Déchets radioactifs de démantèlement : un enjeu d'avenir

Le 09/01/2017 à 17:19  
Déchets radioactifs de démantèlement : un enjeu d'avenir
 Le 3 janvier dernier, les résultats de la seconde édition de l’appel à projets Andra/ANR sont parus. Parmi les 57 projets soumis en 2016, 19 ont été sélectionnés. Cet AAP, lancé par l’Andra en coopération avec l'Agence Nationale de la Recherche et avec le soutien du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA), avait pour objectif de faire émerger des solutions innovantes pour optimiser, en amont du stockage, la gestion des déchets radioactifs issus du démantèlement des installations nucléaires…

 L’appel à projets était organisé en 2 éditions. La première, lancée en 2014, a d’ores et déjà permis de soutenir 10 projets parmi les 30 soumis pour un financement total de 15,6 M€ (voir notre article). Pour cette seconde édition lancée fin 2015 (voir notre dépêche) et dont les résultats viennent de paraître, le taux de participation a quasi doublé : 57 projets soumis et 19 sélectionnés. Avec cet appel à projets, l’Andra souhaitait stimuler l’innovation autour de la gestion des déchets radioactifs de démantèlement, dont les volumes sont amenés à croitre fortement dans les années à venir. Il s’agissait en particulier de favoriser la transposition à la gestion des déchets radioactifs, de technologies et de savoir-faire existants ou en développement dans d’autres domaines : traitement des déchets conventionnels, nouveaux matériaux développés pour le génie civil…

 Quelques exemples de projets retenus lors de cette seconde édition :

 Le projet Cyber a pour objectif de développer un procédé innovant permettant de séparer les constituants des bétons radioactifs (pâte de ciment, sable, et granulats), afin de permettre leur réutilisation en tant que matériau de remplissage des alvéoles de stockage ou constituants de nouveaux matériaux cimentaires, par exemple des mortiers pour le blocage des déchets radioactifs dans les conteneurs. Le projet Cyber permet ainsi de diminuer les volumes à stocker, sachant que les bétons contaminés constituent de gros volumes de déchets sur les chantiers de démantèlement. Il est coordonné par Séché Energies, et est mené en collaboration avec le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) et la PME Sairem (spécialisée dans le développement et la construction de fours micro-ondes).

 Le projet Inifuge a pour but de développer des matériaux géopolymères résistants au feu pour le stockage géologique des déchets radioactifs et d’étudier les paramètres d’élaboration influençant leurs propriétés. L’objectif est ainsi d'optimiser leur résistance au feu et leur durabilité. Ce projet est le fruit d’une collaboration l’Université de Limoges (laboratoires SPCTS et GRESE), l’Institut de Chimie de Clermont-Ferrand, et l’Université de Toulouse (LMDC).

 L’objectif du projet Tomis est de développer un outil de caractérisation in situ des colis de déchets radioactifs et des d’équipements à démanteler contaminés, mobile et utilisable sur site en cours de démantèlement n’importe où, basé sur la tomographie, une technique d’imagerie par rayons X couramment utilisée dans le domaine médical (lors de scanners, par exemple). Cet équipement sera transportable et mobile, permettant ainsi de réaliser des mesures au cœur des chantiers de démantèlement, là où les tomographes nécessitent habituellement des infrastructures de radioprotection lourdes et coûteuses. Ce projet est le fruit d’un partenariat entre le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique et aux énergies alternatives) et Thales.
 La gestion des déchets radioactifs issus du démantèlement des installations nucléaires est un enjeu majeur pour la France car la part de ces déchets va croître considérablement dans les années à venir (1.100.000 m3 de déchets de très faible activité sont estimés d’ici 2030 - Edition 2015 de l’Inventaire national). La réduction des volumes et plus globalement l’optimisation de leur gestion est donc une priorité qui mobilise l’ensemble de la filière.