Déchets et recyclage du bois : comment mieux recycler les cagettes?
Piloté par Emmanuel Naudin, chargé de mission auprès du Siel, ce travail a permis d'établir 300 contacts, de réaliser des expertises, des essais et près de 80 diagnostics, qui ont donné lieu à une synthèse, un guide de 40 pages, intitulé 'Optimisez le recyclage et la valorisation de vos cagettes bois', véritable outil pratique pour qui veut valoriser ou mieux valoriser ces déchets. « Il répond en tout cas, à une demande forte des représentants, des utilisateurs potentiels, et des financeurs, étant entendu par ailleurs qu'il était impératif que chacune des catégories d’utilisateurs identifiées (collectivité, marché de gros, plateforme logistique, plateforme de reconditionnement, hypermarché, magasin de centre-ville, magasin spécialisé frais ou bio, restaurant, traiteur, camping, société de collecte de déchet ou de recyclage) puisse s’en saisir et se l’approprier, pour avancer au plus vite sur un sujet qui généralement ne mobilise pas un temps important», expose Emmanuel Naudin.
De fait, le gisement des cagettes en bois est estimé à 150 000 tonnes en France dont 42 000 générées uniquement par la grande distribution (hypermarchés et supermarchés, plate-formes logistiques). Les emballages en bois représentent 18% du gisement total des emballages en France, toute origine confondue (ménagers, commerciaux et industriels), dont 2% sont reconductibles à l’emballage léger.
« Il y a encore quelques années, nous pouvions compter sur des producteurs de fruits et légumes locaux qui venaient récupérer nos cagettes afin de les recycler eux-même sur leurs exploitations. C'en est quasi terminé de ces pratiques... « Les cagettes bois ont une saisonnalité ; elles sont produites majoritairement durant la saison des fruits et melons, de juin à septembre. Le flux de cagettes est alors élevé : jusqu'à 8 palettes de cagettes peuvent sortir du magasin les samedis de forte affluence. La prise de contact avec le SIEL nous a été bénéfique puisque l'aide apportée par son chargé de développement nous a permis de prendre les décisions appropriées compte tenu de sa bonne connaissance du déchet bois », certifie Florence Corbin Responsable Environnement à Auchan Le Mans (La Chapelle St-Aubin). Le ton est donné : on a beaucoup à faire pour modifier la donne, la conférence de présentation du guide ayant mis en évidence le nombre de cas de figures différents, et la quasi impossibilité de proposer un modèle unique...
Pour réaliser ce travail de fond, le syndicat s’est fait accompagner par un pool d’experts (composé de représentants de l’Ademe, de Perifem, en charge notamment des problématiques techniques pour le compte de la grande distribution, de Federec, et de France bois forêt, qui défend les intérêts de la filière bois). Si les parties prenantes sont toutes convaincues que le bois, et donc ces cagettes, constitue un matériau renouvelable, valorisable, tout autant que recyclable, qu'il est apprécié par une large majorité de consommateurs, en coulisse, on ne peut que regretter d'avoir à constater que les professionnels ne savent pas toujours quoi faire avec ces déchets, avec en conclusion qu'il pose problème, faute de savoir quoi en faire et où le transférer en vue d'une valorisation effective et efficace. Le fait est que le tri fait souvent défaut : les cagettes sont mixées avec toutes sortes d'autress déchets, tels que papiers, plastiques, et déchets fermentescibles, ce qui ne favorise pas le rendez-vous avec les recycleurs, qui exigent un tri soigné afin de récupérer des déchets de même nature, non souillés, le nec consistant à ce qu'ils soient compactés, pour en réduire les volumes.
Le document a le mérite de poser à plat les problématiques, les questions et de fournir des solutions, qui peut aller du diagnostic d’un gisement, au choix de la technique à mettre en place en vue d'un compactage, en passant par une liste très intéressante de tableaux indicatifs quant aux prix à supporter par le détenteur des déchets qui souhaite s'en débarrasser, puisque se défaire de déchets (même valorisables) engendre toujours un coût pour l'industriel ou le commerçant distributeur. Ce que l'on constate en tout cas, est une grande disparité des tarifs pratiqués pour la reprise des balles de cagettes, par les recycleurs : 20 euros la tonne pour le MIN d'Angers, 6 euros la tonne pour celui de Bordeaux.
« La Sominval est dans une démarche active d'amélioration de tri et de gestion collective des déchets sur le MIN d’Angers, notamment auprès des opérateurs du pavillon des fruits et légumes. Nous constatons une augmentation des flux de cagettes liée à la fois à l’activité de nos grossistes en fruits et légumes et aux acheteurs qui ramènent les emballages vides sur le MIN. C'est pourquoi nous avons décidé de mettre en place un nouveau compacteur destiné aux cagettes. Plus rapide et plus facile à gérer pour l’agent en charge du tri des déchets, les balles de cagettes permettent un important gain de place et une baisse significative des rotations de bennes. Ce nouveau pas vers plus d’efficacité a été possible grâce à un diagnostic réalisé par le SIEL : le compacteur à cagettes a été mis en place courant juin 2018 pour un essai de 4 mois que nous souhaitons transformer. L’objectif est à la fois d’être vertueux, mais également économique (gain de temps pour le personnel et optimisation des rotations) », témoigne Franck Bourasseau, Directeur du MIN d'Angers (Sominval)
« La collecte et la valorisation des cagettes est désormais un enjeu d'importance ; afin d’appréhender au mieux cette problématique, le MIN de Bordeaux a pu tester une solution adaptée à son fonctionnement avec l’utilisation de compacteurs rotatifs. Le SIEL a mis à notre disposition, trois machines pendant le deuxième semestre 2016 : leur simplicité d’utilisation, le gain de place et de temps ont permis d’optimiser la collecte et la valorisation des cagettes, avec notamment une réduction de plus de 30 % du nombre de rotations, de 28% pour les frais de transport, et bien évidemment une baisse sensible de la facture liée à l'élimination des déchets, par rapport au compacteur monobloc précédemment en place. Le SIEL a également porté son assistance pour l’étude des solutions logistiques d’évacuation des broyats afin de pouvoir définir celle qui est la plus adaptée au site et au flux produit. Après l’expérimentation, la Régie s’est dotée du matériel testé qui donne toujours satisfaction », expose à son tour, Pierre Pichardie Directeur du MIN de Bordeaux-Brienne.
« Même s'il est difficile de proposer des modèles uniques, car les situations sont très hétéroclites, à chaque cas correspond une réponse adaptée... Il reste que dans bien des cas, nos interventions ont permis de réduire les frais générés par la gestion des déchets », détaille Emmanuel Naudin.
Les contraintes sanitaires, la hausse de la part du transport dans cette organisation a vu réduire le nombre de producteurs intéressés par cette méthode de recyclage, résume pour sa part, Olivier Raffaud, Responsable Qualité et Environnement chez Leclerc à St-Médard en Jalles.
« Nous avons alors pris le parti, compte tenu du rapport poids / volume d’utiliser le compacteur DIB comme exutoire de nos cagettes. Nous avons constaté que cela avait une incidence importante sur l’optimisation de ce compacteur. En effet, la cagette ressemble au plastique lorsqu’elle est dans un compacteur à déchet. Son élasticité augmente le volume pour des poids très faibles. D'où la décision de changer de méthode. Grâce à l’intervention du SIEL et son expertise autant technique que financière, nous avons pu modifier notre traitement de la cagette bois. Le prêt d’un compacteur rotatif (outil que nous connaissions déjà pour le compactage du plastique souple) a permis de se rendre compte du volume réel que représente les cagettes dans nos déchets. Nous pouvons aujourd’hui extraire de nos DIB une quantité variant de 8 balles de cagettes par mois en période d’hiver (2 t/mois) à 16 balles par mois (4 t/mois) en période estivale.
Ce tri a permis de supprimer 4 rotations du compacteur DIB par mois, de diminuer le poids du DIB à raison d’environ 250 kilos la balle de cagettes et de faire baisser par trois le cout de traitement de ce déchet. De plus, au-delà de l’aspect économique, notre magasin maintien son engagement dans la réduction des déchets et l’amélioration de la valorisation par le tri »...
Pour conclure, Olivier de Lagausie, délégué général du Siel a émis le souhait que ce travail de fond permette de consolider le rapport des producteurs de fruits et légumes, mais aussi des intermédiaires, avec la cagette en bois ; c'est là une des conditions pour le développement du gisement en France, ce qui permettra finalement « de réduire encore les coûts liés à la valorisation ».
Pour accéder au guide sur le recyclage des cagettes, cliquer ICI