Déchets : respirez... Eolage nous soulage!
Développé en 2001 par l'entreprise Delamet, "Eolage" est un système naturel qui permet d'éliminer les nuisances olfactives ou les rejets gazeux industriels sur site à ciel ouvert. Une quinzaine d'installations de ce type, n'utilisant aucun réactif chimique, sont opérationnelles, principalement en France. Les marchés visés sont potentiellement très importants puisqu'ils concernent notamment le secteur des déchets, mais également de l'agroalimentaire et de la chimie. Toutefois, les industriels restent encore assez frileux, principalement parce que l'odeur est quelque chose de subjectif, d'où la difficulté de mettre en place une véritable réglementation à l'échelle européenne...
Petit retour en arrière. Décembre 1999 : deux grandes tempêtes s'abattent sur l'Europe, causant d'importants dégâts matériels dans de nombreux départements de l'Hexagone. En Charente-Maritime, les installations de masquage d'odeurs du centre d'enfouissement technique des déchets de Clérac sont détruites. A la demande de ce centre, Delamet Environnement (entreprise spécialisée en électricité industrielle et dans la réalisation de systèmes automatisés et de machines spéciales) se lance alors dans le développement d'un nouveau concept, avec le soutien de l'Anvar et de l'Ademe.
Baptisé "Eolage", celui-ci est directement inspiré de la technologie des tours de ventilation installées dans les vignes pour lutter contre le gel. Associant la propulsion aérodynamique forcée et la dispersion par le vent, cette technologie consiste à capter l'air pollué au niveau du sol et à le propulser en altitude où il se dilue dans l'air ambiant, un automate assurant le pilotage du système en fonction des conditions climatiques. La mise au point d'un prototype permet dès 2001 de procéder à des essais en laboratoire aérodynamique et à des mesures afin de confirmer l'efficacité de ce procédé.
Cette technologie a fait l'objet de trois dépôts de brevets : deux en France, et le troisième au plan européen. Pour Delamet Environnement, petite entreprise créée en 2002 pour commercialiser en particulier ce nouveau concept, il reste à faire connaître ce procédé. "La démarche n'est n'est pas si facile", indique Michel Marty, Directeur général de l'entreprise. "Les clients potentiels, certes attentifs aux nouveautés technologiques, préférent en général attendre et voir". A ce jour, cette solution équipe une quinzaine de sites industriels, dont deux à l'étranger (Belgique et Argentine).
Unique en son genre, ce procédé qui assure un traitement efficace des odeurs, sans faire appel aux agents chimiques utilisés dans les solutions classiques, tout en ne présentant quasiment aucune nuisance sonore, se positionne pourtant sur des marchés potentiels considérables que représentent les centres d'enfouissement technique, les stations d'épuration et de compostage, les industries agroalimentaires, les industries chimiques, les abattoirs, les centres d'équarrissage et les élevages.
"La différence entre ces marchés potentiels et le marché réel est considérable. Car contrairement aux technologies classiques comme les biofiltres ou les laveurs dont l'application permet aux industriels de satisfaire aux réglementations en vigueur à la demande des Drire, Eolage est destiné davantage à traiter les odeurs résiduelles qui dérangent les riverains. Or s'il existe des techniques d'olfactométrie, la mesure d'une odeur reste subjective d'où la difficulté de mettre en place une réglementation européenne à ce niveau", explique M. Marty.
crédits photo : Delamet