Déchets nucléaires: Greenpeace voit rouge

Le 05/11/2010 à 12:11  

Déchets nucléaires: Greenpeace voit rouge

Vue centrales nucléaires Dans le monde des déchets nucléaires, ça sent le roussi... Le géant français de production d'énergie nucléaire Areva s'est fait épinglé par l'ONG Greenpeace le 2 novembre dernier. Après s'être vivement opposé à un convoi de déchets nucléaires qui doit être acheminé aujourd'hui et demain par Areva depuis la France vers l'Allemagne (lire Déchets radioactifs : un trajet très controversé), Greenpeace a porté plainte contre la même entreprise pour stockage de déchets nucléaires dans un lieu non prévu à cet effet. A cela s' ajoute le projet de directive présenté mercredi 3 novembre par le commissaire européen à l'énergie concernant la réglementation du stockage de ces déchets que Greenpeace critique vivement. Il y a comme de l'eau dans le gaz...

Selon Greenpeace, Areva stocke depuis le 25 octobre dernier des containers de déchets vitrifiés hautement radioactifs au terminal ferroviaire de Valognes (Manche), qui n'est pas qualifié pour cela. A mi-octobre déjà l'assocation environnementale avait dénoncé le voyage à venir du convoi le plus radioactif du monde, tout dénonçant la quantité très élevée de ces substances présent à bord. L'association ne souhaite pas lâché l'entreprise comme ça et elle a porté plainte le 2 novembre pour "stockage illégal".

Un porte-parole du site Areva de La Hague, où sont traités les déchets, s'est défendu d'avoir toutes les autorisations nécessaires pour stocker ces déchets, et ce depuis 10 ans. Pour Greenpeace, ces déchets n'ont absolument rien à faire sans ce terminal, pas plus qu'ils n'ont leur place dans le convoi du 5 et 6 novembre prochain, car il s'agit de la même marchandise. Selon Yannick Rousselet, de Greenpeace France, "Avec un seul; de ces canisters dans ce terminal ferroviaire, on est largement au-dessus de la limite qui oblige un entreposage à être déclaré Installation nucléaire de base", ce qui n'a pas été fait d'après lui.

M. Rousselet a par ailleurs déclaré que "Des mesures basées sur des données de l'Agence Nationale pour la gestion des déchets radioactifs montrent clairement que ces onze containers contiennent une radioactivité supérieure à celle dégagée lors de l'accident de Tchernobyl en 1986". Attaque qu'Areva réfute en soulignant que dans les containers en question, la radioactivité est confinée. Greenpeace se montre très sceptique vis-à-vis de ces déclarations.

Au niveau européen, une directive présentée le 3 novembre devrait servir à réviser celle datant du 25 juin 2009 pourtant sur le stockage définitif des déchets. Le nouveau projet comporte deux volets, dont un prévoyant l'obligation pour chaque État membre de présenter un plan national de planification du stockage définitif, ainsi qu'un calendrier précis de mise en œuvre. Le deuxième volet indique que le stockage devra respecter "les principes internationaux de sécurité les plus stricts" dont les détails seront donnés plus tard. Le texte précise que ces questions s'appliqueront à tous types de déchets radioactifs et de combustibles usés, qu'ils proviennent de centrales nucléaires ou d'usages médicaux.

L'assocation Greenpeace se montre à nouveau critique. Beaucoup de déchets ne seraient pas concernés par cette nouvelle version du texte, et donc par l'obligation d'enfouissement. M. Rousselet, qui est aussi chargé de la campagne nucléaires à l'organisation écologiste à Paris, annonce que "cette directive prend comme un fait établi que l'on va enfouir les déchets. Or, aucun des sites étudiés pour cette perspective n'est validé, qu'il s'agisse de la France, de la Belgique ou de la Finlande. On décide d'une réglementation alors que, techniquement, les solutions n'existent pas aujourd'hui." De toute façon, après l'exposé des modalités par la Commission, il reviendra au Conseil ainsi qu'au Parlement européen d'examiner le document et de faire des propositions, pour une adoption définitive courant 2011. La décision n'est donc pas encore prise.