge publique d'Akouédo (district d'Abidjan).
M. Ugborugbo a ajouté ne s'être douté de quelque chose que lorsque M. Kablan lui a demandé de facturer le travail à "1.000 dollars" le mètre cube alors qu'il était payé "35 dollars" par m3.
Il a également affirmé que des agents de la Société nationale des opérations pétrolières de Côte d'Ivoire (Petroci, publique), sur le quai de laquelle se trouvait le Probo Koala, étaient montés à bord du cargo en raison de l'odeur pestilentielle des slops.
Un "officier" du Probo Koala et "des experts de Trafigura" présents à bord les ont alors convaincus que "le produit n'était pas dangereux", permettant au pompage de continuer, a affirmé M. Ugborugbo.
Rebondissant sur ces déclarations, les avocats de la défense se sont étonnés M. Ugborugbo n'ait jamais été confronté pendant l'instruction avec ces agents, ni ceux de la société travaillant à la décharge d'Akouédo.
Ils ont aussi regretté l'absence de M. Kablan, pourtant cité comme témoin par la cour.
Le dirigeant de Puma Energy, tout comme les cadres de Trafigura, a bénéficié d'un non-lieu lors du renvoi de l'affaire devant les assises.
Le 13 février 2007, Trafigura avait obtenu l'arrêt de toute poursuite judiciaire à son encontre, y compris sa filiale, au terme d'un accord à l'amiable avec l'Etat ivoirien. Ce dernier a reçu en contre-partie une indemnisation globale de plus de 100 milliards de FCFA (152 millions d'euros).
Un des avocats de l'Etat ivoirien, Me Christophe Kossougro Sery, a toutefois indiqué à la presse, en marge de l'audience, que le parquet général pouvait ouvrir une nouvelle information judicaire, y compris contre Trafigura, si "des indices graves et concordants" apparaissaient au cours du procès.
La transaction entre l'Etat et la multinationale concernait, selon lui, le volet civil de l'affaire et non le "côté pénal".
Source AFP

