Déchets : le SMVO passe au tri optique…
Etablissement public, le SMVO a été créé en 1996 : il regroupe 311 communes réparties sur 16 intercommunalités, plus 4 communes indépendantes, soit 490 000 habitants environ.
Le syndicat exerce une mission de service public, telle qu’elle est définie par le Code Général des collectivités territoriales et le Code de l’environnement : le traitement des déchets produits par les ménages demeurant sur son territoire, étant entendu que si ses communes adhérentes lui ont délégué cette compétence, elles ont conservé la charge de la collecte. Dans ses propres installations, le SMVO incinère les ordures ménagères résiduelles en valorisant la chaleur dégagée, trie les déchets recyclables et dispose pour ce faire d’un centre de tri.
Il n’est certes pas vieux, le centre de tri : à peine dix ans (mais sur une conception datant de 1999). Cela étant, en 10 ans, que de progrès techniques et technologiques possibles ont vu le jour afin d’optimiser les cadences et la qualité du tri des déchets…
Aussi a-t-on décidé de rajeunir l’installation afin d’en doper les performances ; le spécialiste de l’automatisation du tri des déchets, Titech, a fourni 9 machines de tri optique sur le site totalement rénové.
Exploité par Sita, via une Délégation de Service Public confiée à la société ESIANE, il a été décidé en 2010, de réaliser une étude d’optimisation, avec l’appui de Eco-Emballages : avec des process de tri peu mécanisés, la capacité de traitement originelle de 20 000 tonnes/an arrive à saturation, les conditions de travail des opérateurs sur les chaînes de tri sont difficiles, et enfin, le coût d’exploitation est une charge pesante pour le budget des collectivités. Des conclusions qui confirment la nécessité d’une rénovation.
« A chaque fois qu’il est question de rénover un outil de production de ce type, les avantages de la mécanisation s’imposent : elle permet d’augmenter la capacité, de réduire les coûts et d’atténuer la pénibilité du travail : bruit, ergonomie des postes de travail…», commente Charles Daridon, directeur commercial de Ar-Val, une société indépendante qui réalise l’étude, la conception, la modernisation et l’installation d’équipements de process et de manutention pour le traitement de tous les déchets ménagers et industriels et particulièrement les déchets issus de la collecte sélective.
Les collectivités adhérentes du Syndicat Mixte de la Vallée de l’Oise veulent passer en mono flux, simultanément à l’ouverture des consignes de tri. En modernisant leur centre de tri, leur ambition est de réaliser des économies sur l’amont et l’aval, à la fois dans la collecte et le traitement.
« En 20 ans, on est passé de 100 kilos à l’heure à 1 tonne de matière triée par opérateur, du 100% manuel à la technologie : l’intérêt de la modernisation des centres de tri n’est plus à démontrer. Mais par contre, elle est à étudier au cas par cas : les investissements ne sont pas rentables pour toutes les capacités de production », explique Daniel Zimmerlin, directeur commercial de Titech. « A compter de 30 000 tonnes de déchets par an, il faut investir 7 à 8 millions dans la refonte du process global, l’équation économique est à considérer de près pour assurer un ROI ».
La décision d’investissement est définitivement prise début 2012.
De février à juin 2012, le nouveau process de tri est conçu ; début août 2012, les machines sont installées et les derniers essais de performances s’achèvent en février 2013.
Force est de constater que ce projet de rénovation a mis tous les acteurs à contribution.
Esiane, filiale de Sita, Délégataire de Service Public du centre de traitement principal de Villers-Saint-Paul, investit 7,7 millions d’euros : ce montant est consacré entièrement à l’évolution des processus, le bâtiment d’origine suffisant à abriter le nouvel outil de production. Ni arrêté préfectoral ou permis de construire, ni travaux de structure ne seront à inclure dans les budgets et le planning. En contrepartie de son implication financière, SITA négocie un allongement de son contrat de Délégation de Service Public, de 2 ans jusqu’en 2019.
Eco-Emballages met la main à la poche à hauteur de 149 771 €, dans le cadre de sa participation au financement de l’expérimentation des nouvelles consignes de tri.
L’Ademe quant à elle, intervient à hauteur de 1 410 430 €.
Titech fournira 9 machines de tri optique, tandis que Ar-Val se chargera de la maîtrise d’œuvre du projet.
Il faut garder à l’esprit que l’extension des consignes de tri inclut les films alimentaires, lesquels « constituent un élément perturbateur. Il est difficile en effet, de traiter ces films plastiques : ils ont du mal à se séparer, s’enroulent, s’infiltrent partout … sans compter qu’ils sont de couleurs et de compositions variées (PP, PVC, PE). Les technologies de traitement sont insuffisantes, encore aujourd’hui… Le tri des films doit donc combiner les tris aéraulique ou balistique et optique, et prévoir un sur-tri manuel… », argumente Daniel Zimmerlin.
Aujourd’hui, l’investissement est pleinement assumé : et pour cause ! Stimulé par l’ouverture des consignes de tri qui réclame plus de capacité, le SMVO s’est engagé pleinement et définitivement dans ce nouveau mode de collecte et de tri ; une chose est sure : le tarif à la tonne sortante (facturé par Sita au SMVO) a baissé de 50 euros / tonne.
« L’extension des consignes de tri voulue par Eco-Emballages, a été présentée comme une "expérimentation" dont il fallait mesurer l’impact, les contraintes et les risques. Mais dès qu’une Collectivité saute le pas, il semble exclu de revenir en arrière », conclut Gilles Choquer, directeur du Syndicat.