Déchets inertes : la Seine-et-Marne en a ras la casquette !
Vincent Eblé, Sénateur et Président du Conseil Général de Seine-et-Marne (77), vient de donner un avis défavorable (suite à la sollicitation de la Préfecture et selon les dispositions du Code de l’environnement) à la demande par la société ECT d’une nouvelle ISDI (Installation de Stockage de Déchets Inertes) sur la commune de Villeneuve-sous-Dammartin. "Ce projet est démesuré. Il représente une capacité 2 fois supérieure à celle du site autorisé à Annet-sur-Marne, qui a déjà provoqué une forte réaction des riverains et élus locaux sous l’impulsion du Département et des associations", explique-t-il...
La société ECT souhaite une exploitation de site d’une capacité totale de 11,8 millions de m3 (soit 23,6 millions de tonnes) pour une durée de 13 ans, à raison d’une quantité maximale annuelle de déchets de 1 900 000 m3 (soit 3 800 000 tonnes). Pour M. Eblé, cette nouvelle demande "met en lumière une accélération des dépôts de dossiers pour des durées de plus en plus longues et des capacités exorbitantes au regard des besoins seine-et-marnais". Il dénonce au passage "la multiplication de demandes visant à contourner de futures prescriptions en cours de négociation pour un meilleur rééquilibrage territorial du traitement des déchets inertes en Ile-de-France".
Le projet présenté est jugé "impensable" dans une zone qui comprend déjà plusieurs ISDI dans un rayon de moins de 10 km. 2 installations sont en effet déjà exploitées : l’une à Moussy-le-Vieux (1,8 millions de tonnes) et l’autre à Mongté-en-Goële (376 000 tonnes). Sans oublier l’autorisation donnée, en janvier dernier, à la société ECT pour l’exploitation d’un site de stockage de 8,5 millions de m3 à Annet-sur-Marne pour une durée de 12 ans. "Cette nouvelle demande démontre qu’il devient de plus en plus urgent de statuer sur le développement des ISDI afin d’accélérer la mise en oeuvre de principes de rééquilibrage territorial en Ile-de-France. Ainsi, je réitère la demande de l’organisation d’une table ronde associant l’ensemble des acteurs concernés dont, notamment, les associations environnementales", indique Vincent Eblé.
S’il ne dispose d’aucune compétence permettant d’imposer une régulation des déchets en Seine-et-Marne, le Conseil Général de ce département demande depuis longtemps un rééquilibrage de la gestion des déchets en Ile-de-France. En octobre 2011, il avait ainsi protesté contre l'évacuation des déchets de la décharge de Limeil-Brévannes (94) vers le centre de Claye-Souilly. Plus récemment, les élus de la majorité du CG avaient vivement contesté en mars 2013 l’extension de 98 hectares de la décharge d’Annet-sur-Marne. A ce titre, le Département avait lancé une pétition demandant, au nom du rééquilibrage territorial, à ce que les nouvelles autorisations de stockage accordées en Seine-et-Marne soient limitées aux besoins du département (voir notre dépêche).
Pour rappel, la Seine-et-Marne accueille déjà la majorité des déchets franciliens. On dénombre 19 installations de stockage de déchets inertes issus des activités du secteur des Bâtiments et Travaux Publics (BTP), qui reçoivent plus de 5 millions de tonnes annuelles, soit plus de 65% des capacités régionales, auxquelles il faut ajouter 2 millions de tonnes contribuant au remblaiement des carrières. Pour plus d'informations, nous vous renvoyons à notre article : Déchets inertes : la Seine-et-Marne ne veut plus prendre de poids !.