Déchets, ressources : cap sur des villes plus durables !
Le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) et ses partenaires ont dévoilé une nouvelle initiative qui vise à réduire les niveaux de pollution, à améliorer la gestion des ressources et à réduire les coûts liés aux infrastructures urbaines à travers le monde. Lancée ce lundi au sommet de Rio +20 (au Brésil), celle-ci collaborera avec les gouvernements locaux et nationaux, le secteur privé et les groupes de la société civile pour promouvoir les bâtiments économes en énergie, l'utilisation efficace de l'eau, la gestion durable des déchets et d'autres activités...
D'ici à 2050, jusqu'à 80% de la population mondiale devrait résider dans les villes. Cette "deuxième vague" d'urbanisation verra plus de 3 milliards de personnes supplémentaires migrer dans les villes dans un laps de temps de seulement 80 ans, principalement en Afrique et en Asie. Aujourd'hui, les zones urbaines sont responsables de plus de 50% des déchets produits dans le monde, de 60 à 80 % de toutes les émissions de GES, et elles consomment 75% des ressources naturelles. Cependant, elles n'occupent que 3% de la surface terrestre de la planète.
Paradoxalement, selon le PNUE, des économies d'eau de 30% et des économies d'énergie pouvant aller jusqu'à 50% peuvent être réalisées dans les villes, et ce au moyen d'un investissement limité. Cela permettrait de favoriser un changement de comportement. En outre, les possibilités économiques liées à "l'écologisation" des villes sont nombreuses. En tant que centres technologiques, les villes peuvent être le fer de lance de la création d'emplois verts dans des secteurs tels que l'énergie renouvelable. Par exemple, les projections montrent que quelque 20 millions de personnes pourraient être employées dans le secteur de l'éolien, les industries solaires et les biocarburants d'ici 2030. L'"Initiative mondiale pour l'utilisation durable des ressources urbaines" viendra ainsi appuyer les efforts de durabilité dans les villes grâce aux activités suivantes:
promouvoir la recherche sur la gestion et la consommation durable des ressources, ainsi que sur la production durable ;
fournir un accès et des conseils en matière d'expertise technique aux administrateurs de villes, renforcer les capacités et les possibilités de financement des projets ayant pour but d'améliorer la gestion des ressources naturelles en milieu urbain ;
la création d'un réseau de villes et d'organisations dont le but sera d'échanger des expériences et des analyses scientifiques de projets pour un bénéfice mutuel.
Cette initiative est d'ores et déjà soutenue par un large éventail d'institutions internationales, telles que ONU-Habitat, la Banque mondiale, les Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), les Gouvernements Locaux pour la Durabilité (ICLEI), l'Alliance des Villes, la Fédération Internationale des Ingénieurs-Conseils (FIDIC), l'Institut Veolia Environnement, Biorégional, les membres de l'Alliance des Accords environnementaux urbains et l'Institut International pour l'Environnement et le Développement (IIED). Plusieurs villes y ont préalablement pris part : Sao Paulo, Malmö, Heidelberg, la ville de Quezon, Gwangju. Le Japon, le Brésil, la France et les Etats-Unis ont ainsi exprimé un intérêt national. "L'intérêt que suscite cette initiative est une preuve supplémentaire que les villes, qui génèrent 80% du PIB mondial, comprennent qu'elles sont les principaux décideurs et les exécutants des étapes nécessaires pour faire avancer nos sociétés vers un modèle de la consommation et la production plus durable", indique David Miller, ancien Maire de Toronto et ancien Président du "Groupe C40 Cities Climate Leadership".
Les mesures concrètes que les villes peuvent prendre font l'objet d'un nouveau rapport du PNUE, également lancé aujourd'hui à Rio +20. En utilisant des études de cas en Chine, au Brésil, en Allemagne et dans une foule d'autres pays, le rapport souligne les différentes possibilités qui s'offrent aux dirigeants des villes pour améliorer la gestion des déchets et de l'eau, l'efficacité énergétique, le transport urbain... Parmi les projets mis en évidence dans le rapport, on trouve le projet de développement de la ville de Masdar (aux Emirats arabes unis), un banc d'essai pour tout ce qui touche aux compétences, à l'innovation et aux marchés nécessaires à la réalisation du concept d'éco-ville à une grande échelle. Le rapport examine également plusieurs initiatives qui visent à répondre aux besoins énergétiques croissants des centres urbains, d'une manière durable. La place des énergies renouvelables dans les stratégies de bonus/malus en Allemagne, par exemple, a permis à la ville de Fribourg d'investir dans le photovoltaïque, l'éolien et dans d'autres systèmes d'énergies renouvelables. Aujourd'hui, ceux-ci fournissent plus de 8% de la demande totale d'énergie de la ville. La consommation d'énergie des ménages a été réduite de 80% en raison des normes de Fribourg en matière de logements.