Déchets : Exit les plastiques ?
Une politique « déchets » visant à interdire la décharge aux recyclables
Le message est clair : la Commission devra formuler des propositions rapidement ; l’objectif étant de cesser de mettre en décharge des déchets récupérables parce que recyclables, à l'horizon de 2020. La résolution sera partie intégrante d’une évaluation globale de la politique sur les déchets qui devrait être publiée au mois de mai prochain.
« Le Parlement a montré la voie pour s'attaquer à l'énorme problème de l'impact néfaste des déchets plastiques sur l'environnement et la santé humaine. Aujourd'hui, nous nous sommes prononcés pour changer de mauvaises habitudes et prendre en charge nos produits, de leur production à leur élimination finale », a indiqué le député européen social-démocrate qui a rédigé la résolution du Parlement, Vittorio Prodi.
Déjà, souvenions-nous qu’en novembre dernier, la Commission avait publié des propositions visant à mettre progressivement un terme à l’utilisation des sachets d’une épaisseur inférieure à 50 microns (0,05 millimètre), lesquels étant jugés les plus néfastes sur les écosystèmes.
Les déchets plastiques : une ressource possible et non un fardeau
La secrétaire générale de l'organisation Municipal Waste Europe, Vanya Veras, a d’ailleurs rappelé que ce sont les plastiques les plus légers qui sont le plus difficiles à trier et donc, le plus systématiquement mis en décharge ou destinés à l’incinération pour produire de l’énergie.
On ne s’étendra pas sur les drames connus de la pollution marine et de la menace permanente des sacs plastiques pour les espèces qui évoluent en milieux marins. Or, cette problématique est intrinsèquement liée à des enfouissements non autorisés et pratiqués sans autre forme de précaution dans un certain nombre de pays.
Parallèlement, on ne doit pas négliger dans le raisonnement, la matière en tant que telle, qui ne manque pas de valeur : c’est une ressource possible et non un fardeau, si on la traite correctement de manière à la réinjecter dans l’économie…
« Le plastique est une ressource bien trop précieuse pour être enterré dans des décharges ! C’est l’une des raisons pour lesquelles nous sommes très favorables à un renforcement de la législation européenne sur les déchets, ayant pour objectif de supprimer totalement les déchets recyclables et/ou à haut pouvoir calorifique de la décharge», exprime Karl Foerster, directeur exécutif de PlasticsEurope (dans le communiqué publié par la structure félicitant le rapport).
Il reste que le recyclage des plastiques est insuffisant (25% environ), ce que n’ont pas manqué de relever les parlementaires européens dans leur document, qui indique aussi que des règles mieux adaptées pourraient générer 72 milliards d'euros d’économies par an, tandis que la Commission européenne assure que l’entrée en vigueur de nouvelles règles européennes plus contraignantes en matière de collecte et de recyclage pourrait être créatrice d’environ 400 000 emplois sur le territoire de l'Union.
L'incinération n’est pas dans les petits papiers des eurodéputés
Evitons l’incinération des déchets ; tel est le credo de Vittorio Prodi, sauf bien sûr, dans le cas où toutes les autres solutions ont été épuisées et qu’il ne reste que ce mode de traitement à mettre en oeuvre.
Et d’y aller à grands coups de pelle pour enfouir ce mode de traitement jusqu’aux oubliettes! L’argument ne manquant d'ailleurs pas de piquant puisqu’il paraitrait que l'incinération des déchets pour produire de l’énergie pourrait empêcher le développement du recyclage (oubliant allègrement au passage, que les pays nordiques incinèrent ET recyclent sans que cela altère les performances).
La belle affaire! Il se trouve que recycler quand ce n'est pas économiquement rentable relève de l'ineptie. Et à ceux qui pensent que l'on doit recycler tout, quoi qu'il en coûte, on pourra toujours rétorquer que lorsque les conseilleurs ne sont pas les payeurs, ils peuvent être tentés de raconter n'importe quoi!
La complémentarité doit être de mise. L’incinération doit en effet rester une solution préférable à la mise en décharge, lorsque le recyclage s’avère techniquement/économiquement trop difficile. Ne serait ce que parce qu’on a besoin d’énergie et que la production à partir de déchets limite la dépendance au pétrole et autres énergies fossiles.