Déchets : le Syctom et Suez environnement sont attaqués en justice
Le Collectif d'associations 3R (Réduire, Réutiliser, Recycler) s’était encore récemment « inquiété du manque de transparence du Syctom dans la gestion du dossier de reconstruction de l'usine de traitement des déchets d'Ivry-Paris XIII » (voir traitement des déchets à Paris Ivry : 3R/Syctom). A dire vrai, la structure associative n’a jamais vraiment aimé ce projet de centre de traitement des déchet.
Elle a donc déposé un recours en justice au Tribunal administratif de Paris, contre ce marché public (conception, construction puis exploitation de la future usine), remporté par un groupement d’entreprises piloté par Suez environnement (voir Déchets : VInci ne va pas chômer), un marché de 2 milliards signé par le Syctom et une filiale de Suez Environnement en février dernier, pour une durée de 23 ans, fait assez rare pour un marché public.
Les reproches ne manquent pas, à commencer par le coût, qui a progressé d'environ 15%, comparé aux prévisions du syndicat de traitement des déchets ménagers parisien, qui aurait indiqué que la redevance augmentera de près de 3% par an (largement supérieur au taux de l'inflation), le collectif évoquant aussi, les inévitables dérives financières, qu'il estime prévisibles comme pour tous les projets de ce type, tout cela pour « une technologie complètement dépassée » (Cf, les propos tenus par Ségolène Royal le 23 juin 2014 sur France Inter, en réponse à un habitant de Rochefort sur un projet de construction d'un incinérateur et d'un TMB-méthanisation.)
Le défenseur du collectif, Maître Nicolas Gardères, dénonce le fait que « malgré son coût, l’offre finale du candidat retenu est particulièrement faible sur de nombreux points cruciaux, en particulier le traitement des fumées, la prévention et la maîtrise des nuisances olfactives et des risques incendie et explosion. Ce marché viole ainsi le principe d’efficacité de la commande publique ».
Atout cela s'ajouterait que le projet contreviendrait à la directive-cadre européenne de 2008 et au Plan régional d’élimination des déchets, selon lequel « aucune nouvelle capacité d’incinération n'est nécessaire en Île de France ». Pour mémoire, le syndicat de traitement des déchets de l’agglomération parisienne a en effet opté pour le remplacement de l’actuelle UIOM (qui traite 730 000 tonnes annuelles), qui est autorisée à incinérer jusqu’en 2022 (grâce à une prolongation accordée, de 4 ans), par un centre multi-filières composé d’une unité d’incinération (pour 350 000 tonnes annuelles), un tri mécano-biologique (pour 310 000 tonnes annuelles) et de méthanisation dont la capacité serait de 125 000 t/an. C'est le volet incinération qui "donne des boutons" aux membres du collectif, mais pas seulement : s'ils relèvent que « par son volet incinération, ce projet va à contre-sens de l’histoire et des aspirations d'un nombre croissant de Franciliens qui cherchent à sortir de la société du gaspillage des ressources de la planète, par le compostage des déchets organiques, la récupération et le tri-recyclage », il est tout aussi évidement pour le groupement associatif que le Syctom n’a pris en compte ni la baisse constante des déchets sur son territoire depuis 2002, ni les retours d’expérience catastrophiques des usines de TMB-méthanisation (voir sur le site de l'association ARIVEM à Romainville en suivant ce lien).
Pour nous, « le Syctom s'apprête à construire un aspirateur à déchets qui paralysera pour des dizaines d’années les possibilités d’investissements publics dans des alternatives à l'incinération et notamment le tri à la source des bio-déchets (30 à 40% de notre poubelle), qui est un puissant levier de réduction des déchets et des dépenses publiques ».