Déchets : Nantes, un rendez-vous capital
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Pour la seconde fois, les Assises des déchets se sont tenues à Nantes (capitale verte de l'Europe). Depuis plus de 20 ans, ce rendez-vous marque l'univers des déchets en réunissant l'alliance du concret et de l'administratif, du compte rendu terrain et de la prospective visionnaire...
« C'est aux Assises que l'univers des déchets s'est mis en marche ». Telle était le formule amusée d'un industriel pour résumer l'impact structurant de l'événement dès sa première édition en 1991... Les Assises avaient alors levé le voile sur la fameuse loi de 1992, laquelle a durablement orienté la politique française de gestion des déchets pendant 10 ans. Depuis lors, industriels producteurs et traiteurs de déchets, collectivités et services de l'Etat, associations environnementalistes et de consommateurs s'y donnent rendez-vous tous les deux ans et font leur possible pour en faire un rendez-vous fructueux dans le cadre de plusieurs jours de débats...




Quoi qu'il en soit, elles sont loin les Assises qui attiraient plus de 1000 personnes sur deux jours. Les organisateurs indiquaient en effet environ 600 participants pour cette édition 2013... ce qui n'en fait pas un mauvais cru pour autant.
Quatre années après la publication du dernier « plan déchet », deux années après les dernières Assises des Déchets, il a été question de dresser un panorama des avancées réglementaires en matière de prévention et de gestion des déchets, ainsi que d'aborder les pistes discutées lors de la Conférence Environnementale pour relancer la dynamique politique...

La prévention est depuis longtemps prioritaire dans la hiérarchie européenne de la politique des déchets... Si la thématique de la prévention structure les enjeux déchets, encore faut-il évaluer la réalité de cette nouvelle donne, de ce qui est utile, de ce qui est superflu. Les entreprises sont en première ligne : de nombreuses voix les interpellent sur la question de la durée de vie des produits mis sur le marché... Notamment.
Pour FNE, par la voix de Patrick Hervier, membre des directoires déchets et éco-consommation, « l'enjeu est de traiter le déchet. Le recyclage, c'est obligatoire de le démultiplier dans bien des domaines et même un bienfait en soit » (…) « il n'empêche que la prévention doit être omniprésente ». Et de se féliciter de la mise en place de la TGAP qui « a développé des réflexions et actions dans les territoires »...
Du côté des entreprises, on ne se laisse pas démonter : « l'obsolescence programmée, c'est le fait d'écourter la vie d'un produit de manière artificielle et non de vendre un produit qui a une durée de vie courte. Le prolongement de la durée d'utilisation est bel et bien mis en œuvre ; la réparation des produits est même facilitée depuis 1997 via des plate-formes de pièces détachées », indique Camille Beurdeley, déléguée générale adjointe du Gifam. « 100 000 produits et 2 millions de références sont à la disposition des réparateurs. Cela dit, nous sommes frileux à l'idée de développer l'auto-répar

Le département des Deux Sèvres nous a d'ailleurs fait part d'une expérience originale qui consiste pour faire court, à mettre en relation, des compétences qui existent, mais qui ne se connaissent pas ou qui n'avaient jamais travaillé ensemble... Et ça marche ! « Pourquoi les palettes qui sont derrière une superette seraient-elles des déchets et non pas du bois que peuvent réutiliser d'autres professionnels, quand ce n'est pas les réparer pour qu'elles repartent dans le circuit? Pourquoi la terre provenant d'un chantier de BTP est un déchet, alors que ce n'est que de la terre?», , interroge le représentan
t du Smited...« Louer, prêter, acheter en commun pour du matériel occasionnel, c’est pratique et économique. Dès l’achat, s’assurer de la réparabilité et la solidité de son appareil, c’est aussi jeter moins. Pensons à réparer nos objets quand c’est possible. N’hésitons pas à demander l’aide de professionnels».
Depuis plus de dix ans le sujet de la prévention est à l'ordre du jour : 2 Syndicats et 4 Communautés de Communes se sont unis autour d'un même programme. Ils travaillent depuis 2002 dans la concertation (sur ce qui fonctionne, sur ce qui marche moins bien), de manière à uniformiser les actions...
« En 2008, 190 365 tonnes de déchets ménagers ont été produits en Deux-Sèvres, ce qui représentait en moyenne 529 kg/an/ habitant.
Pour faire face à l'augmentation de la production de déchets, les collectivités doivent régulièrement développer leurs capacités de collecte et de traitement. Conscient des impacts économiques et environnementaux de la gestion des déchets, le Conseil Général du département s'est engagé aux cotés des acteurs de la collecte et du traitement des déchets ménagers dans la révision de son plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés ainsi que dans l'élaboration et la mise en oeuvre d'un plan de prévention des déchets ».
Sensibiliser le plus grand nombre (mieux vaut prévenir que guérir), développer l'exemplarité au sein des collectivités, promouvoir le compostage des déchets organiques en misant sur la qualité, mais aussi la réparation et la réutilisation, limiter l'utilisation des produits phytosanitaires, sont autant de pistes mises en avant pour dompter la progression des tonnages de déchets et réduire les quantités produites sur le territoire, conclut Elodie Bertoix Stalder, chargée de mission prévention et gestion des déchets au Conseil général des Deux Sèvres...

Va-t-on vers un nouveau modèle de dimensionnement des installations?
La crise serait-elle une bonne chose du fait qu'elle obligerait à de profondes réflexions, susceptibles d'engendrer des mutations de première importance dans la manière de traiter les déchets ménagers ?« Non, pas forcément », soutient Marc Cheverry, chef du service prévention et gestion des déchets à l'Ademe. « Cela dit, si l'on évite à plusieurs millions de tonnes de déchets la solution de l'élimination pour maximiser la valorisation, il faut multiplier le nombre de centres de tri, ce qui supposera une planification intelligente ».
Comment, en effet, mettre en œuvre la prévention de la production de déchets, source d'économie mais de nature à engendrer des surcapacités de traitement, et donc des déséquilibres financiers ? Voilà le type de défis qu'affrontent au quotidien les collectivités territoriales en charge de la gestion des déchets ménagers, les villes en particulier. Si les modèles de croissance de la production de déchets sont heureusement remis en cause, leurs conséquences sur les modèles du service public sont fortes : alors même que certains territoires sont en manque de capacité de traitement, d'autres sont en surcapacité...



En d'autres termes, pourquoi se poser tant de questions, quant à savoir si oui ou non, on aura des surcapacités de traitement en limitant les tonnages de déchets ménagers destinés à l'élimination (au profit du tri et du recyclage), alors que les déchets industriels non tox
« Je rappelle que la France produit environ 40 millions de tonnes de déchets ménagers et 60 millions de tonnes de déchets d'activité économique !
On incinère 28% d'OM, quand on en met 26% en décharge, avec un taux de recyclage de 33%. Pour ce qui est des DEA, on en recycle 40% environ, on en incinère 12%, tandis que 22% de ces tonnages partent en centre de stockage »... En clair, il y a de quoi mixer pour compenser les éventuelles surcapacités de traitement. Ce qui permettrait de produire beaucoup plus d'énergie, sans pour autant construire de nouveaux fours. Or, l'énergie... C'est bien ce que qu'il nous faut, et à un prix raisonnable, non ?


