Déchets toxiques ivoiriens : Gbagbo s'oppose à la libération des cadres de Trafigura
L'affaire des déchets toxiques ivoiriens est aussi une affaire politique entre le Président Gbagbo et le Premier ministre Banny. Après l'opposition du Premier ministre au retour à leur fonction du directeur du Port autonome d'Abidjan (PAA), Marcel Gossio, le directeur général des Douanes, Gnamien Konan, et le gouverneur du district d'Abidjan, Pierre Amondji (voir dernier rédactionnel), le Président reproche au gouvernement d'avoir initié des démarches en vue d'une éventuelle libération de Claude Dauphin et Jean-Pierre Valentini de Trafigura. Il rappelle que l'enquête n'est pas achevée et qu'il y a deux procédures en cours: l'une est administrative, et l'autre est pénale. Il faut que Justice passe et dans la détermination du degré de responsabilité, culpabilité dans ce drame, souhaitons que l'on répondra à cette question de bon sens " A qui profitait le Crime ?"...
Selon les autorités ivoiriennes le dernier bilan de la pollution du Probo Koala fait état de dix morts, 69 hospitalisations et plus de 102 000 consultations médicales liés à des intoxications. Sur le plan économique, l'estimation des coûts est actuellement de 30 millions USD.
Dans ces conditions, on comprend bien que la recherche des responsabilités est capitale . Et, elle concerne aussi bien des responsables ivoiriens que les cadres de Trafigura. Dans l'attente de la fin de la procédure de l'instruction, le Président Gbagbo reproche au gouvernement d'avoir entrepris des démarches pour une demande de mise en liberté de Claude Dauphin et Jean-Pierre Valentini. Il rappelle qu'il y a bien deux procédures en cours : l'une sur la responsabilité administrative, et l'autre sur la responsabilité pénale.
La présidence ivoirienne révèle :
Le courrier n°65 MJ/DACP en date du 29 novembre 2006 adressé au procureur de la République près le tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau, par Ouattara Zakaria, directeur des Affaires civiles et pénales au ministère de la Justice, conclut de facto à l’innocence des deux responsables de Trafigura en écrivant. «Sur le fond, il convient de relever que les inculpés sont à des postes de responsabilité tels qu’en l’état de l’instruction, il est peu probable qu’ils puissent être ceux-là même qui, directement, ont convoyé puis déversé les déchets toxiques dans le district d’Abidjan». Et, Zakaria de justifier son courrier «à l’effet de requérir la mise en liberté sous caution d’un milliard chacun» des deux responsables de Trafigura.
Le courrier n°014/PR/CSCAJ en date du 29 novembre 2006, par Désiré Tagro Asségnini, Conseiller spécial du Président de la République chargé des Affaires juridiques : «Je suis particulièrement troublé par une telle demande du ministre de la Justice au profit de deux personnes qui n’ont aucune adresse en Côte d’Ivoire et qui, j’en suis persuadé, vont quitter le pays." Ce dernier s'étonne du montant de cautionnement proposé de 1 milliard de FCFA pour chacun des cadres de Trafigura et redoute que la puissance financière de Trafigura puisse être «utilisée de manière à nuire à la conduite de l’enquête qui n’est pas à son terme, comme le reconnaît par ailleurs le ministre de la Justice». Finalement, il demande au procureur Raymond de s'opposer «fermement par les moyens légaux à la mise en liberté des inculpés afin de ne pas en rajouter à l’émoi des Ivoiriens en général et des victimes de ce drame national en particulier, jusqu’à la fin de la procédure d’instruction»