Déchets : la Mauritanie interdit les sacs plastiques
En Mauritanie, les sacs plastiques (ou "zazous", comme on les appelle en langue locale) sont massivement utilisés par les commerçants. En moyenne, un Mauritanien en utilise 7 par jour. Faute de conscience environnementale, ils finissent souvent par terre. Résultat : une pollution environnementale et visuelle omniprésente, avec la présence de sachets plastiques dans la panse de 80% des bovins de la capitale ! Il était donc plus que temps de réagir...
Depuis les années 2000, les dangers posés par les déchets plastiques, en particulier les sacs plastiques, inquiètent les experts internationaux. La pollution qu’ils engendrent est préoccupante en raison de leur longévité (100 à 400 ans), de leur toxicité et de leurs multiples incidences négatives sur l'environnement, les écosystèmes et les organismes (faune, flore, milieu marin, pollution visuelle, facteur favorisant les inondations, contamination des sols et nappes d'eau, fumées toxiques, pénétration des plastiques dans la chaîne alimentaire...).
En Mauritanie, la problématique de la gestion des déchets solides n’est encore présente que timidement dans les stratégies de développement urbain des villes du pays. Un coup d'oeil aux rues de Nouakchott, la capitale, suffit à constater l'omniprésence des sachets plastiques dans le paysage urbain. Ils représentent 91 000 tonnes par an, soit 20% des déchets municipaux solides. Seulement 21% des sacs plastiques sont mis en décharge, contre 37% pour l’ensemble des déchets. Il n'existe que 2 CET (Centres d'Enfouissement Technique) sur tout le territoire. Et les chiffres d'une enquête réalisée à Nouakchott parlent d'eux-mêmes : 90% des personnes interrogées utilisent régulièrement des sacs plastiques notamment via les boutiques et les marchés ; les personnes interrogées utilisent en moyenne 7,25 sacs/jour, soit plus de 200 sacs/mois ; 70% des sondés affirment jeter leurs sachets après un premier usage.
En 2007, le Ministère mauritanien de l'Environnement sollicite le Gret (une ONG française de développement) pour l'aider à mettre en oeuvre une stratégie de lutte contre cette pollution multiforme ; le projet Zazou est né. En 5 ans, une filière de collecte et recyclage des déchets plastiques est ainsi créée à Nouakchott et confiée à des femmes qui en tirent des revenus. Toutefois, l'expérience montre que si la création d'une filière de valorisation des plastiques durs est possible, elle n'est en revanche pas viable techniquement et économiquement pour les sachets plastiques. C'est pourquoi le Gret, s'appuyant également sur des expériences déjà menées dans d'autres pays de la sous-région, décide avec les autres acteurs de se concentrer sur la réduction des pollutions à la source (sur 5 ans). Au programme : une concertation élargie avec les acteurs économiques et la société civile ; une écotaxe sur 2 ans (écotaxe) ; à terme, une interdiction partielle ou totale. En parallèle, des campagnes de sensibilisation et de communication sur les dangers des "zazous" permettent l'évolution, au fil de temps, des mentalités et des pratiques.
En juillet dernier, le Ministère de l’Environnement décide d'agir par décret : il interdit l'importation, la distribution, la fabrication et l'utilisation de tous sachets plastiques servant au transport ou l'emballage de produits, avec un moratoire de 6 mois. Des amendes conséquentes de 7 à 2 500 euros sont prévues. Depuis l'entrée en application de la loi, certains commerçants proposent cartons et sacs en papier mais les "zazous" restent présents (marchés...). L'absence d'agents dédiés au contrôle et des habitudes de consommation fortement ancrées, combinées à un manque de solutions alternatives, laissent craindre que l'application du décret soit difficile dans la durée. Le Gret continue donc son appui au travers d'une campagne de sensibilisation sur les dangers des pollutions plastiques (un million de personnes touchées) et d'une campagne de communication sur l'entrée en vigueur de la loi.