Déchets : les ménages passent à la caisse
Suite au Grenelle de l'Environnement, des "réunions de suivi" ont lieu chaque mois, en présence des associations concernées et du ministre Jean-Louis Borloo. Fin décembre 2007, lors d'une de ces réunions, il a été décidé qu'il serait désormais obligatoire pour les communes de financer une partie du traitement des déchets grâce à une redevance "incitative". Le parti Lutte Ouvrière a récemment publié un communiqué pour fustiger cette mesure...
Pour LO, il s'agit là d'un système socialement assez injuste. Aujourd'hui, la plupart des communes financent le traitement des ordures ménagères grâce à une taxe intégrée aux autres charges foncières, la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (TEOM). L'instauration de cette taxe n'est pas obligatoire, mais quelque 80% des communes y ont recours. Or, certaines associations de défense de l'environnement prétendent que cette taxe ne serait pas "responsabilisante". Lors du Grenelle, ces associations ont donc milité pour que l'on rende obligatoire un système "incitatif", où la taxe serait calculée en fonction de la quantité de déchets produits. C'est ce que l'on appelle la REOM (redevance d'enlèvement des ordures ménagères).
Cette REOM existe depuis longtemps, mais peu de communes y avaient recours jusque-là. Lors de la réunion du mois de décembre, M. Borloo a accepté l'idée que cette taxe incitative serait désormais obligatoire et devrait financer 40% au moins du traitement des déchets sur une commune. Un "comité technique" a été chargé d'étudier les modalités d'application.
Selon Lutte Ouvrière, "l'instauration de cette REOM risque d'être une véritable usine à gaz, car elle suppose de mesurer ce que chaque foyer "produit" comme quantité de déchets ! Cela n'est pas trop compliqué dans les maisons individuelles : il faut alors peser les containers de déchets. Mais cela se complique nettement dans l'habitat collectif, où les poubelles de tout l'immeuble sont regroupées".
Mais surtout, le système de la REOM est jugé (y compris par des associations d'élus) socialement injuste : il ne frappera pas de la même manière les familles nombreuses populaires et les ménages aisés. En effet, ce sont les emballages qui représentent la principale source de déchets ménagers, et c'est dans les hypermarchés et les magasins à bas prix, fréquentés par les couches populaires, que l'on trouve le plus d'aliments emballés, plus que chez les petits commerçants ou sur les marchés. Un point très intéressant qui a le mérite d'être soulevé.
Et LO de conclure : "En réalité, il n'y a aucun choix pour les consommateurs. Ce sont les industriels et les distributeurs qui décident de la manière dont ils conditionnent leurs produits. Ce devrait donc être à eux de payer le traitement des déchets qui en résultent". Bref, la lutte continue...