Déchets franciliens : prévention... mais encore?
En 2009, le Grenelle Environnement a fixé pour objectif de diminuer de 7% en 5 ans la production d’ordures ménagères et assimilées (OMA). Pour l’atteindre, une réduction moyenne de 25 kg d’ordures ménagères par habitant et par an est nécessaire.
Dans ce cadre, des programmes locaux de prévention des déchets (déployé par un EPCI à compétence déchets ou autre collectivité) ont été mis en place pour territorialiser et détailler des objectifs de prévention des déchets, et définir les actions à mettre en oeuvre.
A ce jour, 64 collectivités (dont Paris), soit plus de 8,5 millions de Franciliens, soit 74% de la population francilienne, ont signé avec la Direction Régionale de l’Ademe un accord-cadre de partenariat pour un programme local de prévention des déchets. Ce faisant, elles ont pris l’engagement ferme d’atteindre l’objectif de 7% de réduction des déchets ménagers. En retour, l’Agence leur refile un financement sur objectifs à hauteur de 8 millions d'euros. A ce compte, ou ce prix, comme on voudra, il paraîtrait que notre région se classe parmi les régions dynamiques en matière de prévention (l'Ademe ne précisant pas qui est lymphatique...)
Les actions mises en place sur le territoire francilien comprennent :
la sensibilisation des publics à la prévention des déchets
les actions éco-exemplaires de la collectivité (événements pauvres en déchets, réduction des fournitures, dématérialisation de la communication, prévention et gestion des biodéchets, prise en compte des critères de prévention dans les marchés publics…)
les actions "emblématiques" nationales (compostage domestique, stop pub, sacs de caisse en plastique: à ce stade, on est peut être dans le comique, car le compostage domestique n'est pas vraiment entré dans les moeurs en Ile de France, car le stop pub n'empêche guère la pub de pénétrer d'office les boîtes aux lettrres, car les sacs de caisse en plastique étaient largement recyclés en sacs poubelles par les ménages... et qu'il aurait été préférable d'éduquer à ne pas les balancer n'importe où, pour ceux qui pratiquent la chose, que de les éradiquer)
les actions d’évitement de la production de déchets (promotion du réemploi, achats responsables, réparation, location, co-achat)… Encore faut-il trouver des réparateurs compétents qui ne vous massacrent pas avec des prix dissuasifs (à titre anecdotique, voir nos petits coups de gueule DEEE : Krups, une histoire fort de café et De la mauvaise conception à la mauvaise volonté, il n'y a qu'un P...)
les actions de prévention quantitative et qualitative des déchets des entreprises qui se doivent au minimum de faire dans "l'éco-tous-azimuts" (éco-production, éco-transport, éco-attitude, éco-distribution, éco-conception), et plus si affinités, en réduisant l’utilisation de produits toxiques, éviter d'utiliser des piles, organiser la récupération de piles et consommables bureautiques, et caetera…
Il va de soi que l'on ne peut être partisans de gaspillages qui flirteraient avec l'indécence.
Comme il est évident que les industriels produisent avec le moins de rebuts de fabrication possible. Parce que le prix de bon nombre de matières augmente sensiblement, que les prix des produits finis destinés au mass market ne peuvent se permettre d'exploser si l'on souhaite avoir ou conserver une clientèle donnée et que le traitement des déchets coûte bonbon.
De la même manière, qu'il est établi que l'on nous vend soit disant à pas cher (parce qu'il faut en changer souvent, ce qui finit par coûter) des produits courants, histoire de nous faire consommer et donc produire des déchets jusqu'à satiété.
A titre d'exemple, on choisira délibérément deux domaines complémentaires qui concernent une belle majorité de consommateurs : la mode change à une vitesse étourdissante, ce n'est pas une révélation. Sauf qu'il n'y a pas que cet aspect des choses pour générer du déchet textile...
Comme il est vrai, aussi, que nombreux sont les vêtements qui vieillissent vite et mal, comme il est facile de constater que nombreux sont cousus bord à bord, sans couture ou presque, de sorte qu'il est impossible de les élargir en cas de besoin. De cette façon, ils finissent vite à la poubelle sitôt quelques kilos embarqués sur les hanches... On jette, on rachète aussi bien... parce qu'ils se défraichississent vite que dans la mesure où on ne peut les réajuster... Idem avec les chaussures : combien sont vendues dont on ne peut même pas changer les semelles? Et lorsque c'est possible, qui aura envie de changer des semelles moyennant 10 ou 20 euros pour des godasses qu'on aura payées 30 ou 40 et qui seront à moitié naze? Poubelle, là encore, et vite fait...
On ne parlera pas des EEE qui tombent en carafe juste après l'expiration de la date de garantie, pour se transformer vite fait en DEEE ; on aurait mauvais esprit...
Alors, au lieu de fustiger les sacs de caisse et de promouvoir des auto-collants qui ne servent pas à grand chose (ne serait-ce que parce que les mômes, qui sont payés pas cher pour distribuer ces documents, n'ont rien à cirer que la boîte à lettres soit auto-collantée), peut-être ferait-on mieux de prôner une meilleure qualité de nombreux produits de grande consommation, et financer des technicités qui permettraient d'allonger la durée de vie de ces produits...
Reste une question... à qui "profite le crime"??? Je vous le demande!... Pas au consommateur-contribuable qui est assujetti à la double peine, dans tous ces cas!