Déchets plastiques : les multinationales, confrontées à leur responsabilité

Question : quelles sont les multinationales qui produisent le plus de déchets plastiques ? Des éléments de réponse sont fournis par le dernier rapport de l'organisation internationale Break Free from Plastics, publié la semaine dernière à Manille... Selon cette coalition mondiale d'ONG, Coca-Cola, Nestlé ou encore PepsiCo, comptent pour une bonne part des déchets parfaitement identifiables, disséminés un peu partout dans le monde. Dans nos contrées, on retrouve d'ailleurs certaines de ces mêmes firmes qui militent en faveur de la mise en place d'une consigne des emballages à usage unique en plastique...
Break Free from Plastics est une coalition internationale constituée de 1.475 organisations écologistes, regroupement qui reproche à ces multinationales de se dédouaner, pour la plupart, de la responsabilité du nettoyage de la pollution due à leur activité.

Pour la deuxième année consécutive, Coca-Cola occupe la pôle position : number One des pollueurs avec 11.732 déchets plastiques collectés dans 37 pays sur 4 continents cette année.
Parmi les dix principaux producteurs de déchets plastiques collectés et répertoriés figurent aussi Nestlé (4.846), Pepsico (3.362), Unilever (3.328), Procter & Gamble (1.160), Philip Morris (2.239) ainsi que Mars, Colgate-Palmolive, Perfetti Van Mille et Mondelez International (selon le classement de la coalition).


Dès lors que certaines s'orientent vers des procédés type « bioplastiques », ou encore « recyclage chimique », alors que ce sont « de fausses solutions », cela démontre « combien il est important que des voix extérieures au secteur des biens de consommation réclament des comptes et demandent la fin du plastique à usage unique », poursuit la coalition d'ONG dans son rapport.
Preuve en est : « le classement met de nouveau en lumière la plupart des grands groupes mondiaux, et ce, alors que certains, tels que que Coca Cola, Nestlé et PepsiCo ont pris des engagements, mais s'appuyant d'une part sur des fausses bonnes pistes, et par ailleurs sur un recyclage hypothétique puisque tous les plastiques à usage unique mis en marché ne sont pas recyclables (techniquement ou économiquement) ».
Dans un passé encore récent, combien de fois n'a-t-on pas entendu par ailleurs, la voix des producteurs, diffusant le message selon lequel : « ce n'est pas à nous de penser le recyclage ultérieur, puisque notre mission est d'emballer et de protéger les produits transportés puis mis en vente ». Oui, mais, c'est balayer d'un revers la nécessaire éco-conception des produits, au regard des réglementations existantes et en préparation, ce qui inclut la fin de vie...

Dans un autre registre, on pourrait s'orienter vers la méthanisation, sauf que là encore, le PLA pose problème, en l'état actuelle de la situation : il y est considéré comme indésirable, et prend donc le chemin de l'incinérateur... On pourrait imaginer que la filière organique soit la bonne trajectoire ; sauf que produire du compost est sensé enrichir le sol : reste à savoir si un plastique compostable apporte un nutriment au sol en tant qu'amendement.

« Changer la façon dont la société fait, utilise et jette les emballages est un objectif complexe et nous y prenons part » (…) « Nous voulons aider à élaborer un système où l'emballage plastique ne devient jamais un déchet », a notamment indiqué un porte-parole de PepsiCo. Quant à la firme Coca Cola, elle a précisé dans un communiqué, qu'elle cherche « à empêcher les déchets plastiques de finir en mer », ce qu'elle qualifie « de problème mondial crucial ». « Chaque fois qu'un de nos emballages termine dans les océans, ou là où il ne devrait pas, c'est inacceptable pour nous », expose le géant de la boisson.
Créditant les marques de la reconnaissance qu'elles ont de leur rôle dans la propagation de cette pollution, la coalition des ONG juge néanmoins qu'en simultané, elles « s'acharnent à promouvoir de fausses solutions pour répondre au problème », ajoutant que « la promotion du recyclage est leur manière de faire porter la responsabilité sur les consommateurs ; les entreprises continuent de tirer profit de l'abondante production de plastique à usage unique tandis que partout dans le monde, les collectivités sont obligées d'en supporter le fardeau », conclut le collectif d'ONG, ce qui est juste « inacceptable».
