Déchets radioactifs : l'Allemagne se prépare au stockage en profondeur
En Allemagne on a choisi la solution du stockage en profondeur pour l'ensemble des déchets radioactifs produits par le pays. L'ancienne mine de fer de Konrad abrite un laboratoire souterrain et se prépare pour accueillir les déchets allemands de faible et moyenne radioactivité d'ici 2013...
En Allemagne, les anciennes mines de sel ou de fer ont été utilisées pour réaliser des études de comportement à l'égard des déchets radioactifs. Il est prévu, sauf enseignement négatif de celles-ci, de passer ensuite à la phase de stockage. Pour autant, en recourant à une politique mixte de retraitement et de stockage direct, l'Allemagne n'a pas encore réglé concrètement le problème des combustibles irradiés et celui des déchets hautement radioactifs issus du retraitement. Pour sa part, la Belgique a aussi opté pour le stockage souterrain, en sub-surface pour les déchets moyennement et faiblement radioactifs et à grande profondeur pour les déchets de haute activité.
Plus précisément, il est prévu, en Allemagne, que la mine de fer de Konrad abrite les déchets des centrales nucléaires allemandes jusqu'à leur arrêt.D'ici 2021, en vertu de la sortie du nucléaire votée en 1999, les 17 centrales que compte encore le pays doivent cesser leur activité. Mais, le débat n'est pas clos, les conservateurs allemands évoquant un allongement de leur durée de vie. Par contre, si tel était le cas, le problème des déchets radioactifs se poserait à nouveau.
En attendant, les ouvriers travaillent au sein des galeries de Konrad où, jusqu'aux années 70, transitaient des wagonnets de minerai. En effet, il est prévu qu'à partir de 2013, des trains et camions y circuleront pour déposer plusieurs centaines de milliers de mètres cubes de déchets en provenance des centrales nucléaires et des entrepôts provisoires. Les déchets seront ensuite compressés et empilés dans des fûts hermétiques puis coulés dans du béton et enterrés à jamais. "On ne pourra plus aller les chercher, et on n'aura pas besoin de les surveiller", explique Wolfram König, président de l'autorité allemande de protection contre les radiations (BfS), en charge du projet.
Maintenant, entre la décision en 1975 de faire de Konrad un site de stockage et le début des travaux la bagatelle de 32 ans se sont écoulés. Etudes de faisabilité, instruction des plaintes déposées en justice, le processus a déjà englouti près d'un milliard d'euros. Et les travaux à proprement parler, qui ont démarré l'an dernier, vont coûter un autre milliard.
Sans compter que le problème des déchets hautement radioactifs, lui, est encore entier.
Dans un pays où l'opposition à l'énergie nucléaire est forte, alimentée par le traumatisme de Tchernobyl encore très présent, le stockage des déchets mobilise la population. Dans les villages autour de Konrad, devant presque chaque maison, un fût jaune estampillé du triangle radioactif marque l'opposition des habitants à l'implantation du site près de chez eux.
Et les caciques de droite ont beau argumenter que seul le retour au nucléaire garantira aux Allemands des prix de l'énergie acceptables, tant que le problème des déchets ne sera pas solutionné durablement, "il y aura toujours des résistances" dans la population, prédit M. König.
( source AFP )
Allemagne |
Déchets de faible et moy. activité à vie courte |
Déchets de haute activité à vie longue |
Combustible irradié |
Laboratoire souterrain |
· 21 réacteurs · retraitement et stockage direct · entreposage en vue du stockage à grande profondeur de tous les déchets · stockage direct des combustibles usés autorisé depuis 1994 |
· stockage à Morsleben depuis 1981 dans ancienne mine de sel (anciennement en RDA) · stockage à Konrad dans ancienne mine de fer ; -800 - 1000 m ; date de démarrage : 2001 |
· entreposage à sec des déchets provenant du retraitement à Gorleben, Ahaus et Greifswald |
· entreposage en piscine sur les centrales · centres d'entreposage de Gorleben définitivement autorisé début 1998 (à sec), Ahaus en fonctionnement (à sec) et Greifswald (piscine) · stockage profond prévu |
· Konrad : mine de fer ; études depuis 1976 · Asse : -1000m ; sel ; études depuis 1978 · Gorleben : -900m ; sel sous couverture de gypse ; études depuis 1986 · Morsleben : - 525m ; sel ; études dans les années 60 |