Déchets plastiques : les multinationales, confrontées à leur responsabilité
Des volontaires de la coalition ont collecté en septembre 484 opérations de collecte coordonnées dans 51 pays répartis sur 6 continents ; à la clé, près d'un demi-million de déchets plastiques lors de cette "Journée mondiale du nettoyage de notre planète", dont 43% de marques reconnaissables.
Pour la deuxième année consécutive, Coca-Cola occupe la pôle position : number One des pollueurs avec 11.732 déchets plastiques collectés dans 37 pays sur 4 continents cette année.
Parmi les dix principaux producteurs de déchets plastiques collectés et répertoriés figurent aussi Nestlé (4.846), Pepsico (3.362), Unilever (3.328), Procter & Gamble (1.160), Philip Morris (2.239) ainsi que Mars, Colgate-Palmolive, Perfetti Van Mille et Mondelez International (selon le classement de la coalition).
« Les véritables responsables du gros de la pollution plastique en Asie sont les multinationales dont les sièges se trouvent en Europe et aux Etats-Unis », souligne le rapport au sujet duquel la firme Nestlé a répondu qu'elle travaille sur des solutions visant à « rendre de tels rapports obsolètes ». « En qualité de première compagnie mondiale pour l'alimentation et les boissons, nous savons que nous avons un rôle important à jouer dans l'élaboration de solutions durables pour lutter contre la problématique des déchets plastiques » (…) « Il est totalement inacceptable que les emballages (plastiques) finissent comme déchets dans l'environnement et nous travaillons dur pour rendre tous nos contenants soit recyclables soit réutilisables d'ici 2025 », a en effet déclaré un porte-parole dans un communiqué.
« Les entreprises doivent faire plus pour contrer la crise de la pollution qu'elle ont créée ; leur dépendance continue à l'égard des emballages en plastique à usage unique se traduit par le rejet d'une plus grande quantité de plastique jetable dans l'environnement. Le recyclage ne résoudra pas ce problème. Nous leur demandons de réduire d'urgence cette production et consommation de plastique à usage unique et de trouver d'autres solutions axées sur des systèmes de distribution alternatifs », fustige et préconise Von Hernadez, coordinateur mondial de Break Free from Plastics.
Dès lors que certaines s'orientent vers des procédés type « bioplastiques », ou encore « recyclage chimique », alors que ce sont « de fausses solutions », cela démontre « combien il est important que des voix extérieures au secteur des biens de consommation réclament des comptes et demandent la fin du plastique à usage unique », poursuit la coalition d'ONG dans son rapport.
Preuve en est : « le classement met de nouveau en lumière la plupart des grands groupes mondiaux, et ce, alors que certains, tels que que Coca Cola, Nestlé et PepsiCo ont pris des engagements, mais s'appuyant d'une part sur des fausses bonnes pistes, et par ailleurs sur un recyclage hypothétique puisque tous les plastiques à usage unique mis en marché ne sont pas recyclables (techniquement ou économiquement) ».
Dans un passé encore récent, combien de fois n'a-t-on pas entendu par ailleurs, la voix des producteurs, diffusant le message selon lequel : « ce n'est pas à nous de penser le recyclage ultérieur, puisque notre mission est d'emballer et de protéger les produits transportés puis mis en vente ». Oui, mais, c'est balayer d'un revers la nécessaire éco-conception des produits, au regard des réglementations existantes et en préparation, ce qui inclut la fin de vie...
S'agissant des bioplastiques, dont on ne peut nier les avantages et ou qualités, ils sont souvent associés à leur compatibilité avec le compostage ou le recyclage, alors que, la réalité n'est pas aussi évidente : si c'est parfois vrai, ces assertions relèvent parfois aussi, du pur marketing associé à une recyclabilité que l'on appellera théorique (c'est à dire dont le recyclage avéré n’est pas industriellement opérationnel). Certains matériaux ne sont effectivement biodégradables que dans certaines conditions. A titre d'exemple, le PLA qui intègre la catégorie des refus, bien qu'admissible dans le bac jaune... De fait, s'il était mixé aux plastiques recyclables (type PS ou PET), il perturberait le process de recyclage et risquerait même de détériorer les machines, comme la matière devant être recyclée. Les exploitanst des centres de tri le savent bien, de la même manière que Federec a pris position à cet égard.
Dans un autre registre, on pourrait s'orienter vers la méthanisation, sauf que là encore, le PLA pose problème, en l'état actuelle de la situation : il y est considéré comme indésirable, et prend donc le chemin de l'incinérateur... On pourrait imaginer que la filière organique soit la bonne trajectoire ; sauf que produire du compost est sensé enrichir le sol : reste à savoir si un plastique compostable apporte un nutriment au sol en tant qu'amendement.
Quand bien même Coca-Cola et PepsiCo, à l'instar de Nestlé, ont indiqué qu'ils vont « rendre leurs emballages recyclables, réutilisables ou compostables d'ici 2025 », la vigilance doit rester de mise, à tous les niveaux, y compris chez ces grands industriels.
« Changer la façon dont la société fait, utilise et jette les emballages est un objectif complexe et nous y prenons part » (…) « Nous voulons aider à élaborer un système où l'emballage plastique ne devient jamais un déchet », a notamment indiqué un porte-parole de PepsiCo. Quant à la firme Coca Cola, elle a précisé dans un communiqué, qu'elle cherche « à empêcher les déchets plastiques de finir en mer », ce qu'elle qualifie « de problème mondial crucial ». « Chaque fois qu'un de nos emballages termine dans les océans, ou là où il ne devrait pas, c'est inacceptable pour nous », expose le géant de la boisson.
Créditant les marques de la reconnaissance qu'elles ont de leur rôle dans la propagation de cette pollution, la coalition des ONG juge néanmoins qu'en simultané, elles « s'acharnent à promouvoir de fausses solutions pour répondre au problème », ajoutant que « la promotion du recyclage est leur manière de faire porter la responsabilité sur les consommateurs ; les entreprises continuent de tirer profit de l'abondante production de plastique à usage unique tandis que partout dans le monde, les collectivités sont obligées d'en supporter le fardeau », conclut le collectif d'ONG, ce qui est juste « inacceptable».